Urban Sax a inauguré la salle des fêtes de Saint-Pierre-des-Corps, hier soir, mais à sa façon : un carnaval baroque en son et lumière, version interplanétaire.

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La salle des fêtes est bien vivante. Elle a poussé ses premiers cris, hier soir, quand les cinquante extra-terrestres d'Urban Sax, rayonnants sous leurs combinaisons aux reflets métallisés, ont investi les lieux. Les uns tombent du ciel, les autres arrivent en carnaval par la voie terrestre et républicaine, entraînant la foule répandue sur le parvis. Dans l'antre de l'édifice, le chœur des cuivres fait résonner la salle comme une nef d'église vibrant d'un choral. Ils sont partout, leurs chorus retentissent en vagues profondes auréolées d'embruns lyriques quand les voix humaines répondent aux instruments diaboliques.
Dans leurs accoutrements chamarrés de plastique, musiciens, chanteurs, danseurs et acrobates pénètrent les rangées de spectateurs ébahis traversées de lasers turbulents, éclaboussées de lumières bleu métallique, vieux rose, ocres ou mauves. A la danse se sont mêlés quelques élèves de l'harmonie municipale qui n'hésitent pas à faire les clowns. Ils ne l'oublieront pas, cette soirée !
Spectacle à 360 degrés
Vient le concert-spectacle à 360 degrés quand les groupes se figent. On ne sait plus où donner de la tête, la musique vient de partout. La scène est parée comme pour une opérette avant-gardiste, mais les danseuses n'y sont pas techno. Les corps bougent ainsi qu'en Afrique ou en Inde, pulsés par des rythmes lancinants, caressés d'accords fulgurants. Mouvements et jeux de lumière invitent à l'ivresse de la musique répétitive, dans une féerie baroque.
La salle des fêtes est bien lancée quand les saxos simulent la sirène : et vogue le navire...
Alain Nordet, La Nouvelle République, 17 et 18 décembre 1994