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Billet de blog 4 avril 2013

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Le président doit tailler dans le lard

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Au-delà de la fraude commise par Jérôme Cahuzac, au-delà de ses mensonges liés à la découverte de cette fraude, il est l'heure de passer au bilan politique de cette affaire.

En remarquant d'abord d'où vient Cahuzac : entouré de personnages troubles d'extrême droite, proche de DSK avant de se rallier opportunément à Hollande, le moins que l'on puisse affirmer c'est qu'il n'a rien d'un socialiste (au moins au sens où je l'entends). En examinant ensuite son parcours professionnel. Après avoir été conseiller d'un ministre socialiste de la Santé, il n'a pas hésité (comme beaucoup d'autres, certes, mais ça ne l'excuse pas au regard de l'étiquette politique qu'il prétend porter) à se servir de son action passée au service de l'Etat pour s'enrichir personnellement auprès de laboratoires pharmaceutiques privés dont on connaît la propension à arroser largement tout ce qui peut servir leurs intérêts.

Je n'ose même pas imaginer les nouvelles découvertes que vont demain pouvoir faire la justice et la presse sur les montants des rémunérations occultes qu'il a pu toucher. Si j'ai bien compris, à peine sa mise en examen est-elle prononcée que l'on spécule déjà sur le côté « ridicule » des 600.000 euros avoués par Cahuzac. Mais maintenant, c'est son problème et je n'en ai plus rien à faire.

En revanche, il reste quantité de problèmes à régler au plus haut niveau de l'Etat. Le président de la République aurait dû être mieux conseillé sur la communication en situation de crise. Lors de son intervention télévisée mercredi, il a bien sûr reconnu la gravité des faits reprochés à son ex-ministre (c'est le moins qu'il pouvait faire) et il a promis trois mesures qui devront s'appliquer à l'avenir. Donc, on reconnaît la faute, on annonce des mesures pour éviter que cela se reproduise, mais on oublie les sanctions qui doivent être appliquées pour la faute commise. Si on ne le fait pas, ça retombe inévitablement sur le patron. Appliquer les sanctions, c'est ce qu'on appelle le « principe du fusible ». Et, en l'occurrence, il y a au minimum deux fusibles qui peuvent « sauter » si le président ne veut pas que tout le reste de son quinquennat soit pourri par cette affaire Cahuzac. Ils s'appellent Jean-Marc Ayrault et Pierre Moscovici.

La seule démission de Cahuzac ne suffit bien évidemment pas : d'une part parce qu'elle est intervenue avant « l'officialisation » de la faute, d'autre part parce que son ministre de tutelle et le premier d'entre eux ont tous les deux fait preuve d'une grande légèreté, signe d'une inexpérience de la gestion de l'Etat au plus haut niveau. Que Moscovici ait été ou non instrumentalisé par Cahuzac suite à l'enquête a minima faite à sa demande auprès de l'UBS, peu importe. Qu'il se défende aujourd'hui de ne pas avoir fait une enquête « parallèle » qu'on lui aurait reprochée, peu importe aussi. J'ai même envie de dire qu'il aurait mieux valu une enquête parallèle efficace plutôt qu'une enquête officielle qui n'a fait que servir la défense de Cahuzac. L'enquête « parallèle » aurait su démontrer les agissements de Cahuzac et il aurait été viré dès le mois de décembre. En agissant ainsi, Moscovici a été au mieux naïf, au pire il s'est rendu complice de Cahuzac.

Jean-Marc Ayrault, au final, est responsable lui aussi de cette situation, c'est le patron!

Je ne vois donc pas comment le président de la République peut se sortir de cet embrouillamini sans tailler dans le lard. La droite et l'extrême droite le lui demandent aujourd'hui, demain (et même pour certains dès maintenant) ce seront les députés de sa majorité qui le lui demanderont. Si ça tarde trop, l'ambiance délétère dans laquelle vivent le gouvernement et la majorité va singulièrement se dégrader, et ça, ce n'est vraiment pas bon. Pour personne!

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