La présence commune des deux présidents aux cérémonies du 8-Mai peut certes être interprétée comme un modèle de ce que doit être une démocratie. Mais il me semble que c'est porter là un regard un peu naïf et réducteur sur la vie politique française. Cette image pourrait donner le sentiment que, le combat électoral terminé, tout est effacé, oublié; on repartirait à zéro...
En fait, si l'on en restait à cette image, c'est un peu comme si l'on mettait un couvercle sur la marmite dans laquelle ont cuit bien souvent, pendant cinq années, des aliments aux relents nauséabonds. D'un clic d'appareil-photo, un peu à l'image de l'ardoise magique, tout disparaîtrait. Finies, les affaires; finis, les soupçons de financement de la campagne de 2007 par la Libye; finis, les affaires Bettencourt, l'appartement de Neuilly, etc., etc.
Les Français sont peut-être nombreux à se "contenter" de cette image dont ils peuvent considérer qu'elle grandit notre pays, mais je ne suis pas certain que si l'on en restait là, la démocratie en sortirait grandie. Si le nouveau gouvernement n'allait pas au bout des enquêtes - multiples ! - déjà en cours et sans aucun doute des autres à ouvrir, l'image de ce 8-Mai, surtout autour de la tombe du Soldat Inconnu, serait, non pas un symbole de réconciliation, mais au contraire une trahison du peuple français.
Autant l'on peut comprendre qu'une pause s'installe en cet instant de commémoration, autant la mise en scène qui l'accompagne me rend suscpicieux sur le sentiment qui a conduit ces deux hommes à l'observer de concert.