Installé depuis six mois à l'Elysée, François Hollande devient véritablement président de la République aujourd'hui. Son discours d'Alger est celui d'un homme d'Etat.
Enfin! Enfin, Hollande est président. Enfin, la France reconnaît la dureté et l'injustice de la colonisation telle qu'elle a été pratiquée en Algérie.
C'est certes un acte de courage de faire cette déclaration, mais c'est surtout une nécessité absolue. Peu importe qu'elle arrive un demi-siècle après l'indépendance de l'Algérie. C'était peut-être le temps nécessaire.
Dorénavant, il faudra que toutes les acteurs encore vivants de cette période de l'histoire comprennnet et acceptent, non pas une quelconque forme de repentance, mais un établissement officiel de ce qu'a été l'histoire de nos deux pays. Je pense plus particulèrement aux pieds-noirs qui ont quitté l'Algérie en 1962 et aux harkis. Les premiers n'ont pas tous eu (et loin de là!) un comportement détestable. Les seconds ont cru au pays qui les avait colonisés, ils ont ensuite été trahis.
La vérité historique implique, en parallèle, que l'on reconnaisse les massacres qui ont accompagné les débuts de la colonisation, à cette époque où les autorités françaises encourageaient la destruction pure et simple des indigènes rebelles. Cette même vérité historique implique aussi que rien ne soit caché de la période de lutte pour l'indépendance, des deux côtés. Il y a eu des massacres commis par le FLN, tout comme il y en a eu, ici en métropole ou là-bas en Algérie, qui l'ont été par les militaires ou les policiers français.
Cette vérité, après le discours de François Hollande, ne permettra à nos deux pays de faire enfin une paix sereine que si elle aboutit à l'ouverture des archives des deux côtés de la Méditerranée. Tout doit être éclairci, dit, écrit. Sans esprit de revanche. Sans arrière-pensée. Sans alimenter les polémiques que ne manqueront pas de susciter les opposants à ce rapprochement, à cette vérité. Des hypothèses, des thèses vont se vérifier. Aussi difficiles seront-elles à accepter, il faudra les inscrire dans l'Histoire.
La France et l'Algérie ont vraiment tout à gagner de l'acte courageux qui a été fait aujourd'hui par le président de la République.