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Billet de blog 10 février 2025

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Milei MAGA Make Argentina Great Again

Déjà un an pour la présidence Milei en Argentine. Sont donc possibles et nécessaires vue l'importance de l'Argentine, un bilan et une analyse de la politique menée par ce président atypique qui se dit libertarien, que l'on classe en Europe à l'extrême droite de l'échiquier politique ou dans le camp des populistes de ce premier quart du 21ème siècle.

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Un éphémère ministre des finances français a un jugement très particulier du Président Milei et de son action politique:" Le cas argentin mérite d'être évoqué. Il y a les prises de position publiques, les décisions inquiétantes, le renvoi de fonctionnaires de manière illibérale. Ce n'est pas démocratique mais ce n'est pas indissociable de la politique menée. Baisser les dépenses publiques, les normes et les impôts favorise l'activité, diminue l'inflation. Telle est la leçon économique de l'Argentine. Si par idéologie on ne voit plus la réalité, on est cuit". 

Certains analystes mettent en parallèle le chantre du libéralisme politique, Tocqueville, défenseur de la liberté individuelle et de l'égalité et le président élu de la 3ème puissance de l'Amérique latine. Partant de l'idée que le libéralisme politique est lié au libéralisme économique.

Un présentateur vedette d'une chaine d'infos  demande à ses confrères et consoeurs des médias français de faire leur mea culpa quant au traitement de l'Argentine et de son président:" C'est vrai qu'au départ, on était tous à se dire que c'est un dingue". "Les médias français ont quand même observé avec une certaine condescendance l'arrivée au pouvoir de cet homme".

Les idées de Javier Milei  après un an de pouvoir viennent d'être réaffirmées au forum de Davos. Milei s'y est présenté en rappelant sa solitude, il y a un an devant ce même forum, "n'étant pas un homme politique, n'ayant aucun soutien législatif, aucun soutien du monde des affaires ou des médias". Et de citer en cette année 2025, après avoir affirmé "je ne suis plus seul": Elon Musk, Georgia Meloni, Nayib Bukele au Salvador, Orban, Netanyahu, Trump.

Qu'a dit le président argentin à Davos?

-"Le temps du changement frappe à la porte. Les règles sont réécrites. Des fissures dans l'hégémonie mondiale de la gauche sont apparues. Il faut continuer à détruire le wokisme malsain, ce virus mental de l'idéologie woke".

-"L'Occident représente l'apogée de l'espèce humaine avec son héritage gréco-romain, ses valeurs judéo-chrétiennes. Face à l'absolutisme le libéralisme a inauguré une nouvelle ère: la liberté individuelle au-delà des caprices du tyran, le respect de la vie, la propriété, le libre-échange, la liberté d'expression, de religion".

-"Jusqu'en 1800 le PIB mondial par habitant est constant ou presque. Au 19ème siècle avec la révolution industrielle le PIB par habitant est multiplié par 20 et 90% de la population mondiale sort de la pauvreté alors que la population est multipliée par 8. Nous avons inventé le capitalisme sur la base de l'épargne, de l'investissement, du travail, du réinvestissement".

-"A un moment du 20ème siècle nous nous sommes égarés. Le 20ème siècle est caractérisé par "une nouvelle classe politique, une idéologie collectiviste,  la richesse  redistribuée par un plan centralisé. La justification étant l'idée injuste de justice sociale". "Des choses dérisoires, comme l'accès à internet, au football télévisé, aux soins esthétiques, et une foule d'autres désirs ont été transformés en droits fondamentaux, que quelqu'un doit payer". D'où "l'expansion infinie de l'état".

-"Le féminisme radical est une déformation du concept d'égalité, puisque l'égalité devant la loi existe en Occident"

-"La préservation de notre planète est une question de bon sens mais nous sommes passés à un environnementalisme où l'homme est un cancer qu'il faut éliminer".

-"L'idéologie du genre constitue une véritable maltraitance des enfants". Avec "des dommages irréversibles pour des enfants en bonne santé par des traitements hormonaux et des mutilations".

- "Nous sommes passés à une immigration de masse motivée non par l'intérêt national mais par la culpabilité. L'Occident doit se racheter en ouvrant ses frontières".

-"Après la chute du mur de Berlin, les pays libres ont commencé leur autodestruction au moment où ils n'avaient plus d'adversaires en face d'eux".

- "Quel type de société veut le wokisme? Une société où il n'y a que 2 sortes de personnes, ceux qui paient les impôts et ceux qui bénéficient de l'état".

- "Le marché est un mécanisme de coopération sociale où les droits de propriété sont échangés volontairement".

Après cette déclaration qui n'est pas passée inaperçue au forum de Davos, le 5 février c'est l'annonce du retrait de l'Organisation Mondiale de la Santé, actée par le gouvernement argentin, avec l'accusation de crime contre l'humanité dû à la catastrophe économique provoquée par les confinements de la Covid-19, avec "ces écoles fermées, ces milliers de travailleurs sans revenus, ces faillites d'entreprises, de PME et malgré tout ces 130000 morts".  Milei remet en cause le rôle des "organisations supranationales financées par tous, qui ne remplissent pas les objectifs pour lesquels elles ont été créées". En septembre de l'an dernier à la tribune de l'ONU, il avait critiqué l'Agenda 2030 "avec ses objectifs de développement durable et de protection de l'environnement".

Il s'agit donc bien en Argentine d'une remise en cause totale de la politique et de l'économie en un peu plus d'un an. Paroles et actes dans un pays, en 2023, en grave crise politique, financière, sociale qui entrainent automatiquement des conséquences visibles dans la vie quotidienne et dans les grands équilibres et structures du pays.

-Après un record d'endettement, les réserves sont reconstituées.

-Dévaluation de 54%.

-Baisse des dépenses de plus de 20%

-Premier excédent budgétaire depuis 15 ans.

-Hausse de la Bourse de 173% en 2024.

-Prévision de croissance de 5% cette année.

-Inflation jugulée. En 2023 211,4%, en 2024 117,8%. Hausse des prix en novembre +2,4%, en décembre +2,7%

-fin du financement monétaire.

-Fin de la récession avec une reprise des exportations minières et agricoles, une forte baisse des importations, une production industrielle en hausse.

-Baisse du pouvoir d'achat des salaires et des retraites dans un premier temps, avant un redressement. Et reprise de la consommation privée.

-Investissements qui souffrent de l'absence de visibilité à long terme. Investissements étrangers moins importants que prévus avec le contrôle des capitaux.

Dès son arrivée au pouvoir Javier Milei a voulu appliquer un programme économique ultralibéral et donner à l'état un rôle a minima. Réduction des dépenses publiques, des impôts, privatisations, dérèglementation des marchés, nombre des ministères divisé par2, investissements étrangers dans les ressources nationales (gaz, pétrole, métaux rares). Ce qui a entrainé au départ une contraction du PIB, une baisse de la consommation , une détérioration des infrastructures hospitalières, le développement de l' économie informelle, un plus grand nombre de personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté, une hausse des prix du gaz, de l'eau, de l'électricité, des transports publics.

Au plan politique, aux dires des analystes, si rien n'est véritablement fait, outrepassant la constitution, les avis sont très partagés. Le président agit avec l'utilisation du droit de veto, des décrets de "nécessité et d'urgence"; il se donne le pouvoir de légiférer. Or disent les critiques "la constitution est conçue pour l'alternance pas pour un leadership messianique". Ce leadership donne l'impression de rejeter le pluralisme et de mépriser les avis contraires. Il a réduit le financement public de la presse, mais les réseaux sociaux interviennent largement.  Milei n'est pas le premier phénomène autoritaire en Argentine mais...

A suivre donc...

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