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Billet de blog 13 février 2025

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La déflagration ukrainienne

La guerre en Ukraine est un drame sanglant pour ce pays. La déflagration ukrainienne se fait sentir en Eurasie, en Union Européenne, en Afrique.

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Les relations internationales s'aggravent . La multiplication des périls  dans le monde est patente. Et alors que l'Ukraine entre dans sa 4ème année de guerre destructrice, la déstabilisation des pays de la zone du conflit ukrainien s'accentue. Les pays européens en voisinage avec la Russie sont en situation d'attente inquiète. Le président Trump et le président Poutine s'engagent dans des conversations bilatérales pour la résolution  du conflit ukrainien. Ce qui laisse présager des lendemains qui ne chantent pas. Vladimir Poutine fustigeant toujours les occidentaux  accusés de néo-colonialisme, parangons de l'anti-Russie et voulant regrouper les états dits "du sud", "la majorité mondiale", pour la désoccidentalisation du monde.

Etat des lieux pour ne pas oublier l'étendue de la déflagration ukrainienne.

Depuis 2014 et l'annexion de la Crimée, par la Russie, les ukrainiens vivent un drame qui s'accentue chaque jour par des destructions, des morts, une vie éclatée. Pour beaucoup d'observateurs, l' arrêt des hostilités, dont on parle ces jours derniers, permettant de soulager la population ukrainienne, ne veut pas dire une issue positive de la guerre.  Surtout si le cessez-le-feu s'accompagne de l'arrêt de l'aide américaine décidée par Donald Trump.

Actuellement les oblasts de l'est de l'Ukraine annexés par la Russie, ne sont pas totalement contrôlés par l'armée russe. Les progrès russes existent , mais ils sont limités. On peut donc parler de stabilité du périmètre du territoire ukrainien occupé par la Russie. On est loin de la volonté de Vladimir Poutine, au déclenchement de l'invasion russe, de s'emparer de Kiev et des grandes villes du pays. La pseudo "dénazification" rapide du pays a fait long feu. Il y a certes eu échec de la contre-offensive menée par l'état-major ukrainien en  été 2023, mais les résistances tiennent partout sur le territoire.

Ainsi un arrêt des combats sans accompagnement et accord en profondeur, permettrait à l'armée russe de se "refaire une santé".

Et que dire de l'impact de cette "guerre néo-impériale", sans solution  garantie pour le long terme , sur les pays voisins immédiats que sont la Géorgie, et la Moldavie qui ont vu, après leurs demandes faites à l'U.E., une accélération des procédures d'adhésion.

La Moldavie a choisi par référendum l'adhésion à l'U.E. mais la désinformation, les cyberattaques, la corruption organisées par le Kremlin, fonctionnent à plein régime. La peur de la guerre possible sur leur sol  taraude bon nombre de moldaves. Sans oublier la Transnistrie moldave contrôlée d'ores et déjà par les russes.

Le temps est loin (2008) où le président français Nicolas Sarkozy avait fait reculer Vladimir Poutine face à son intention d'envahir la Géorgie toute entière. Aujourd'hui la Géorgie est en crise avec 2 régions  séparatistes, Abkhazie, Ossétie du Sud, contrôlées également par les russes. Le pays vit au gré des manifestations en continu contre le pouvoir du "Rêve géorgien" qui a fait  adopter, une loi contre les "agents de l'étranger", conforme à une loi identique votée par la Douma russe. Les négociations pour l'adhésion à l'U.E. ont été suspendues par le gouvernement. La présidente géorgienne Salomé Zourabichvili résiste aux  politiques pro-russes, mais pour combien de temps?

Une analyse géopolitique  en profondeur fait apparaitre plusieurs points incontournables. Il faut en tenir compte pour éviter toute simplification hasardeuse au moment où l'on parle fin des hostilités.

Si l''identité nationale ukrainienne est un fait indubitable ne nécessitant aucune démonstration supplémentaire, les pays que l'on peut appeler "occidentaux" connaissent depuis quelques mois des fissures dans leur cohésion initiale. Et ceci sans parler de la non élection de la vice-présidente de Joe Biden , Kamala Harris, qui a rebattu les cartes diplomatiques. Mais la Russie est loin d'être une puissance militaire vigoureuse (si ce n'est par sa possession indubitable d'un  fort armement atomique). Pour preuve  son accord de novembre 2024 avec .... la Corée du nord. L'Iran son alliée est affaiblie au Proche-Orient. La Chine  reste toujours très mesurée et ne souhaitant pas être dépendante de la Russie pour les hydrocarbures.  On notera également que l'Inde, alors que la Russie réunissait en octobre 2024 le Sommet des BRICS à Kazan, participait au même moment à un Sommet du Commonwealth. 

Les opinions publiques ont tendance à croire que les sanctions internationales prises contre la Russie ne sont d'aucune utilité. Ce qui d'ailleurs arrange bien les autorités russes qui veulent montrer que tout va bien à l'intérieur du pays. Certes les échanges économiques avec la Russie existent toujours. Les blocus dans l'histoire contemporaine n'ont jamais été imperméables à 100%. Certes l'Asie centrale est "une plaque tournante du contournement des sanctions". Mais le contournement est largement insuffisant pour un pays de plus de 140 millions d'habitants.  Le gel des avoirs russes est effectif et très embarrassant. L'interdiction de l'importation des semi-conducteurs indispensables à une économie moderne est effective et destructrice. Le contournement est aussi coûteux face à des fournisseurs dont les appétits sont aiguisés. Des avions sont à l'arrêt, des raffineries sont à l'arrêt....

Les jours qui viennent vont être décisifs. Tous les observateurs le disent. Que serait un  accord à 2, entre les USA de Trump et la Russie de Poutine sans tenir compte des intérêts vitaux de l'Ukraine, en s'appuyant sur le malheur insondable de la population qui attend l'arrêt du désastre quotidien? La Russie conduite par Vladimir Poutine a toujours en tête la reconstitution de l'empire soviétique regretté. L'Occident démocratique est toujours l'ennemi à combattre. Il suffit pour prendre la mesure de cette thèse expansionniste, d'analyser les actions menées en Afrique depuis quelques années. Actions qui s'amplifient de jour en jour: au ministère des Affaires étrangères de  Sergueï Lavrov, un département entier dédié aux pays africains; R.T. et Sputnik interdits en Europe mais en partenariat effectif avec des médias africains, des agences de presse ; formation intensive de professionnels des médias; centres culturels, manifestations culturelles, tournois culturels, "maisons russes", échanges entre universités; entrepreneurs d'influence bien implantés; trolling généralisé. L'Afrique francophone est touchée mais aussi l'Afrique anglophone et l'Afrique lusophone.

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