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Billet de blog 19 juillet 2022

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CELA FAIT LONGTEMPS QUE LE VENEZUELA N'EST PLUS UN MODELE

Le Venezuela semblait être inspirant il y a quelques décennies. Aujourd'hui ce n'est plus le cas

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Le Venezuela c'était, dans les années  80-90, les hydrocarbures, un développement rapide, des inégalités très fortes à corriger. Aujourd'hui c'est un pays pauvre tout simplement.

La manne pétrolière a favorisé Hugo Chavez au pouvoir de 1999 jusqu'en 2013. Il a pu mettre en place plusieurs programmes sociaux qui ont permis dans un premier temps de réduire la pauvreté entre 2003 et 2010 ( constructions d'écoles, logements gratuits, subventions généralisées).

Mais aucune diversification économique n'a été entreprise pendant cette période. Un système "socialiste" rigide s'est mis en place. Désinvestissements massifs dans des secteurs qui auraient permis de modifier la donne, infrastructures pétrolières en retard de modernisation, ont précipité la crise économique et sociale, qui a atteint son paroxysme avec l'arrivée au pouvoir du dauphin de Hugo Chavez, Nicolas Maduro.

Le pays s'est alors caractérisé par une production et une exportation de pétrole très aléatoire  fluctuant en fonction des cours mondiaux, une inflation galopante, un effondrement de la monnaie. un salaire minimum  ne pouvant absorber la hausse des prix des produits de première nécessité. Actuellement un pourcentage important d'enfants est en situation de malnutrition chronique ; des retards de croissance s'ensuivent. Et un habitant sur 3 est en insécurité alimentaire.

L' émigration est devenue massive. On parle de 4 à 5 millions de personnes ayant quitté le pays.

Les autorités dénoncent les sanctions internationales et étatsuniennes, prises contre le gouvernement accusé de dictature et de museler l'opposition .Juan Guaido jeune président de l'Assemblée nationale du pays, arrêté en 2019 et victime de poursuites judiciaires a assombri l'image du gouvernement "bolivarien".

La corruption dans un état corseté par le parti gouvernemental, l'insécurité endémique s'ajoutent à la crise générale.

La situation du secteur de la santé vénézuélienne est malheureusement emblématique de la dégradation générale, non pas par le fait d'une guerre ou de catastrophes naturelles mais par les décisions des gouvernants, aux dires des opposants.

Malgré l'opacité officielle entretenue , des informations fuitent, venant des organisations non gouvernementales.

L'espérance de vie, qui avait progressé pendant 3 décennies, a perdu 3 ans et demi.

Le  manque de vaccins pendant la crise du Covid a été patent. Seuls ont  pu être achetés les vaccins russes et chinois. La  pénurie de médicaments est le lot quotidien des habitants. L'arrestation de médecins considérés comme opposants s'opère sous des prétextes divers, comme les vols de matériel et de médicaments dans les hôpitaux.

Les décès des nourrissons ont augmenté. Les avortements par manque de mise à disposition de contraceptifs et de préservatifs ont augmenté.

Les cas de maladies cardiovasculaires et les diabètes se multiplient.

Des maladies qui avaient été contenues jadis, reviennent, comme le paludisme et la tuberculose.

Sur le continent sud-américain les dépenses de santé représentent en moyenne 4 à 5% du PIB, 1,7% au Venezuela.

Un très grand nombre de médecins a émigré.

La grande majorité des hôpitaux connaît des interruptions incessantes en alimentation en eau et électricité.

La santé maternelle et infantile, la santé sexuelle et reproductive sont impactées par la crise. La santé mentale de la population aussi.

Et ce n'est pas la présence de médecins cubains, arrivés dans le pays pour pallier les défections, qui va arranger les choses : ceux-ci sont plutôt des techniciens de santé avec seulement 3 ans d'études.

Le gouvernement de Nicolas Maduro refuse par ailleurs l'aide humanitaire internationale, niant les problèmes rencontrés par les hôpitaux et le secteur de la santé.

Preuve est ainsi apportée qu'un pays, aux immenses potentialités permettant, avec une politique appropriée, de lutter contre l'injustice sociale, peut s'enfoncer dans une crise profonde. Il peut  en effet régresser à la suite de décisions de dirigeants  plus idéologues que bons gestionnaires capables d'anticiper l'avenir économique et social. Un pouvoir anti-démocratique sans partage est également mortifère.

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