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Billet de blog 20 juillet 2022

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ATTYS LUNA VEGA VALDES : UNE FAMILLE CUBAINE.

Attys Luna Vega Valdes a réalisé un film émouvant et très réussi: "Ceiba mémoires d'une famille cubaine". Elle est la fille de l'écrivaine cubaine incontournable Zoé Valdès et du réalisateur Ricardo Vega.

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Avant de faire connaissance d' Attys Luna Vega Valdes, lisons quelques lignes d'un article signé de sa main.

" Le 11 juillet 2021 le peuple cubain s'est soulevé, hurlant massivement pour la première fois "Liberté", "Patrie et vie", "A bas la dictature"...Le peuple est dehors, il hurle et ose dire ce qu'il pense au péril de sa vie. Des années durant, ces colons ont accusé le bloc étatsunien d'être la cause de tous leurs maux, prenant le soin de mettre sous cloche une vérité moins observable et observée : le blocus que la dictature cubaine a prescrit à son propre peuple."

"La dictature a censuré des films, des livres et des journaux...Dans les fermes les superviseurs cubains ont été remplacés de force par des superviseurs soviétiques et des dirigeants idéologiques... La dictature a instauré des travaux forcés, enfermant les homosexuels dans le but de les convertir en de "vrais hommes"...La majorité du peuple cubain a simulé pour vivre."

Ces paroles ont été prononcées par une jeune femme d'une trentaine d'années, franco-cubaine, qui a présenté son film "Ceiba, mémoires d'une famille cubaine". 

Le film a été sélectionné pour le "Festival international de documentaires" de Thessalonique, dans la section "Open horizons" et pour le "Festival Mondes en vues, des droits humains" en Guadeloupe, en octobre. D'autres festivals sont pressentis. Et sont aussi envisagées des projections à Miami USA.

Attys Luna Vega Valdes voue une véritable vénération à Celia Cruz et à Nathy Peluso et compose elle-même. On peut d'ailleurs voir sur le net son clip "Mémé", véritable ode à sa grand-mère : "Mémé a la gueule d'un cigare, la peau fripée comme la feuille noire..."En 2019 elle avait obtenu le "Lion d'or Jeune Talent " des "Premios latino" à Marbella, pour la sortie de son premier EP de rap, intitulé "Perra".

Ses études l'ont conduite à l'Université de Paris III section cinéma, à l'Université de Valparaiso. Actuellement elle suit un "master réalisation et création" à Paris et elle écrit un court métrage de fiction "Slam".

Elle est également co-directrice artistique du "Collectif La Houle ".

" Ceiba "c'est le titre de son premier film qui a pris 5 ans de la vie de son auteure. "Tout est parti de contes afro-cubains : ceiba c'est l'arbre qui permet de relier le ciel et la terre ; les hommes conscients se réunissent sous la ceiba pour parler de la dysharmonie du monde et envoyer au ciel le message terrestre, pour créer de l'harmonie et pour créer de l'équilibre."

Le film retrace les mémoires d'une famille cubaine, la propre famille de la réalisatrice, sur 3 générations, ses grands parents, ses parents et la sienne. Quand elle avait un an, presque 2, ses parents ont choisi l'exil en quittant la Cuba communiste.

Le montage du film a été effectué par le propre père de Attys Luna, Ricardo Vega, réalisateur reconnu (on se rappellera son "Fiel Castro" en 2009).

La première affiche du film: une femme, son ventre nu de femme enceinte, exhibant une peinture d'un arbre enraciné (la ceiba) dont la frondaison renferme une carte stylisée de l'île de Cuba. La deuxième affiche du film: la mère de la réalisatrice, Zoé Valdès, qui porte son bébé regardant la mer sur le Malecon, le front de mer de la Havane.

Les archives sont paternelles.  Attys Luna a voulu ajouter des éléments de reportage très personnels. Les images traversent l'histoire de Cuba au 20 ème siècle. Et l'émotion est toujours présente, dès l'ouverture du film, avec Zoé Valdes qui s'adresse face caméra au spectateur. Avec ce grand-père face caméra, lui aussi, qui nous rappelle ces exilés de Miami qui ne se sont jamais remis de leur exil forcé.

Les Balseros qui ont tenté, au mépris de leur vie, la courte traversée vers les USA, ne laissent pas indifférents. En voyant les malheurs des vieux cubains et de la jeunesse actuelle, désabusée mais désireuse de vivre, on ne peut qu'être interpellé...

Jon Alpert journaliste indépendant avait réalisé un film sorti en 2017 : "Cuba and the cameraman". Ce film présentait 3 familles cubaines sur 4 décennies et le télescopage de leur vie quotidienne et de l'histoire avec un grand "H", l'embargo américain sur la Cuba communiste, la crise des missiles soviétiques installés à Cuba, la période spéciale à la fin de l'URSS qui tenait l'île à bout de bras , la santé et l'école gratuites, conquête de la Cuba castriste. Aujourd'hui "Ceiba, mémoires d'une famille cubaine" devient indispensable à qui veut comprendre Cuba, sa jeunesse et ses espoirs d'avenir.

"La réalité cubaine, c'est la misère. Ce n'est pas seulement la misère économique, c'est aussi la misère sociale. Il faut lutter, même si on a du mal à voir le positif, se donner du courage en faisant des films, de la musique, de l'art, mais aussi lutter concrètement comme le font les "Damas de blanco" ou ceux qui se sont révoltés le 11 juillet 2021" : propos signés Attys Luna Vega Valdes ,dont l'amateur de cinéma espère aussi une nouvelle réalisation à partir d'un livre de sa mère" Le paradis du néant".

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