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Journaliste (France Télévision, France 3 Corse à la retraite). Alimente, de manière irrégulière, un blog: "E Pericoloso sporgersi"

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Billet de blog 3 septembre 2022

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Criminalités comparées, Corse-mafias, suite du programme

Après la description juridique des mafias italiennes et l’analyse des systèmes judiciaires français et italiens, voici venu le temps de faire connaissance avec certaines mafias (Italie, Japon…). En attendant d’observer le « cas corse », nous regarderons les conséquences politiques économiques et sociales des criminalités mafieuses et non mafieuses dans plusieurs régions du monde.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Comme promis j’aborderai, prochainement, la situation en Corse.  En attendant, je dois poursuivre le but affiché : offrir le maximum d’éléments sur les mafias connues, pour pouvoir comparer avec la situation en Corse. Chaque article déjà  publié et à venir, contient des données qui permettent de fixer les idées. A la fin de la publication de tous les articles, nous devrions avoir une idée de ce que sont les mafias, dans tous les domaines : violence, politique, économie, social… et ainsi tenter de voir quels sont les points communs et les divergences entre la grande criminalité, en Corse et celle dans les pays et régions que j’ai étudiés.

 Avant d’analyser le « cas corse », à travers les différents domaines énoncés, ci-dessus, il nous faut comprendre à quoi ressemblent certaines mafias et quelles sont les conséquences politiques, économiques et sociales de ces organisations criminelles.

Pour cela, j’essayerai de décrire et de décrypter un certain nombre de ces organisations criminelles : ‘Ndrangheta (Calabre), Yakuza (Japon) Cosa Nostra (Sicile)…

J’aborderai également, la situation dans des régions qui ne possèdent pas de Mafia « endogène », mais qui ont leur criminalité « ordinaire ».  Nous verrons les exemples de la Sardaigne et des Baléares. Deux régions dépourvues de Mafia locale, mais qui possèdent une criminalité « personnalisée ».

Illustration 1

Nous verrons également l’histoire comparée des conditions économiques et sociales avec, notamment, la pauvreté (Corse) et la misère italienne (Naples, Sicile). Ces thèmes sociaux sont incontournables. Je redis, ici, que ce sont la misère et les choix politiques qui créent les mafias. Ces dernières n’inventent pas la misère, elles en vivent et l’entretiennent. L’entretien d’un certain niveau de pauvreté est de l’intérêt des organisations criminelles. Ces intérêts rejoignent une partie des classes dirigeantes de plusieurs pays. À travers les différents exemples, nous verrons qu’il existe des « liens » entre la grande criminalité et les pouvoirs. Le cas du Japon est quasiment « officiel », celui de l’Italie est hypocrite et celui de la France (Corse) est « discret ». 

 Ce constat, nous mène à l’observation de ces « liens » et à la description d’un jeu ambigu joué par les États. Ces derniers combattent et utilisent les mafias, dans un même mouvement, en apparence contradictoire. C’est ce que l’historien du droit, Jacques de Saint-Victor, appelle les « pactes scélérats ». Nous verrons que les États utilisent les mafias comme « variable d’ajustement » politique et sociale.

Les mafieux ne sont pas des « Robin des bois », l’observation de différentes mafias « établies » nous montrera l’aspect particulièrement conservateur, traditionnel et souvent réactionnaire des organisations criminelles.

Ces ambigüités, interrogent sur la lutte anti-mafia, ses limites et les inconvénients pour les libertés publiques.

 La Corse échappe -t ’elle à ces schémas ? Il n’existe, bien sûr, pas de réponse définitive. Après avoir observé tous les aspects énumérés ci-dessus, nous nous pencherons sur l’Histoire de « l’île de beauté ». Les points de comparaison de manquent pas : sa pauvreté historique et son « différentiel » contemporain, ses bandits « d’honneur », sa grande criminalité et son organisation politique « traditionnelle »… l’ensemble étant lié.

En Corse, comme ailleurs, la grande criminalité est garante d’un certain « ordre ». Le tout est de savoir de quel « ordre » nous parlons.

Illustration 2

 La prochaine série d’articles sera consacrée à la radioscopie de grosses mafias (‘Ndrangheta, Yakuza…).  A tout seigneur, tout « honneur », je débuterai par la Mafia « qui monte », la ‘Ndrangheta. La Mafia calabraise est considérée, aujourd’hui, comme une « des plus puissantes du monde ». Essayer de classer les mafias, dans un Hit Parade, n’a aucun sens. En revanche, il faut comprendre leur fonctionnement interne (région et pays d’origine) et analyser leur développement international. Ce sera au menu des articles qui suivent.

Pour mieux comprendre : le lien vers le site du Centro Siciliano di Documentazione Giuseppe Impastato –  Une série d’articles en français.

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