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Billet de blog 30 janvier 2012

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L'étrange non-dit de l'incompétence patronale

Les commentaires sur la pathétique prestation de Nicolas Sarkozy confirment la persistance d'un biais journalistique d'autant plus déformant qu'il est ignoré de tous, et surtout des journalistes: le non-dit. Oublier d'analyser le rôle de l'incompétence des chefs d'entreprises dans le déclin de la compétitivité de l'économie française participe d'une sournoise entreprise de culpabilisation du seul salariat.

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Les commentaires sur la pathétique prestation de Nicolas Sarkozy confirment la persistance d'un biais journalistique d'autant plus déformant qu'il est ignoré de tous, et surtout des journalistes: le non-dit. Oublier d'analyser le rôle de l'incompétence des chefs d'entreprises dans le déclin de la compétitivité de l'économie française participe d'une sournoise entreprise de culpabilisation du seul salariat.

A grands renforts de diagrammes et de comparaisons internationales, les observateurs sous influence patronale tiennent pour une vérité première et absolue que les salariés français sont les principaux responsables du déséquilibre de la balance extérieure. Soupçonnés de ne pas assez travailler, d'être trop payés ou de bénéficier, voire de profiter, d'avantages sociaux coûteux pour les finances publiques, les ouvriers, employés et cadres intermédiaires sont implicitement accusés d'empêcher leurs entreprises d'exporter les produits et services made in France.

Jamais ces observateurs instrumentalisés ne songent à comparer les patrons français à leurs homologies allemands ou scandinaves. Ils ne cherchent jamais à savoir si les entrepreneurs hexagonaux sont aussi performants que leurs concurrents étrangers. S'ils comprennent réellement la division internationale du travail, les segmentation des marchés mondiaux. S'ils étudient suffisamment les débouchés possibles et s'ils investissent en recherche et développement à la mesure des ambitions qu'ils devraient nourrir. S'ils se comportent tous comme de vrais entrepreneurs, acteurs économiques éminemment respectables et parfois admirables. 

Il y a pourtant de fortes raisons de penser que l'incompétence patronale contribue, elle aussi - par manque de vision stratégique, de créativite, et de courage - aux piètres performances de l'économie française. Mais il est plus facile, avec un gouvernement complice, d'obtenir des subventions et des allègements de charges - réminiscences des bonne vieilles dévaluations du franc - en faisant supporter aux seuls salariés la responsabilité du déclin industriel et technologique. D'autant plus facile que les jouralistes économiques relaient massivement cette culpabilisation.

Le libéralisme fonctionne comme la religion chrétienne. Il mobilise son bas clergé médiatique pour culpabiliser ceux qu'il veut asservir. Il exploite cette culpabilisation pour exonérer et renforcer la légitimité et le bien-être de sa caste "supérieure" de Prépondérants.

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