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N'est-il pas illusoire d'appliquer sans cesse les mêmes solutions pour tenter de résoudre le même problème ?

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Billet de blog 29 mars 2017

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N'est-il pas illusoire d'appliquer sans cesse les mêmes solutions pour tenter de résoudre le même problème ?

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Pour l’union Phi/PS/EELV

Le plus grand problème de notre pays n’est pas la crise économique. Ce n’est pas non plus l’ultralibéralisme, ni le Front National. Notre plus grand problème c’est notre division : notre incapacité à dialoguer, à faire ressortir nos points de convergence et à mettre en commun nos idées et nos énergies pour résoudre nos problèmes.

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N'est-il pas illusoire d'appliquer sans cesse les mêmes solutions pour tenter de résoudre le même problème ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Depuis des décennies, la droite défait les mesures de la gauche, qui défait à son tour ce que la droite produit, dans un cycle amené à se reproduire sans fin, à moins qu’il soit interrompu un jour par une victoire du Front National qui, élection après élection, se rapproche chaque fois plus du pouvoir. Cette victoire ne surviendra pas tant parce que ses électeurs sont emplis de haine, mais parce qu’ils souhaitent avant tout une seule chose : mettre un coup d’arrêt a ce cycle stérile et décadent. Nombreux sont ceux prêts a essayer autre chose, quoi qu’on leur propose, pourvu  qu’on leur promettre de faire tomber ce système incapable d’endiguer le lent délitement de notre cohésion économique, culturelle et sociale, et incapable de concrétiser un avenir désirable.

En France, on est de droite ou on est de gauche. On est du coté des salariés ou du coté des patrons. On est généreux ou on est égoïste. On réussi ou on échoue. Entre ces états, on ne distingue généralement peu de nuances.

Et pourtant il y a une chose qui fait consensus, bien que nous y prêtions rarement attention : nous voulons tous le meilleur pour notre pays, pour nos vies et celle de nos proches. Qui d’entre nous souhaiterait voir la faune sauvage détruite et le climat déréglé ? Qui voudrait que perdure un chômage élevé, que le SMIC devienne la règle pour un nombre croissant de travailleurs tandis que d’autres ne savent plus que faire de leur argent ? Qui voudrait encore que les migrants fuyant un pays dévasté par la guerre errent sans espoir de reconstruire leur vie ? On trouvera peut-être quelques grands névrosés pour faire exception, mais les Français que je connais et rencontre depuis 40 ans sont dans leur immense majorité des gens généreux et bienveillants.

Il y a différentes manières de voir la France idéale et des conceptions parfois diamétralement opposées pour parvenir à atteindre cette société rêvée. Mais au fond, ne souhaitons nous pas tous une société apaisée, ou chacun aie les meilleures chances de réussir dans la vie, dans un pays pacifié et pacifique, riche d’une culture prolifique, de ses villes comme de ses villages, d’un commerce prospère, d’une agriculture généreuse, d’une nature riche et préservée ? N’est-ce pas la France que nous souhaitons tous, de l’extrême droite à l’extrême gauche ?  

L’élection présidentielle est a bien des égards symptomatique de notre niveau de division. Les candidats s’opposent et s’invectivent de manière farouche, ne se concédant qu’exceptionnellement quelque idée en commun. L’important est de se démarquer : il faut remporter le bout gras par tous les moyens, il n’y aura qu’un seul vainqueur, les idées des perdants seront intégralement mises au placard pour les 5 prochaines années.

Le meilleur moyen de remporter l’élection reste encore de saper la crédibilité des concurrents, comme on peut l’entendre dans les invectives que s’échangent les uns et les autres, ou dans l’apparition fort opportune d’affaires justiciables à moins de 3 mois des élections. La plupart des médias orchestrent avec intérêt ce mode de campagne, privilégiant une politique spectacle à base de débats opposant des candidats pugnaces sur des thèmes polémiques, qui sont sans doute bien plus rémunérateurs en termes d’audimat que de les laisser dérouler de manière pédagogique le sens et les résultats attendu des programmes politiques soumis à l’approbation populaire. 

De cet affrontement d’égos, la nécessité et la volonté d’aboutir à de réelles solutions aux problèmes du pays devient finalement secondaire par rapport à celle de gagner l’élection.  

Il en résulte un paysage politique totalement fragmenté, chaque électeur étant réduit à prendre partie pour tel ou tel candidat, en fonction de son adhésion à ses idées phares, et par mimétisme avec lui, à rejeter en bloc les idées des autres bords, occultant ainsi toute approche différente.

Ceci est le reflet d’un fonctionnement solidement ancré dans la culture Française, qui aide largement à faire de nous un pays divisé, incapable de surmonter ses oppositions internes, de solutionner ses problèmes et de construire des projets d’avenir. La dette publique et le chômage augmentent inéluctablement, la disparité des richesses se creuse, la misère sociale s’accroit et la haine de l’autre grandit, sans que rien ni personne ne semble capable d’enrayer le phénomène et l’échec des politiques publiques.

Dans la petite ville de Die dans la Drôme, ou je réside, la somme des voix des électeurs de gauche dépasse mathématiquement celle des électeurs de droite. La ville est historiquement de gauche. Pourtant, depuis 2 mandats, c’est la droite ultra-conservatrice (tendance Hervé Mariton) qui a remporté les élections municipales. Ceci est la conséquence directe de l’incapacité des candidats de gauche à s’entendre. La dernière élection est particulièrement révélatrice du problème. Si cette fois les communistes et les socialistes ont réussi à faire une liste d’union, les verts, bien qu’arrivés en 4ème position au premier tour, ont posé comme condition à leur ralliement au second tour que leur candidat soit porté à la tête de la liste commune. Cette condition était assez logiquement inacceptable pour le candidat ayant obtenu le meilleur suffrage. Faute d’accord, le candidat des verts s’est évertué à se maintenir au second tour, récoltant 220 voix (sur 2589 votants) et faisant perdre de seulement 13 voix la liste de gauche qui aurait pu incontestablement remporter l’élection, laissant ainsi un boulevard à une municipalité ultra-conservatrice.

 Alors, quand je lis que le trio Mélanchon Hamon/Jadot est irréconciliable sur la base de leur conception du rapport à l’Europe, et que Jean-Luc Mélanchon, avant même de connaître le résultat de la primaire socialiste, juge possible un désistement du candidat PS en faveur du mouvement « la France Insoumise » alors qu’il est encore sous le score de Hamon dans les sondages, je ne peux m’empêcher d’entendre se rejouer cette même petite musique désespérante de division et d’enflement des égos.

 Il y avait pourtant cette année 3 candidats de haut niveau à la majorité de la gauche, et cette fois l’électeur pourrait avoir une franche hésitation à savoir pour qui voter. Benoît Hamon et Yannick Jadot ont depuis fait l’union, et on ne peut que les en féliciter. Mais on nous dit qu’il n’est pas possible de s’allier avec Jean-Luc Mélanchon. Pourtant le jour ou Benoît Hamon s’est mis a énumérer ses mesures sur Twitter, on découvrait avec surprise un programme extrêmement proche de celui de la France Insoumise : 6ème république, remise en question des orientations Européennes, écologie au centre des préoccupations, plan d’emprunt colossal en faveur de la transition énergétique, etc.

Et puis il y a les sondages. Aussi imparfaits soient-ils, ils restent un indicateur de tendance qui se vérifie généralement à 4-5 points près. Et en la matière, tous les sondeurs donnent des tendances similaires, avec, au jour ou j’écris ces lignes, Mélanchon autour de 13%, Hamon autour de 11% et Macron autour de 26%. Avec un tel écart, quand bien même y aurait-il une marge d’erreur significative, Jean-Luc Mélanchon pourra-t-il en 30 jours siphonner tous les votes de Benoît Hamon pour rattraper  Emmanuel Macron ? Clairement non. Benoît Hamon et les Verts pourraient-ils en faire autant, en ayant dans le même temps à subir l’hémorragie de leur propre camp ? Encore moins. Nous avons là une superbe configuration perdante !

 Mais vous l’aurez noté, si on additionne les 13% de la France Insoumise aux 11% du PS/EELV, on n’est plus qu’a 2 points d’Emmanuel Macron, une configuration potentiellement rattrapable en 30 jours si l’on tient compte de la recapture possible des partisans de gauche votant utile vers Macron de peur de devoir choisir au second tour entre Fillon et Le Pen.

On se demande comment messieurs Mélanchon, Hamon et Jadot pensent sérieusement pouvoir gouverner la France si, même en portant des idées aussi similaires, ils ne sont pas en mesure de mener l’union des mouvements dont ils sont les porteurs de projet. Car s’ils entendent parvenir à instaurer une 6ème République, c’est bien de cela qu’il s’agit en premier lieu : les projets avant les hommes, des politiques collaboratives et participatives, des actes concrets et non plus la danse des égos !

 Et quand bien même ils ont des divergences, sont-elles à ce point si irréconciliables que cela les empêche de mener à bien tout ce sur quoi ils sont d’accord ? S’ils devaient échouer à convenir d’une stratégie sur la question Européenne, mais réussir l’instauration d’une 6ème République digne de ce nom et d’un plan de transition Energétique de 100 milliards d’Euros, ce quinquennat ne serait-il pas le plus prolifique depuis plusieurs décennies ? Avec leurs 3 talents conjugués, ne serait-ce pas l’opportunité de mener l’une des politiques les plus progressistes jamais osées dans le pays depuis l’après guerre ?

 A l’inverse, s’ils devaient perdre au bénéfice probable du mouvement « En Marche », ce seront encore 5 ans d’ultra-libéralisme et de renforcement des inégalités sociales, 5 ans de perdus sur notre part de régulation du climat, de dépendance aux énergies fossiles et nucléaires, 5 ans de dialogue de sourds, de divisions supplémentaires et de démagogie conduisant peut-être cette fois, enfin, à l’élection concrète d’un partit populiste et anti-démocratique au pouvoir.

 Personnellement je n’ai cure de savoir lequel portera le drapeau du quinquennat. Nous avons bien plus besoin d’une bonne équipe et d’un bon projet que d’un chef. Les programmes que les candidats de gauche portent resteront de papier aussi longtemps qu’ils n’accéderont pas au pouvoir. La gauche prétend nous faire changer de République ? Alors, si ses candidats sont sérieux, la division n’est pas une option. Et l’union est une obligation. Mais pas à contre coeur : nous devons sincèrement intégrer que seulement ensemble nous pourrons  résoudre nos problèmes et faire évoluer notre pays. Là se situe le point de départ de la 6ème République.

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