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Billet de blog 5 février 2020

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Ould Kaddour, ou l’Augustagate (troisième partie)

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Avec quel argent la raffinerie Augusta fut acquise ?

Ployant sous  d’énormes contraintes induites par les coûts de maintenance et de fonctionnement, devenus extrêmement onéreux du fait de la vétusté avancée de la raffinerie Augusta, construite à la sortie de la deuxième guerre mondiale, en 1949, les propriétaires de cette dernière, en l’occurrence Exxon-Mobil, ont procédé à sa mise en vente, dès 2015, sans toutefois trouver d’acquéreur, en raison de la vétusté des installations, le caractère déficitaire de la raffinerie et les sommes importantes qui devaient être engagées pour la rendre conforme aux normes environnementales imposées par l’Union européenne.

Dans ce cadre précis, en sus des contraintes liées à la main mise de la mafia sicilienne sur le syndicat de cette raffinerie et la diminution des besoins européens en carburants, Exxon-Mobil devait débourser près de 750 millions de dollars pour, d’une part, lever les réserves environnementales imposées par l’Union européenne et la justice italienne et, d’autre part, pour procéder aux renforcements structuraux induits par les risques d’effondrement, notamment la restauration et la rénovation des fondations complètement corrodées.

 Certaines sources ouvertes italiennes ont rapporté que la municipalité de la ville d’Augusta avait averti vainement les dirigeants de Sonatrach des dégâts environnementaux considérables causés par cette vieille raffinerie, qu’Exxon-Mobil Italie est tenue d’assainir sous peine de poursuites judiciaires par le parquet régional.

 Mais d’où vient l’argent qui a permis l’acquisition de la raffinerie Augusta ?

 En 2007, Sonatrach et «Energias de Portugal EDP» ont signé un accord de partenariat stratégique couvrant les domaines du gaz naturel et de l’électricité dans la péninsule Ibérique, élargi en 2008 à d’autres régions notamment en Amérique latine. La Sonatrach était actionnaire, à hauteur de 2,035% du capital de ce groupe énergétique portugais. 

 Cette acquisition qui permettait à Sonatrach d’investir l’international, lui donnait également accès au marché européen du gaz naturel qui était difficile pour la Sonatrach en raison de nombreuses entraves mises par les gouvernements européens et destinées à maintenir le contrôle sur ce marché porteur.Cependant, dans le secret le plus absolu, l’ex PDG de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour avait procédé, à la fin de l’année 2017, à la vente de cet investissement prometteur et rentable, au profit d’un fonds d’investissement, pour faire l’acquisition de la vieille raffinerie Augusta, sans associer le ministère de l’énergie ni celui des finances.

La vente inespérée de la raffinerie Augusta à la Sonatrach avait permis au groupe Exxon-Mobil italien de payer les 750 millions de dollars pour lever les réserves environnementales imposées par l’Union européenne et la justice italienne et de se débarrasser de ce gouffre financier.

 La question est de savoir maintenant : pourquoi tant d’acharnement à vouloir acquérir une vieille raffinerie coûteuse et polluante en bradant un investissement rentable ?

Albert Farhat

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