Demeurée prudente face à la fluctuation de la situation politique en Algérie, engendrée par le Hirak du 22 février 2019, la presse marocaine s’est emballée ces derniers jours pour s’attaquer frontalement à l’Algérie et indécemment à son nouveau président, Abdelmadjid Tebboune. Ce revirement foncièrement belliqueux des médias marocains, qui rejoignent leurs homologues de l’hexagone, ne peut être que suggéré par le Palais Royal et coiffé par les services secrets de sa majesté.
Au début du mouvement populaire en Algérie, les médias marocains se sont faits très discrets, par crainte d’une potentielle contagion de ce mouvement citoyen à la région historiquement frondeuse et marginalisée du Rif qui a connu, depuis octobre 2016, un mouvement de contestation très violent. Cette révolte populaire qui a eu de graves conséquences sur la population, a obligé de nombreux jeunes rifains à émigrer, notamment en Europe, pour fuir la répression du Makhzen.
Paradoxalement, juste après la déclaration du candidat Abdelmadjid Tebboune, intervenue après l’annonce de sa victoire à l’élection présidentielle, que :«Le peuple marocain aime l’Algérie et les Algériens aiment le peuple marocain, mais la maladie ne disparaît que lorsque disparaissent les causes.», ces mêmes médias, naguère discrets, se sont enrôlés dans leur cabale habituelle de dénigrement abject envers l’Algérie et la personne de son président, en diffusant notamment des montages vidéos sur YouTube et Facebook incitant les algériens à sortir dans la rue et à radicaliser leur mouvement de contestation populaire. Certaines de ces vidéos montrent des scènes de violence, d’affrontements entre jeunes et forces de l’ordre et des hommes armés, faisant croire à l’imminence d’une insurrection armée en Algérie.
Ces attaques sournoises, qui cachent à peine le désir de ces médias de voir l’Algérie basculer dans l’anarchie et la violence, ne peuvent être le fait exclusif de médias aux ordres, mais davantage l’œuvre d’agences spécialisées dans la propagande, la subversion et la manipulation psychologique, domaine de prédilection des services secrets. Or, l’implication des services secrets du Makhzen dans de nombreux évènements que l’Algérie avait vécu, de la Kabylie au M’Zab, en passant par le grand sud, est plus qu’avérée. D’ailleurs, des informations concordantes font état que des agents israéliens, français, marocains et serbes, spécialisés dans la cyber guerre et les révolutions douces, chercheraient, depuis le Maroc, à transformer la mobilisation pacifique en Algérie en affrontements armés.
En somme, l’élection du président Abdelmadjid Tebboune à la magistrature suprême de son pays est très mal perçue par le Makhzen ; il fait peur en raison de ses positions déclarées et intransigeantes à l’égard de certaines questions politiques régionales et internationales, particulièrement la question des frontières et du Sahara Occidental.
Albert Farhat