Mucchielli encore censuré à Médiapart ! Décidément, tout ce qui disconvient à la parole étatique est mal venu dans les médias. Il en devient quasi anecdotique de raconter en quoi Mucchielli aurait "mérité" un tel traitement. Il était question dans le propos du Pr Toubiana d'une ambiguïté fâcheuse autour de la notion "d'incidence" : on confondrait sciemment cas et maladie, nous dit-il. Pourtant, c'est bien ce qu'il se passe depuis le début, ce savant mélange de genre où l'on change sans cesse d'indice pour faire sa cuisine statistique, afin de toujours faire apparaître les prévisions les plus noires de nos chers modélisateurs, censées mettre au pas la population. Bref, c'est tout du long qu'on a amalgamé les cas aux malades. De même on joue sans cesse sur la notion de "gravité" pour faire passer les mots d'ordres des autorités.
Mais c'est quoi un "malade" du covid, et c'est quoi un "état grave", au juste ?
La définition a minima d'un malade ne peut être en dessous de ce qu'on appelle un "symptomatique". Ensuite, que la personne ait des symptômes grippaux ou bien plus invalidant, on a toute une échelle où l'on nage dans le flou le plus complet. Et au bout de cette échelle, arrivent les hospitalisations, et enfin les réanimations (et bien sûr les décès). Et là on bute sur un nouveau problème : c'est quoi un état grave ? Et le même flou artistique de perdurer : ça dépend des mots d'ordres qu'on veut faire passer, voilà ce que c'est un état grave ! En clair rien de précis. Il y a bien la terminologie médicale, qui va de bénin à grave, et pour laquelle l'état grave serait susceptible d'amener au décès. Ok mais à partir d'où on peut parler de ça ?
En clair l'état grave du covid correspond-il à l'hospitalisation ou à la réanimation ?
Et re-belote autour du flou artistique. Ont été par exemple cités récemment dans Médiapart par madame Coq-Chodorges les propos du patron d'Epi-phare, le Pr Zureik. Or que dit ce monsieur à travers Epi-phare ? Qu'il a mené deux enquêtes pour vérifier l'efficacité des vaccins ARN. Deux enquêtes portant sur en tout 22 millions de personnes (c'est dire si ça a l'air sérieux). Oui mais comment définit-il la notion de gravité ? Je le cite :
"Les résultats de ces deux études sont très concordants. Ils mettent en évidence l’efficacité importante des trois vaccins Pfizer, Moderna et AstraZeneca, contre les formes graves de Covid-19 (hospitalisation pour Covid-19 et décès au cours d’une hospitalisation pour Covid-19)". (https://www.epi-phare.fr/rapports-detudes-et-publications/impact-vaccination-covid-octobre-2021/)
Alors : hospitalisations ou décès ? C'est terrible parce qu'il trouve encore le moyen de ne pas être clair sur le critère de "gravité" ! Et avec ça on nous parle de "science" ! Je sais pas vous, mais moi j'ai jamais vu une science capable d'une telle imprécision dans les termes-mêmes de son objet d'étude, voire damalgamer deux choses différentes. A part ça, oui oui, on a tous compris que les décès sont une forme grave, monsieur Zureik, quelle bonne blague !
***
Et ça a été strictement la même chose avec les définitions des labos pour vendre leur potion-miracle.
D'abord il a été question de "malades". Voici ce qu'en disait Le Monde au 10 novembre 2020 (https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/11/10/que-cachent-les-90-d-efficacite-du-vaccin-pfizer_6059160_3244.html) :
"Cette "efficacité vaccinale" a été mesurée en comparant le nombre de participants infectés par le Covid dans le groupe qui a reçu le vaccin et dans celui sous placebo. Que signifie exactement cette annonce ? Faute de véritable article scientifique permettant de la décortiquer, c’est sur le communiqué de presse du labo et le protocole déposé auparavant que l’on doit s’appuyer pour la comprendre. Dans le principe, cela signifie que sur dix personnes exposées au virus, dans des conditions qui auraient dû les faire tomber malade, neuf ont été protégées (...) Pfizer et BioNTech ont donc enrôlé 43.538 participants. A la moitié d’entre eux, ils ont administré leur vaccin. L’autre moitié a reçu un placebo. Le tout sans que les volontaires sachent dans quel "bras" ils se trouvaient. Puis tous sont rentrés chez eux. Les chercheurs ont alors attendu les contaminations. Le chiffre de 90 % affiché signifie donc que les personnes vaccinées ont eu 90 % de risque en moins d’attraper la maladie, ou encore qu'ils ont été dix fois moins nombreux à la contacter".
Donc point question de "gravité" à ce stade, mais bien de malades. Et c'est quoi un "malade", un testé positif ou plus ? On sait pas. Le lendemain, Marianne s'interrogeait de son côté (https://www.marianne.net/societe/sante/covid-19-comment-faire-accepter-un-vaccin-a-la-population) :
"D'où vient le chiffre de 90 % ? Il correspond en fait à une extrapolation, à partir des 94 cas de Covid-19 qui se sont déclarés parmi les participants de l'échantillon : parmi eux, les chercheurs ont compté combien de ces participants infectés avaient reçu le vaccin ou le placebo, et en ont déduit une efficacité statistique de 90 %. Pfizer et BioNTech ont annoncé poursuivre leur essai clinique jusqu’à ce que 164 cas positifs au Covid-19 aient été identifiés parmi la cohorte".
Le 11 novembre 2020, Pfizer expliquait donc que le vaccin était efficace à partir de 94 cas sans doute testés positifs sur 40.000 individus, où 90 % appartenaient donc à la cohorte des non-vaccinés. Voilà donc sur quelles bases on est arrivé à inoculer un vaccin à un milliard d'êtres humains !
Lee processus aa été presque identique avec Moderna. Lu 5 jours après dans l'Obs (https://www.nouvelobs.com/coronavirus-de-wuhan/20201116.OBS36143/le-laboratoire-moderna-annonce-94-5-d-efficacite-pour-son-vaccin-contre-le-covid-19.html) :
"La société américaine Moderna a annoncé ce lundi dans un communiqué, que son vaccin était efficace à 94,5 % pour réduire le risque de contracter la maladie : en l’occurrence, 90 participants du groupe placebo ont attrapé la maladie contre 5 dans le groupe vacciné. Aucun malade grave n’a été enregistré parmi les personnes vaccinées, contre 11 dans le groupe placebo. Selon Moderna, environ 9 à 10 % des personnes vaccinées ont eu des effets secondaires après la seconde dose tels que fatigue, courbatures, ou rougeur autour du point d’injection. Moderna prévoit de demander une autorisation de mise sur le marché "dans les prochaines semaines"" aux Etats-Unis".
Identique, sauf qu'apparaît pour la première fois le terme de "gravité" : "aucun malade grave n'a été enregistré", nous dit-on. On parle en outre de demander l'autorisation de mise sur le marché quelques semaines après. Sur ces bases ? Sur ce caractère de gravité toujours pas défini ?
Encore en butte à des problèmes autour de l'efficacité de son vaccin selon le dosage employé, AstraZeneca ne pouvait résister à y aller de son petit communiqué, histoire de ne pas paraître largué (23 novembre), je cite (https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/11/23/coronavirus-dans-le-monde-toronto-confinee-pour-au-mois-vingt-huit-jours_6060749_3244.html) :
"Il s’agit de résultats intermédiaires d'essais réalisés au Royaume-Uni et au Brésil. Dans le détail, l’efficacité s’élève à 90 % pour un premier groupe de personnes qui ont reçu une demi-dose, puis une dose un mois plus tard. Elle descend à 62 % pour un autre qui a reçu deux fois une dose (soit une moyenne de 70 %). Le groupe pharmaceutique ne donne pas davantage de détails pour expliquer cet écart dans l’efficacité.
Le vaccin a l’avantage d’utiliser une technologie plus traditionnelle que ces deux concurrents. AstraZeneca estime dans le communiqué que son vaccin est "hautement efficace" pour prévenir la maladie, notant qu’aucun participant aux essais n’a développé de formes sévères ou n’a dû être hospitalisé. Les résultats préliminaires portent sur des essais sur plus de 20.000 personnes, dont 131 ont contracté la maladie."
Ici plus aucune référence à une quelconque gravité, puisqu'est noté que "aucun participant aux essais n’a développé de formes sévères ou n’a dû être hospitalisé". On est donc bien à comparer des "cas", des testés positifs, et rien d'autre !
Ensuite, l'affaire n'a pas traînée. Voilà ce que j'en disais le 9 décembre : "L'agence américaine des médicaments vient de "rendre publiques" les données de Pfizer. Pile-poil donc le jour où les vaccins commencent au Royaume-Uni, les "scientifiques du monde entier" vont enfin avoir le privilège de pouvoir la lire !"
A ce stade, j'admets qu'a pu m'échapper qu'entre début novembre et début décembre, des précisions aient été apportées quant auxdits critères de gravité. Toujours est-il qu'aujourd'hui, et donc après expérimentation massive, il est de mise de dire que ces vaccins protègeraient de "formes graves". Loin de moi l'idée de remettre en question la façon dont les études sont arrivées à ce résultat, sauf que définir ce qu'est une forme grave me semble la moindre des choses avant que d'en parler !
Le 27 décembre, Véran répondait à une question du JDD ainsi : "Ce vaccin protège 95% des individus contre les cas de forme grave" (https://www.lejdd.fr/Politique/olivier-veran-au-jdd-le-vaccin-contre-le-covid-19-va-sauver-beaucoup-de-vies-4014802)
Une petite devinette maintenant histoire de se détendre. Qui a dit ça : " Le 8 décembre 2020, Pfizer/BioNTech et la Food and Drug Administration ont chacun publié un document d’information sur l’étude C4591001, l’étude de phase 2/3 du vaccin à ARN messager BNT162b contre la COVID-19 (...) Par contre, les résultats présentés ne peuvent pas confirmer l’efficacité de ce vaccin contre les formes graves..." ?
L'affreux Mucchielli ? L'abominable Raoult ? Perronne le scélérat ? Non, le Vidal (https://www.vidal.fr/actualites/26337-vaccin-pfizer-biontech-contre-la-covid-19-enfin-des-donnees-a-analyser.html)
Bien plus tard, on interdira l'AstraZeneca dans nombre de pays ou il sera empêché chez les moins de 30 ans pour cause de thromboses ; le Moderna et le Janssen le seront eux chez les moins de 55 ou 60 ans (selon les pays). Eh oui, il y a bien 3 vaccins ARN sur 4 qui ont été déconseillés voire interdits à certaines tranches d'âge, après plus d'un milliard d'injections ! Ayez confiance...
***
Et donc, c'est quoi la gravité ? L'hospitalisation ou les soins intensifs ?
On a donc vu qu'Epi-phare mélange allègrement hospitalisations et morts en sautant par dessus la réanimation.
Alors, de quoi on parle ?
Une petite démonstration pour illustrer la confusion ambiante. On voit beaucoup en ce moment deux graphiques censés représenter la protection par le vaccin ET de l'hospitalisation ET de la réanimation (important : notons que les chiffres ne correspondent qu'à une semaine, la dernière, et n'ont donc pas plus de valeur que ça en fait, si ce n'est pour illustrer ce que j'ai à dire... et qu'en outre ils sont sans cesse repris).
Dans le premier, est dit que la vaccination protègerait 6 fois plus de l'hospitalisation. On aurait donc, par rapport à un même nombre de personnes (vaccinés ou non-vaccinés) 1 vacciné pour 6 non-vaccinés. Ensuite on nous dit que la vaccination protègerait 8 fois plus de la réanimation : on a donc 1 vacciné pour 8 non-vaccinés.
Mais si par exemple on considère que la réanimation est LA forme grave par excellence, le critère de forme grave, passer de 6 à 8 semble très faible pour vanter les mérites des vaccins. Parce que ce qui est intéressant, c'est de voir le nombre de vaccinés et de non-vaccinés qui se retrouvent en soins intensifs par rapport aux hospitalisés. Parce que si le critère de gravité est la réanimation (et n'est donc plus mélangé à l'hospitalisation), et vu que la réanimation est justement (et bien évidemment) ce qui fait peur à tout le monde, voilà ce qu'on peut en tirer :
Puisqu'on a 6 fois plus de non-vaccinés que de vaccinés hospitalisés, et étant donné que les non-vaccinés sont supposés 9 fois plus fragilisés que les vaccinés, on devrait arriver à de tout autres chiffres que 8 fois plus de non-vaccinés en soins intensifs... et plutôt des chiffres de l'ordre de 54 (6x9). Alors ? Alors ce serait finalement les hospitalisations ? Et donc 6 fois plus pour les non-vaccinés ? Bref, on comprend bien que cette valse des mots comme des chiffres amène à toutes les manipulations qu'on veut.
Donc si la forme dite "grave" n'est pas l'entrée en soins intensifs, c'est quoi exactement ?
Comprenez-moi bien, c'est pas que je sois un maniaque de la définition et que je veuille absolument mettre un mot pour définir ce que serait une forme grave. Je comprends qu'on puisse dire que c'est à la fois l'hospitalisation et à la réanimation, et faire valoir ces chiffres de 6 et 8. Ce que je n'admets pas, c'est qu'on joue de l'un à l'autre : par exemple qu'on joue sur la peur bien compréhensible de la réanimation pour faire intervenir l'hospitalisation si ça sert à la cause... tout comme on parlera de cas ou de malades selon les objectifs poursuivis. Mais si dire ça vaut d'être censuré, ma foi qu'on me censure.
(NB : il se peut que mes citations de journaux ne soient pas "à la lettre", il m'arrive de les résumer ; on peut de toutes façons les retrouver avec les liens)
Agrandissement : Illustration 1