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Billet de blog 26 novembre 2022

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Plainte pour diffamation de Didier Raoult : Karine Lacombe relaxée

Je crois me souvenir avoir dit que je reviendrai au moment où, après le politique et la presse, ce serait au tour de la Justice de s'emparer de la gestion du covid...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En juin 20020, Karine Lacombe déclarait que "des actions en justice étaient en cours contre Didier Raoult pour mensonge devant la commission parlementaire". Raoult avait porté plainte pour diffamation. Elle vient d'être relaxée. Sauf que le tribunal a reconnu "le caractère diffamatoire de ses propos" : en fait, elle n'aurait pas été condamnée parce qu'il a considéré qu'elle était "de bonne foi" quand elle a dit ça...

Face à la chasse à l'homme menée par la presse contre Raoult, il faut ouvrir plusieurs liens pour avoir le droit de lire la formulation du tribunal : les propos de Karine Lacombe "portent atteinte à l’honneur et à la considération de Didier Raoult", dit-il, soit l'exacte définition légale de la diffamation. Propos jugés donc diffamatoires, sauf que le tribunal a retenu l'excuse de la "bonne foi" qui lui vaudra relaxe. On comprendra le sens de la formulation un peu plus loin...

Raoult écrit sur Twitter : "Karine Lacombe jugée coupable de diffamation à mon encontre, mais relaxée pour une bonne foi dont je doute" ; et son avocat renchérit : "reconnue coupable de diffamation" mais ayant bénéficié "de l’excuse de bonne foi qui l’empêche d’être condamnée".

Les fact-checkers de Libé traduisent que "Raoult a donné une version toute personnelle" et "erronée" du jugement. Ils magouillent en jouant sur l'ambiguïté du mot "coupable" : certes Lacombe n'a pas été "jugée coupable" (et condamnée comme tel), mais ses propos étant jugés diffamatoires, elle est bien "reconnue coupable" de diffamation, comme le dit son avocat, plus prudent avec les mots. Pas "jugée" mais "reconnue" donc (la formulation de Raoult est d'ailleurs elle-même tout à fait acceptable dans le cadre d'un usage courant - et non juridique - du mot "coupable").

Raoult refuse "la bonne foi" et fait appel. A l'époque, Martin Hirsch l'avait accusé de faux témoignage mais n'avait pas pas porté plainte. Quid alors des "actions en justice en cours" ? La phrase de Lacombe est-elle du coup mensongère ? On s'interroge... et évidemment ce ne sont pas les pit-bull de Libé qui nous aideront à comprendre : ils se contentent d'évoquer "deux signalements" dont un de Hirsch, ce qui donc n'a rien à voir avec des "actions en justice"... avant de carrément nous laisser en plan !

C'est donc seulement à ce stade que je comprends que la "bonne foi" accordée par le tribunal semble être que Lacombe serait passée de "signalement" à "action en justice" sans être consciente de la différence entre les deux... ou s'être seulement renseignée ? C'est fort de café ! D'autant que pour qui a suivi l'histoire entre ces deux-là, il faut être aveugle pour ne pas se rendre compte que Lacombe n'avait d'autre but que de discréditer Raoult !

Quand viendra le tour de Martin Hirsch de comparaître, également suite à une plainte en diffamation déposée par Raoult, on est curieux de savoir quelle tournure de langage prendra la justice pour le blanchir. Lors de son témoignage devant la commission parlementaire, Raoult avait parlé de 43 % de mortalité en réanimation à Paris, ce qui avait violemment fait réagir Hirsch (qui depuis, a reconnu son erreur, voir lien). Personnellement, je miserais bien sur le "me semblent" employé pour dire que Raoult aurait menti sous serment : "ces déclarations, qui mettent gravement en cause l’AP-HP, faites sous serment, 'me semblent' s’apparenter à un faux témoignage", accusait alors Hirsch (lien). Ce qui révélait surtout qu'en tant que directeur de l'AP-HP, ce brave garçon n'était pas même seulement au courant des chiffres avancés par Raoult et qui, en plus de l'organisme d'où ils sortaient (REVA), avait été confirmés peu avant par Éric Caumes lui-même (même lien), l'un des grands manitous de la Salpêtrière !

C'est donc à partir de ça que Lacombe aurait parlé d'action en justice... et donc de parjure. On comprend que Raoult l'ait eu mauvaise. Et l'ait encore mauvaise aujourd'hui à la lecture du verdict !

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PS : les check-news de Libé sortent un nouveau laïus sur Lacombe et Raoult, où ils confirment ce qu'ils ont été infoutus d'exprimer clairement hier, à savoir que la "bonne foi" portait bien sur le fait que Lacombe, selon le juge, aurait cru qu'existaient des poursuites contre Raoult. 

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