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Billet de blog 26 octobre 2015

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Israël/Palestine, entre mythes et réalité

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Israéliens et Palestiniens semblent être les mêmes victimes, les mêmes assassins. Ils ont les mêmes bourreaux. Ils sont tout simplement humains, ils sont aussi nous, vous, Moi, si on se place au cœur de la chose. Leurs espoirs et désespoirs semblent être à partager. Il ne s’agit pas ici de fournir une analyse objective et rationnelle, ni même morale, fondée sur le droit pluriel onusien existant et érigé en loi au-dessus de l’Etat. Un droit qui est factuellement dénié par un régime nationaliste aveuglé (aux multiples facettes et paradoxes) et par des groupes identitaires violents de tous côtés et bords, à l’intérieur de frontières imaginaires façonnées par les idées et actions des Hommes au fil de l’Histoire. Le but de cette démarche est plutôt d’opérer une forme d’introspection analytique pour mettre en lumière quelques observations et schémas, par-delà les clivages. Par-delà, le bien et le mal. Par-delà l’Autre, l’autre-différend menant à l’autre-différent, lesquels sont projetés sur la scène extérieure.

Embrigadés, instrumentalisés, Israéliens et Palestiniens souffrent des mêmes maux et semblent s’emmurer à la façon d’Antigone dans leur propre crypte. Tous vivent entre des murs, check points et barbelés. Tous doivent témoigner de leur bonne appartenance au groupe sans trop se démarquer, auquel cas une répression morale, et parfois physique, serait alors subie. Leur identité sociale, à l’échelle de l’Etat, est contrôlée par la structure elle-même, leur identité sexuelle également. Tous vivent dans un monde extérieur prônant une morale autoritaire, aux structures sociales surveillées devenues militarisées et dans la sacralisation d’un pater-modèle-miroir extrêmement rigide. Tous vivent dans une forme d’angoisse et de terreur aussi. Israéliens et Palestiniens semblent être pris dans les filets de l’hétéronomie politique dont les schémas œdipiens ont été mis en avant par Castoriadis. Enfin, tous sont l’objet de différentes cibles de l’extrême, représentés comme des « palos » ou « sionistes », des « arabes » ou « juifs ». Leur identité est réduite à une appartenance à un groupe et ses représentations associées.

Au gré de l’Histoire, des dominateurs régionaux et dignitaires locaux, au fur-et-à-mesure de la petite chanson serinée, Palestiniens et Israéliens (autrefois appelés encore différemment) semblent s’être laissés embrigader et instrumentaliser du fait de leur aveuglement, de leur pathos collectif et de leurs affects par rapport à l’objet et ce, de façon tout-à-fait logique et naturelle. Une histoire d’amour, un objet encrypté, des non-dits, de l’indicible, de l’injustice jusqu’au déni, le déni de l’autre. Puis le crime, le crime à la pierre, le crime au couteau, le crime à l’arme à feu, le crime à la bombe. Cette stricte séparation en deux camps antagonistes n’est pas sans rappeler celle de l’antiquité, au retour d’une caste sacerdotale, lorsqu’Ezra entreprit de séparer « cananéens » et « juifs » alors mariés, priant les mêmes dieux et jouissant ensemble. Une vaine entreprise car des siècles plus tard, dans d’autres contrées, l’autre et l’autre (arabes et juifs) partageront des causes communes, une langue commune, une cuisine commune jusqu’à ce que la politique entreprise par de nouveaux dominateurs vienne encore les séparer.

Palestiniens et Israéliens ont de multiples points communs, surtout quand on sait tout le soin et l’énergie que des régimes et groupes autoritaires, encore dans l’histoire moderne et contemporaine, ont dépensé pour les séparer, les différencier et surtout museler leurs idées progressistes, laïques, mixtes et plurielles. L’histoire récente montre, en effet, qu’une répression ultra-conservatrice (idéologiqe sectaire identitaire) et populaire s’est exercée, en différents lieux et différentes époques, contre les juifs et arabes intellectuels, contre les « youpins » et les « bicots »  un peu trop idéalistes et progressistes, souvent assimilés à de la racaille, de la « mauvaise graine »,  « l’ennemi cause de tous les maux »… l’objet maudit à la fois craint et vénéré secrètement ? Ces courants autoritaires ultra-conservateurs et nationalistes, durant la guerre-froide, ont achevé de radicaliser et séparer les protagonistes en discréditant les faiseurs de paix à l’ONU. Des serineurs de loi autoritaire, vendeurs de modèle unique et de frontières de séparation… voilà qui sont les acteurs qui se disent représenter et défendre l’un ou l’autre.

Les habitants de l’Etat israélien et des territoires palestiniens occupés ont aujourd’hui les mêmes symptômes et subissent une répression si ce n’est identique, suffisamment violente pour avoir des effets ravageurs. Plus que jamais, ils sont l’instrument de régimes voyous appuyant leur légitimité politique et imposant leur modèle, notamment en utilisant le conflit israélo-palestinien. Ils se sont fait avoir comme des enfants car s’ils ouvraient grands les yeux, en faisant preuve de courage, de pragmatisme et de tempérance, ils réaliseraient que malgré les apparences trompeuses, l'autre est plus l’objet d’une pulsion et d’un désir refoulé, que l’ennemi national à redouter, cannibale et dévorateur... L’interdit, le rapport à l’objet sont des choses d’enfants. Il n’est pas interdit de vivre ensemble en se mettant d’accord sur une loi commune tenant compte de l’un et de l’autre. C’est à la société civile de sortir des non-dits en faisant un pied-de-nez à l’histoire, à la répétition des schémas. Et en disant adieu à l’islamisme, nationalisme… ces imaginaires nauséeux pour nihilistes « castrés » de l'extrême.

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