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Billet de blog 4 février 2015

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Révolution fiscale

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Il fut un temps où le peuple réclamait des taxes, un temps où la taxe était populaire, où des centaines, peut-être des milliers de personnes descendaient dans la rue pour réclamer de nouvelles taxes. Ainsi, les émeutes proto-révolutionnaires de 1775 avaient pour objectif rien moins que taxer le blé ! Heureux temps que celui-là, qui ne connaissait nul groupement de contribuables pour prononcer sentence et conduire en place de grève l’élu impénitent qui aurait eu l’outrecuidance d’augmenter la contribution des citoyens aux actions collectives.Il faut dire qu’en ce temps là, Guillaume II de Normandie, celui que l’on surnomma plus tard Guillaume Le Conquérant parce qu’il réussit l’exploit que nul ne réitérera après lui, n’était pas revenu sur nos rivages avec son lot d’anglicismes pour transformer notre TAXE en TAX, c'est-à-dire en impôt. Car au XVIIIème siècle, taxer signifiait simplement fixer un prix maximum. Les mœurs étaient bien étranges à cette époque : ils souhaitaient empêcher la hausse des prix et la spéculation qui l’accompagne toujours !


En ce début de XXIème siècle, l'actualité nous donne à voir un étonnant renversement, où la taxe contribue à renchérir les prix, éloignant les perspectives d’achats pour les plus modestes et enrichissant l’Etat sans empêcher la spéculation. Car aucune taxe carbone n’empêchera jamais aucune compagnie pétrolière, fut-elle anglaise, de multiplier ses profits…Et s’il est une révolution aujourd'hui nécessaire, c’est bien celle-ci : fixer le prix des biens et des services en fonction de leur coût pour la société, de leur impact humain ou environnemental. Le blé n’étant plus guère consommé tel quel dans notre pays, examinons donc le cas de cet aliment moderne et pourtant multimillénaire, déjà représenté sur les bas-reliefs étrusques au Vème siècle avant notre ère et dont il semble qu’on en trouve trace il y a plus de 5 000 ans en Chine : les pâtes. Et pour être plus précis, car la précision est mère de la fiscalité, les coquillettes, si prisées des enfants pour leur forme arrondie et leur capacité à retenir la sauce en leur cœur, exploit dont ne sont capables, il faut le reconnaître, ni les spaghetti italiennes, ni les nouilles chinoises. Et bien, après le grand soir fiscal, les coquillettes, composées à partir de farine de blé du Minnesota et emballées dans un sachet plastique fabriqué en Roumanie grâce au pétrole Kazakh, coûteraient 3 à 4 fois plus cher que des pâtes bio de Savoie, fabriquées à base de farine cultivée dans l’Ain et vendues en vrac dans un sac en papier recyclé isérois. Révolution fiscale mais révolution lexicale assurément, puisque moins cher ne signifierait désormais plus moins bon… Une nouvelle bastille est donc à prendre pour remplacer la TVA par la TCC, la Taxe sur le Carbone Consommé. Sans rendre à la taxe son sens premier -il est des batailles qu’il est inutile de mener tant l’issue est connue d’avance- nous lui rendrions au moins l’hommage qu’elle mérite en lui attribuant son objectif premier : fixer le prix des choses pour le bien-être du plus grand nombre

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