Je publie, ci-dessous, plusieurs textes locaux qui méritent d'être lu nationalement.
Notamment, le texte du NPA 86 sur la sitation, une lettre de la FCPE au recteur, une lettre de l'intersyndicale du lycée Victor Hugo de Poitiers au recteur et un communiqué du recteur.
Pour sûr, la mobilisation continue. Je ne prends pas le temps de commenter les différents textes, notamment celui du recteur incrusté de la mauvaise foi la plus totale. Je me retrouve pleinement sur le texte du NPA86, raison, aussi, pour laquelle je le publie.
Texte du NPA86 sur la situation :
Une chasse aux sorcières dans l’éducation nationale !
Le gouvernement a trouvé ses responsables aux attaques de Charlie Hebdo. Après avoir défilé aux cotés de grands dictateurs, il s’attaque à… l’école.
En 10 jours, deux enfants de 8 ans ont été convoqués au commissariat pour « apologie du terrorisme ». Peu importe les propos tenus en classe, il est ahurissant de voir que l’institution y répond par une judiciarisation excessive.
En parallèle trois enseignants se sont vus chassés de leur classe. Les deux premiers de l’académie d’Orléans et de Mulhouse ont été réintégrés très rapidement dans leurs classes suite à une réaction immédiate et très forte des collègues et des parents d’élèves.
Le troisième, Jean-François Chazerans, enseignant à Poitiers, passera en conseil de discipline le 13 mars… Le recteur n’entend rien !
Il est bon de rappeler que notre bon recteur a, il y a quelques semaines, transmis aux chefs d’établissement du secondaire, par l’intermédiaire de son équipe, un power-point islamophobe. Sa seule sanction fut une augmentation de sa prime annuelle de plus de 10 000€... S’il y a quelqu’un à sanctionner c’est bien lui !
Il faut réagir et vite !
Les collègues de Jean-François Chazerans le soutiennent, les parents d’élèves aussi ici
Jeudi 5 février ses collègues de la Vienne seront en grève et iront devant le rectorat à 10h, témoigner leur mécontentement et leur volonté de le revoir devant sa classe. Ils seront aussi à 7h45 et 12h devant son lycée, Victor Hugo.
Allons nous aussi le soutenir !
Lettre du conseil local FCPE du lycée Victor Hugo
Monsieur le Recteur,
Le conseil local FCPE du lycée Victor Hugo a appris par la presse la suspension de M. Chazerans. Nous ne pouvons que déplorer de ne pas en avoir été informés au préalable et regrettons vivement l’absence de communication et l’opacité qui ont entouré toute cette affaire.
Nous nous interrogeons autour des proportions prises par cet événement alors qu’un dialogue dans la transparence dès les premiers questionnements aurait pu apporter des explications et ainsi apaiser un climat devenu très lourd. Lors de cette concertation, les associations de parents d’élèves, acteurs de la communauté éducative, auraient pu jouer leur rôle.
Nous apprenons maintenant que l’accusation d’ « apologie d’actes de terrorisme » se réduit à celle de « propos déplacés ». Les élèves étaient-ils à ce point en danger qu’il fallût, de toute urgence, prendre une mesure conservatoire en suspendant l’enseignant ? Une telle décision, loin de calmer les esprits, n’est-elle pas de nature à inquiéter l’ensemble de la communauté et, en premier lieu, les lycéens eux-mêmes ?
Nous déplorons le développement de cette affaire qui trouble la sérénité nécessaire à un établissement scolaire, tant pour les enseignants que pour les élèves. La liberté de parole et d’enseignement dans le respect du cadre laïc, est un principe fondamental dans l’École de la République auquel nous sommes attachés.
Le rôle de la FCPE étant d’établir et d’entretenir un lien entre le lycée et les parents d’élèves, nous demandons un rendez-vous de manière à avoir tous les éléments pour informer utilement les parents et répondre aux multiples questions que nous avons déjà reçues.
Veuillez agréer, Monsieur le Recteur, l’expression de nos respectueuses salutations.
Le conseil local FCPE-lycée Victor Hugo, Poitiers le 02 février 2014
L’intersyndicale du lycée a écrit au recteur :
Monsieur le Recteur,
L’intersyndicale du Lycée V. Hugo tient à vous faire connaître sa stupéfaction à l’annonce de la suspension pour quatre mois de notre collègue Jean-François Chazerans.
Nous ne comprenons pas qu’une décision d’une telle gravité ait pu être aussi rapidement prise, et alors que le recueil de témoignages ne semble avoir concerné qu’un nombre extrêmement restreint d’élèves sur la totalité de ceux que Monsieur Chazerans a en charge.
Nous sommes inquiets du fait qu’un professeur puisse être aussi sérieusement mis en cause sur l’unique base de ce que quelques élèves peuvent rapporter sur ce qui peut être dit en cours. La gravité de la situation et des accusations portées à l’encontre de notre collègue aurait mérité que d’autres élèves et adultes de notre établissement soient amenés à témoigner.
Nous lisons depuis quelques jours dans la presse, qui rapporte, entre autres, vos propos Monsieur le Recteur et ceux de Monsieur le Procureur de la République, que cette mesure aurait été justifiée par « des plaintes de familles » faisant état de « propos déplacés pendant la minute de silence ». Les termes « apologie du terrorisme » sont également évoqués.
Nous pouvons témoigner que, malgré les délais d’organisation très courts, la minute de silence s’est tenue dans notre établissement sans incident, ni de la part des élèves, ni de la part des enseignants. Elle s’est tenue dans la cour du lycée, avec gravité et dignité. Nous ne comprenons pas comment M. Chazerans peut se retrouver accusé d’avoir tenu des propos déplacés pendant ce moment-là.
Par ailleurs, connaissant les engagements citoyens et humanistes de notre collègue, nous ne pouvons croire qu’il ait pu tenir des propos pouvant être assimilés à une apologie du terrorisme.
Au lendemain des attentats qui ont visé Charlie Hebdo et l’épicerie HyperCacher de Vincennes, dans ce lycée, comme dans beaucoup d’autres, les professeurs ont tenté de répondre aux élèves, de calmer leurs émotions en les aidant à passer à l’analyse, le tout dans la plus grande solitude. Les mesures prises à l’encontre de collègues mais aussi d’élèves, depuis la mi-janvier, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, ne permettent pas de ramener la quiétude nécessaire au bon fonctionnement du service public d’Education_ aujourd’hui, à la fois sollicité et mis en cause dans les médias. Tout particulièrement au Lycée Victor Hugo, nous nous sentons désormais sous la menace de mauvaises interprétations de nos propos éventuels par nos élèves, mais aussi sous la menace d’une enquête expéditive, à charge et d’une mesure dont nous ne comprenons les motifs.
Nous sommes tous conscients de nos devoirs de fonctionnaires, mais aussi de nos devoirs et droits de citoyens, libres de penser et libres de soumettre à nos élèves des éléments d’analyse des événements pour les aider à comprendre et à développer un regard critique sur le monde dans lequel ils vivent. Cela ne fait-il pas partie de notre mission éducative et républicaine ?
Nous demandons, Monsieur le Recteur, la réintégration de M. Chazerans dans ses fonctions d’enseignant de philosophie au Lycée Victor Hugo de Poitiers dans les plus courts délais.
Une réponse du recteur :
Suspension d’un enseignant dans l’académie de Poitiers : une enquête interne et un signalement au Procureur de la République en cours
La minute de silence décrétée par le Président de la République le 8 janvier dernier en hommage aux victimes après l’attentat contre Charlie Hebdo a donné lieu à une immense mobilisation dans l’académie de Poitiers de la part du personnel éducatif et des élèves. Le recteur tient à les remercier pour leur profonde dignité.
Cependant, quelques incidents très minoritaires ont été signalés.
Un enseignant, mis en cause par des témoignages écrits de parents d’élèves pour des paroles totalement inacceptables, a été entendu dans le cadre d’une enquête administrative menée immédiatement dans l’établissement.
Compte tenu des propos qui sont prêtés à l’enseignant, un signalement au Procureur de la République de Poitiers a été effectué. Ce dernier a décidé d’ouvrir immédiatement une instruction préliminaire.
Sans préjuger des conclusions de l’enquête interne en cours au sein de l’Education nationale, ni de la procédure judiciaire, le rectorat se devait d’écarter l’enseignant des élèves le temps de vérifier les informations transmises : c’est l’objet de la procédure de suspension qui a été prononcée envers l’enseignant. Cette suspension n’est pas une sanction mais une mesure conservatoire permettant de protéger à la fois les élèves comme l’enseignant.
Les procédures contradictoires sont en cours et ce n’est qu’à leur terme qu’il sera possible, ou non, d’établir la réalité des faits après audition de toutes les parties.
Il est important de les laisser aboutir sereinement et de ne pas propager des informations incomplètes ou inexactes.