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Billet de blog 21 avril 2014

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Cette lente recomposition...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

On y est. Nous connaissons désormais les participants de gauche au départ des élections européennes. Nous avons droit au pire scénario souhaitable. Pas moins de 5 listes de gauche, dont 3 listes anticapitalistes et antilibérales. Des sondages désastreux pour la dite gauche, divisée, laminée, face à une droite et une extrême-droite largement en tête. Un espèce de 21 avril se prépare pour les européennes de mai prochain. Une vague brune devrait se vautrer sur le parlement européen.

Pourtant il aurait été possible que les choses se passent autrement.

Les sectarismes nous plombent...

Aussi bien celui de Lutte Ouvrière, qui a refusé de manifester le 12 avril contre le gouvernement et d'envisager des listes unitaires à la gauche du PS aux municipales et aux européennes, que celui des « courants » du NPA, qui crient à la trahison de la direction actuelle, pour avoir à la fois participé à un grand nombre de listes unitaires aux municipales et proposé d'en faire autant aux européennes.

Nous voyons bien ici une divergence politique. Car les listes sur lesquelles le NPA était présent, étaient des listes d'opposition de gauche à la politique social-libérale du gouvernement, et à la droite et l'extrême-droite. D'ailleurs, ces listes unitaires (entre le FDG et le NPA, très rarement avec des groupes locaux EELV) ont permis, dans une certaine mesure, d'enrayer la progression du FN.

Il est à noter toutefois que les délimitations stratégiques, chères à ces camarades, ne se font que dans l'action, et qu'il est arrivé parfois que des fusions aient lieu avec le PS, la situation n'étant pas toujours mûres. Le NPA a alors rompu lorsque les fusions étaient inacceptables (à Avignon) ou a fusionné lorsque le PS acceptait des fusions techniques, c'est-à-dire presque jamais. Dans nombre de cas, la question des fusions ne s'est même pas posée, notamment avec les camarades du PG et d'Ensemble !, les choses étant très claires dès le début sur les rapports au Parti Socialiste.

Le résultat, quoi qu'on en dise, à la sortie des municipales, est que la stratégie de construction d'une opposition de gauche, définit par le dernier Congrès du NPA, s'est avérée la bonne. Partout où des listes unitaires d'opposition de gauche ont vu le jour, nous réalisons de bons scores.

Le Front de gauche, c'est le passé...

Le Front de Gauche, lui, est parvenu à faire ses listes. Plus exactement à trouver un accord sur les têtes de listes. Les partenaires ne s'entendaient pas entre eux... pour les places. Un vrai débat politique de fond, en somme.

Le NPA a adressé un courrier au Front de Gauche, pour construire des listes communes aux européennes. La première réponse des dirigeants communistes a été de pester contre l'arrivée tardive de ce courrier. Suite à une réunion, le Parti de Gauche a accordé ses violons avec ceux du PCF. En gros, notre courrier est génial, mais il arrive trop tard. Le courrier est arrivé tard effectivement. Mais il est pour sûr arrivé plus tôt que celui du Front de Gauche que nous attendons encore. Questions donc. Le FDG ne nous a pas contacté pour quelle raison ? Parce que cela lui était déjà très difficile de s'entendre avec les partenaires actuels pour les têtes de listes et qu'un de plus aurait rendu la tâche impossible ? Ou est-ce parce que les problèmes internes au Front de Gauche, ses divisions sur la stratégie avec le PS au moment des municipales, font de lui un outil inutile pour développer une large et puissante opposition de gauche, politique et sociale ?

Les deux sans doute.

Pourtant, dans un nombre conséquent de villes, où le PCF est allé se prostituer avec le PS pour des places, dans une pratique politique très proche du sadomasochisme, des rassemblements se sont orchestrés entre le PG et Ensemble !, souvent avec le NPA, parfois avec des groupes EELV... Il est même arrivé quelques fois que le PCF parte avec le NPA, et avec l'ensemble du Front de Gauche. Qu'advient-il, donc, de ces rassemblements ? Ils n'étaient que des alliances locales et maintenant tout le Front de Gauche se retrouve, après s'être insultés pendant des mois ? Comment les camarades du PG et d'Ensemble !, qui siègent dans des oppositions de gauche de conseils municipaux face à des élus communistes bien rangés derrières les barons locaux du PS, font-ils pour se retrouver tranquillement avec eux pour faire campagne aux européennes, en laissant tomber les militants du NPA, avec qui ils siègent et avec qui ils ont mené campagne aux municipales ? C'est une drôle de manière de considérer la cohérence et le respect en politique.

Un front d'un type nouveau.

Parce qu'en effet le sectarisme se trouve partout. Il ne s'agit pas de se draper de l'unité pour échapper aux attitudes fermées. Les camarades d'Ensemble !, dans un communiqué national, étaient pour faire des listes unitaires. Mais le jour de la réunion avec le NPA, ils ont préféré se ranger derrière une logique de raison : ils ne pouvaient pas remettre en cause l'accord interne au Front de Gauche, faire tout capoter et, au Dieu !, perdre la tête de liste qui leur est promise.

Pourtant ces camarades, et même localement, n'hésitent pas à qualifier le NPA de « sectaire ». Le NPA de Poitiers serait d'ailleurs un coup « moins sectaire que le reste du parti » et une autre fois « pas sectaire à Poitiers ». On sent la progression positive passant du « moins » au « pas »... On attend désormais l'autocritique vis-à-vis de la direction des Fronts de Gauche, ou alors nous repasserons pour les leçons d'unité. Surtout que l'heure est grave, qu'il est plus que temps de nous rassembler.

Mais se rassembler comment ? Parce qu'il n'y a rien de sectaire à poser des questions. Le PCF fait-il parti intégrante d'un front d'un type nouveau à construire ? Est-ce le cas d'EELV et de la gauche du PS ? Je pense que pour le PCF il n'y a pas de doute, oui il faut construire avec ses militants, mais à la base, dans les luttes d'abord. Car comment construire, seulement par en haut, un accord convenable avec ce parti ? Avec EELV et la gauche du PS, cela est plus compliqué. Il est difficile de s'adresser directement à ces partis. En revanche, nombre de leurs militants et de leurs sympathisants doivent trouver leur place dans une opposition de gauche à construire.

Il n'y a pas de moule tout prêt pour un nouveau front. Ce qui est certain en revanche, c'est que ce front ne peut pas être qu'électoral. Il doit prendre au sérieux la question des luttes et leurs liens avec les élections et les autres questions politiques. De la politique, il y en a dans la rue... elle n'est pas réservée aux partis.

Sur les bases de la mobilisation du 12 avril, où se sont mêlés les partis de la gauche radicale, du PCF à Alternative Libertaire, en passant par le NPA, le PG et Ensemble !, avec des syndicats CGT, Solidaires, FSU ; plus des associations pour le Droit au Logement, les intermittents du spectacle et les postiers en lutte, nous devons construire du neuf à gauche. C'est le projet du NPA, rassembler tous les anticapitalistes et faire en sorte que tous les travailleurs et les jeunes, celles et ceux qui n'en peuvent plus de ce système, se retrouvent ensemble dans un front social et politique. Il faut construire ce front à la base, en s'appuyant sur la mobilisation du 12 avril, en préparant d'autres actions, locales et nationales, pour faire émerger une alternative politique à gauche d'un autre type. C'est ce que nous porterons avec le NPA pour les élections européennes, seuls, malheureusement. Mais ce message doit passer, portez-le avec nous.  

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