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Billet de blog 21 juillet 2014

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Réflexions sur la lutte de solidarité avec la Palestine.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La mobilisation actuelle concernant la Palestine permet de mettre sur la table la question de la lutte, des moyens et des objectifs de chacun. 

Là encore, nous constatons une division importante de la gauche, notamment vis-à-vis de la manifestation pro-palestinienne interdite par le gouvernement Hollande-Valls-Cazeneuve. 

En effet, ces derniers (ministres du gouvernement et Hollande lui-même) voient dans la mobilisation de l’antisémitisme, suite à l’agression d’une synagogue rue de la Roquette à Paris lors d’une manifestation qui a rassemblé 30.000 personnes. Cette agression serait pourtant le fruit de provocations de la LDJ, et liée à l’action de quelques dizaines de personnes… sur 30.000. 

Le CRIF aussi voit de l’antisémitisme et considère même le NPA (l’un des organisateurs de la manifestation de samedi qui s’est tenue malgré l’interdiction) comme « antisioniste pour ne pas dire antisémite » (http://www.rtl.fr/actu/societe-faits-divers/manifestations-pour-gaza-le-npa-nouveau-parti-antisioniste-accuse-roger-cukierman-7773324704). Il faudrait je crois mettre le CRIF en procès pour diffamation. 

Nous voyons ici les défenseurs éternels de l’Etat israélien, Etat hébreux/religieux, rappelons-le, qui ne sépare absolument pas religion et politique. 

Mais venons-en aux autres, à celles et ceux qui soutiennent la lutte palestinienne. 

Ici aussi, les divisions prennent le pas. En effet, dans les partis du mouvement ouvrier traditionnel, seuls le NPA et Ensemble! ont participé à la manifestation interdite. 

J’ai cru dans un premier temps que l’absence du PCF, du PG et d’EELV était due à l’absence de cadre légal. Le respect de la loi « républicaine » et tout et tout. Cela mérite déjà une explication, car il se trouve effectivement qu’une partie de ces camarades ont refusé de briguer l’interdit. Pourquoi ? D’abord parce que l’essentiel de leur activité politique repose sur l’activité électorale et institutionnelle. Ils ne souhaitent pas que l’on puisse faire céder un gouvernement par la rue s’ils ne contrôlent pas le mouvement pleinement. Leurs revendications sont de respecter les prises de positions de l’ONU (quelle légitimité a l’ONU pour la vraie gauche?), de demander la paix (dans quelles circonstances? pour maintenir le statu quo?), et cela dans l’idée, toujours, que la communauté internationale prennent ses responsabilités. 

Si la France, demain, devait reconnaitre la Palestine et demander le départ des colons israéliens de Palestine, cela serait parfait. Mais qui peut croire que cela arrivera? 

La réalité, c’est que le peuple palestinien doit gagner et pour gagner, une lutte solidaire internationale doit s’opérer. La manifestation de samedi dernier, de surcroit parce qu’elle était interdite, était l’occasion d’envoyer un message fort. La gauche institutionnelle pro-palestienne en a décidé autrement et appelle au rassemblement « pacifiste » de mercredi 23 juillet, organisé par le Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens. Le NPA (qui fait parti du collectif avec une cinquantaine d'autres organisations) y participera car toutes les mobilisations palestiniennes doivent être soutenues. Il est nécessaire d'unir nos forces pour le peuple palestinien.

Cela dit, le NPA et les autres partis de gauche présents à la manifestation de samedi ont eu raison d'y participer et il est fort dommageable que les autres ne s'y soient pas joint.

En effet, le NPA a eu raison parce qu’il faut amplifier la solidarité et la lutte. Raison aussi pour y porter un message internationaliste, clairement opposé à tous les racismes (http://npa2009.org/communique/la-solidarite-avec-les-palestiniens-est-legitime-et-na-rien-voir-avec-de-lantisemitisme). 

Dans un article de presse, nous constatons que le PCF n’aurait pas participé pour ne pas se trouver aux côtés du Hamas et de Soral (http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/07/19/l-appel-a-la-manifestation-maintenu-malgre-l-interdiction_4459998_3224.html) ; un drôle de raccourcis tout de même laissant le champs libre à ceux qu’ils dénoncent. Par ailleurs, il est facile de rejeter le Hamas (pour qui je n’ai pas d’affection politique) comme une force obscure sans légitimité. Le Hamas a une vraie légitimité en Palestine. Dans un billet, Julien Salingue revient sur les approximations voire la désinformation autour de cette lutte (http://www.acrimed.org/article4407.html). 

Enfin, la palme revient à Jean-Luc Mélenchon qui dit les choses sans les dire vraiment mais cela nous permet de comprendre son absence de samedi. Sur Facebook, il publie le commentaire suivant (dégueulasse par sa forme autant que par le fond) : « Il ne faut jamais confondre notre patrie républicaine idéale avec les occupants momentanés du pouvoir qui la représente. Je suis fier de la France dont la mobilisation contre les crimes de guerre à Gaza prouve l'humanisme et l'universalisme. Je suis fier des français qui gardent leur sang froid en dépit des provocations ethnicistes de toutes sortes auxquelles se livre leur propre gouvernement. Va ma patrie! Ton coeur t'ouvre la raison. Mercredi, a l'appel de nos organisations manifestons. Que notre nombre, notre calme notre discipline épuise les provocations, les manipulateurs du gouvernement et des sectes ethnicistes. ». 

Si l’on enlève les envolées lyriques « patriotiques », tout va bien jusqu’à l’utilisation du terme « ethniciste ». Ce terme vient là où on l’attend dans la bouche de celui qui voyait aussi dans les bonnets rouges des esclaves qui manifestent pour les droits de leurs maîtres. 

Nous retiendrons aussi l’appel à « la discipline ». Mais la discipline de qui envers qui ? 

Au même titre que pour la question du Tibet, de la Centrafrique, de la Lybie… le PG met à la fois en avant les intérêts de la France et s’en prend aux communautaristes. Pour être tout à fait honnête, dans le cas israelo-palestinien, le PG s’en prend aux communautaristes des deux camps. Mais malgré son esprit « mesuré », le PG oublie que cette lutte n’est pas religieuse. Si des groupes religieux s’emparent de ce sujet c’est justement parce que ce genre de réactions leurs permettent d’exister. En effet, les pro-palestiniens qui n’ont pas participé à la manifestation de samedi n’ont pu y défendre leurs propositions auprès des milliers de manifestants présents en les offensant, de surcroit, de manifester avec Soral et le Hamas, ce qui est globalement faux d’après les témoignages de confiance que l’on a pu avoir (http://www.mediapart.fr/journal/france/200714/barbes-manifestation-interdite-et-souriciere-policiere).

Je suis pour ma part triplement touché par ce qui se passe actuellement. 

D’abord par ce qui se passe en Palestine, un peuple sans Etat ni armée, bloqué sur un petit territoire, qui se fait massacrer par l’une des plus grandes puissance militaire du monde.

Ensuite parce je ne crois pas en l’idée d’une sortie de crise par la création de deux Etats. J’affirme être anti-sioniste au sens vrai du terme, car je ne reconnais pas l’Etat hébreux. Je suis pour une Palestine libre, laïque, unifiée, où vivraient juifs, musulmans, chrétiens, arabes, athées et tous les autres. Or, peu sont ceux qui portent cette revendication.

Enfin, je suis triste d’être insulté d’antisémite parce que je lutte contre un apartheid, contre un massacre, contre un crime sanguinaire. Les crimes doivent être dénoncés, peu importe qui en est à l’origine. Ce sont ceux qui voient de l’antisémitisme ici qui font passer les juifs comme responsables d’une telle ignominie. Cela ne me viendrait jamais à l’idée d’assimiler un peuple à un Etat.  

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