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Billet de blog 21 décembre 2016

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Equilibres et arithmétique dans la recherche des signatures d'élus

Depuis le mois de mai, mais surtout depuis le mois de septembre, des dizaines de militant-es du NPA sont sur les routes. J’en suis. J’en fais donc profiter.

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500. C’est le nombre à atteindre. Et on n’y est pas encore. Depuis mon dernier billet ici même, Le dur labeur des parrainages, les recherches continuent. Le moins que l’on puisse dire c’est que le seul ouvrier candidat à l’élection présidentielle, Philippe Poutou, n’est pas certain d’être présent en avril 2017. Entre 160 et 200 promesses de signatures ont été obtenues. On progresse, tranquillement, sans doute trop tranquillement, mais on progresse toutefois.

Mes billets sur le sujet visent à donner quelques exemples cocasses, dans mes recherches dans le Poitou-Charentes, à l’image d’un carnet de bord.

Mes recherches de signatures, en quelques chiffres :

4 : le nombre de congés posés pour aller aux signatures. Et on peut annoncer que le chiffre va doubler, et même plus, d’ici le mois de mars. Elu-es, ayez au moins pitié de ça, parrainez :)

143 : c’est le nombre de communes où je suis allé, sur trois départements différents : la Vienne (86), la Charente (16) et l’Indre (36).

50 : c’est approximativement le nombre de maires rencontrés.

250 : c’est en kilomètres la moyenne d’une « tournée ». J’ai été idiot de ne pas compter le nombre de kilomètres effectués depuis le début… Mais j’en suis à 7/8 tournées, plus des petits trajets. 2000 kilomètres environ. En plus d’être antidémocratique, cette loi des parrainages obligatoires est un scandale écologique ! :P

1 : c’est le nombre de député ayant accepté de me voir ! Les autres n’ont même pas répondu…

Une petite photo (excusez-moi pour le bordel) avec les documents nécessaires pour aller à la pêche aux signatures.

Illustration 1
Les outils du chasseurs de signatures... © A.R

De gauche à droite, le 4-pages expliquant la campagne ; la lettre de Philippe Poutou, signée aussi par les porte-parole ; le document à faire signer ; un tract de la manif de soutien à Alep qui traine ; une liste de communes à faire.

Illustration 2
Arthur aux signatures. © M.L.

Bon, puis aller aux signatures, c’est quand même un peu difficile à gérer. En plus des 8 heures de travail par jour, la vie de famille peut en prendre un coup… et les vacances scolaires peuvent t’emmener à faire « travailler » ton gamin. N’y voyez aucune tentative de corruption des maires par l’émotion, c’est juste que t’as pas le choix et que t’embarque le môme (qui aura le droit d’aller à la piscine ou à la ludothèque l’après-midi, et de manger du fromage au chocolat, pour cette activité relou du matin).

Oui parce que quand même, quand on prend le petit (ce qui n'est arrivé qu'une fois en fait) on ne fait les signatures que le matin. 

C'est la recherche des équilibres entre salariat, vie de famille, militantisme. Dans cette recherche, par moment, on mélange un peu tout, mais comme ça au moins on est ensemble, car le pire c'est de ne pas se voir, de ne pas échanger, de ne pas rire, d'être éloignés. Même si c'est aussi la vie, d'être séparés. Mais le moins possible, c'est le mieux. 

Et comme on essaye de rationnaliser le temps comme on peut, bah aux signatures, j’y vais aussi avec mon papa. Magnifique photo - plus bas à gauche - prise à Juillé, au mois de Juillet (non c’est des conneries, mais ça sonne bien). « Prise en été », là ça marche par contre. A noter l’année « 1888 ». Juillé, c’est en Charente, ma patrie de naissance. Lors d'un weekend chez les parents, ou pendant des vacances, on se lève un peu plus tôt, on saute dans la Saxo et c'est parti pour une tournée avec France Bleu La Rochelle qui crache - assez mal faut dire - un peu de tout, et notamment des infos concernants des élu-es (hé hé !). Même si on met surtout cette radio pour chanter qu'on n'est "pas des héros", et qu'on va aux signatures "en chantant". Trêve de plaisanterie, j'ai tendance à vite m'engouffrer dans les détails. C'est ce qui m'intéresse le plus. Les choses qui peuvent paraître banals me passionnent. Les visages, les vêtements, ce que boivent les gens lorsqu'on fait la pause au PMU (ça c'est quand je suis avec mon père le samedi matin en Charente), ce qu'il y a d'affichés dans les communes. J'aime bien aussi me demander d'où viennent les noms des communes où l'on va, pour Ventouse, je n'ai toujours pas trouvé. 

Bref, volontairement dans ce billet, je ne parle pas de "nous", de la campagne Poutou, mais plutôt des détails. Les maires, les petites communes, sont souvent vus comme des détails dans le monde politique, alors qu'ils représentent la société, une partie de la société, oubliée des élites. Pour de nombreux candidats à la présidentielle, les 500 signatures, ils n'y pensent même pas, ils n'en n'ont rien à faire. Ils déposeront 3000 signatures de maires sur lesquels ils font des pressions indirectes. Et de cette manière ils empêchent à d'autres candidats d'être présents. C'est pour cela qu'il faut prendre le temps de discuter avec les élu-es, de la démocratie, de la vie de la commune. Mais aussi avec les secrétaires de mairies, qui sont parfois aussi vendeuses de pain, ou guichetières pour la Poste. Elles ne sont pas que des intermédiaires : elles sont des travailleuses. 

Illustration 3
Juillé en été avec Gégé © A.R.

On ne perd pas de temps en allant aux signatures. On fait déjà de la politique. On créé des liens, on découvre de nouvelles personnes, de nouveaux territoires. Le seul hic, c'est qu'à la fin, on peut te dire "avec tes 499 parrainages, tu ne peux pas te présenter". Alors que tu as bossé, que tu es allé sur le terrain, et que politiquement, ton courant existe dans la population. Les élu-es peuvent et doivent le comprendre, et nous parrainer. 

En attendant, on s'organise comme on peut. Car, dans le même temps, les autres tâches militantes continuent : soutien aux migrants, luttes écologistes, soutien à Alep et à la révolution syrienne... etc.

Vivement la réduction massive du temps de travail, que l’on puisse faire « la révolution tranquille ». Non mais sans rire, c’est un peu le bordel, c’est vrai, mais c’est sympa quand même, quand on arrive à le faire à plusieurs, entre amis, en famille, entre camarades. Et quand tu as une signature, tu fais péter une bouteille de pineau en rentrant ! En espérant qu’on les aura, ces 500 signatures, et on fera péter le tonneau, cette fois !

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