Avec plus de 25% des voix pour le Front National, ce dernier sort grand gagnant du scrutin européen. La droite traditionnelle obtient plus de 20%, le centre-droit plus de 10%. Si on ajoute tous les petits groupes catholiques, royalistes, souverainistes de droite… la droite, et l’extrême-droite, dans sa globalité obtient plus de 60% des suffrages exprimés (environs 43% de personnes sont allés voter).
Le pouvoir socialiste prend pour sa part une claque pharaonique. Avec 14,5% des voix aujourd’hui, le PS détient le pouvoir mais ne peut s’appuyer sur un aucun soutien populaire. Ses ex-alliés écologistes perdent 7 points par rapport à 2009, mais dans la conjoncture actuelle, EELV s’en sort plutôt bien avec 9%.
La gauche radicale ne profite pas de la crise politique et sociale. Pire même, elle en est victime. Le Front de Gauche stagne vis-à-vis du score de 2009, mais c’est un très mauvais résultat qu’il obtient. Avec 6,5%, pour la première fois depuis sa création (bien qu’il se renforce en terme de partis le constituant) le FDG ne progresse pas électoralement. En effet, depuis les européennes de 2009, le FDG avait augmenté son score aux régionales, puis aux cantonales, puis aux présidentielles (l'apogée avec la dynamique engagée par la campagne Mélenchon), législatives (petite baisse, quand même, par rapport à la présidentielle)… Les municipales (pour lesquelles il n’a pas été possible de savoir si le FDG progressait ou non puisque ses composantes, dans une grande majorité des cas, étaient sur des listes concurrentes) ont vu d'une certaine manière le FDG s'effacer, laissant place à des rassemblements de la gauche radicale différents (avec le NPA notamment) réaliser de bons scores. Cette séquence a d’ailleurs sans doute des conséquences sur les mauvais résultats obtenus par le FDG aux européennes par manque de lisibilité politique.
Le NPA, quant à lui, est victime d’une erreur majeure : celle de ne pas avoir eu de profession de foi dans les boîtes à lettres. Qui, à une échelle de masse, à part les militants et sympathisants savait que nous étions présents ? Certes, cela n’aurait certainement pas permis de faire de gros scores, mais nous n’aurions pour sûr pas été aussi bas (entre 0,4% et 0,8% selon les circonscriptions). Néanmoins la campagne a été mené sur le terrain, permettant de faire quelques contacts. Mais cela ne peut pas être suffisant et une remise en cause tactique est nécessaire.
Que faire maintenant ?
Il reste de l’espoir. 57% d’abstention, avec des scores aussi faibles pour la gauche, sous-entend que celles et ceux qui se sont abstenus sont plutôt de gauche. Mais ils sont déroutés par le triste spectacle offert par cette gauche qui, au pouvoir, mène une politique de droite, et dans l’opposition, tergiverse à engager une lutte majeure pour faire reculer l’austérité et le gouvernement.
C’est pourquoi, sur les bases de la mobilisation du 12 avril, nous devons être en mesure avec le FDG, LO et le mouvement social, de construire un front large et inclusif pour prendre la rue contre l’austérité, contre l’extrême-droite et le racisme, pour l’éco-socialisme et la démocratie… Sans une mobilisation sociale radicale et d'ampleur, nous nous dirigerons vers les abîmes.
Toutes celles et ceux qui ont voté pour le NPA, LO, le FDG, toutes celles et ceux qui ne l'ont pas fait mais qui croient au changement anticapitaliste, solidaire, antiraciste, doivent s'engager politiquement. Il faut prendre ses affaires en main, se mobiliser, prendre parti ; ne pas seulement compter sur les autres.
De plus, les très mauvais scores de la gauche radicale sont une occasion pour que chacun prenne du recul et fasse une analyse humble de sa propre situation : divisé, le mouvement ouvrier ne peut gagner quoi que ce soit.
Alors, face à une montée en puissance de l’extrême-droite et de ses idées, il faut imaginer et construire rapidement des suites unitaires dans la rue et les urnes. C’est la seule issue possible.