Je ne pensais pas que Mélenchon irait aussi loin...
Je ne partage quasi rien des positions qu'il défend dans son texte Reconstruire l'Etat, notamment sur le renforcement de la police et de l'armée. L'ami Jean-Luc oublie-t-il que seulement quelques jours avant les attentats une manifestation parisienne des quartiers populaires réclamait l'arrêt des contrôles aux faciès, ou encore dénonçait les meurtres policiers à l'occasion du triste anniversaire de la mort de Zyed et Bouna ? Il devrait regarder les vidéos de la superbe émission organisée sur Mediapart où le collectif "Urgence, la police assassine" était présent.
Et que dire de la référence à "l'Etat fort"... Fort pour quoi faire ? Contre qui, quoi ? Avec qui ? Comment ? Les références à l'Etat fort dans un texte où l'on parle essentiellement de la police et de l'armée, sont assez flippantes.
Ou encore, quoi penser de la fine dialectique nous expliquant que l'explosion des dépenses militaires et policières - sécuritaires - est une brèche pour lutter contre l'austérité ! Comme si les flics que l'on recrute aujourd'hui ne seront pas en face de nous dans les manifestations sociales et écologiques de demain ! La police et l'armée ne sont pas neutres... Le vieux slogan "Police nationale, police du capital", bien qu'un peu provocateur, n'en est pas moins totalement juste.
Je vous invite aussi à lire son passage sur la reconstruction des frontières, qui seraient "des portes". Mais, bien entendu, vous serez fouillés pour rentrer, faut pas déconner. Cela donne pas trop envie d'aller boire l'apéro chez JL et de passer sa porte d'entrée.
Mélenchon parle ici de souveraineté nationale, comme si les habitants d'une même nation avaient les mêmes intérêts, entre patrons et ouvriers, entre fascistes et gauchistes, au lieu de parler de souveraineté populaire, qui n'a pas grand chose à voir avec la Nation. La souveraineté populaire peut être locale, nationale parfois, ou, c'est mon souhait, internationale. Au passage, on a le droit à toute la vomissure "républicaine", le bleu-blanc-rouge en photo d'article (comme le drapeau qu'il a mis à sa fenêtre ce jour). Même si ce n'est pas cité dans le texte, Mélenchon nous fait tout un scandale parce qu'il s'est retrouvé près de Le Pen aux Invalides... Mais qu'y faisait-il ? C'est de la pure mauvaise foi... S'il ne veut pas être aux côtés de Le Pen, il n'a qu'à ne pas participer à une union nationale avec elle et avec un gouvernement qui reprend tout le programme frontiste !
Enfin, et c'est sans doute le plus grave, quoi que tout l'est, pas de dénonciation de la guerre, normal pour un homme qui souhaite s'appuyer sur Poutine et Assad, bourreaux des tchétchènes et des combattants syriens. Pas un mot non plus pour soutenir les kurdes et les combattants syriens de l'ASL.
La fin du texte dénonce l'Etat d'urgence, et c'est très bien, mais rien, vraiment rien de l'argumentation menant à cette conclusion ne permet d'envisager ce personnage dans un rôle positif pour les travailleurs et la jeunesse... Espérons, au moins, que le vote indéfendable des députés et sénateurs FDG et la grande majorité des députés et sénateurs EELV, permettra que des militants sincèrement opposés à DAECH et sa barbarie propre, mais aussi à ce qui a donné DAECH, c'est-à-dire la guerre, les pillages impérialistes, le racisme... A celles et ceux, opposés à l'Etat d'urgence et à ses conséquences, de trouver le chemin de la convergence, pour un mouvement unitaire pour la paix et la liberté. La situation extrêmement importante que nous vivons actuellement nécessite de telles décisions, et sans aucun doute des ruptures. Les enjeux sont bien plus grands que des places aux régionales, et les conséquences risques d'être irrémédiables pour beaucoup de ceux qui ne rompront pas avec l'Etat et son appareil répressif.
(1) : http://melenchon.fr/2015/11/24/reconstruire-letat/