1. D'abord le qualificatif d'extrême-gauche ? Qu'englobe-t-il ? Aujourd'hui Jean-Luc Mélenchon, social-démocrate, est répertorié à l'extrême-gauche... d'où la recrudescence du terme "ultra-gauche" pour les anarchistes, qui ne veut rien dire. Bref, pour faire court, l'extrême-gauche, c'est ceux qui étaient avant les "gauchistes", c'est-à-dire celles et ceux qui se positionnaient à la gauche du PCF (trotskystes, maoïstes, anarchistes, situationnistes...). La chute de l'URSS remet clairement en cause le qualificatif "d'extrême-gauche", je pense, sauf à se placer dans une tradition militante internationaliste.
2. Ensuite, vient la question du racisme anti-juif, de l'antisémitisme. Il serait donc historiquement lié à l'extrême-gauche d'après certains (https://twitter.com/lepolitique_fr/status/979075080545284096). Le problème, c'est que fondamentalement, il n'est pas possible d'être d'extrême-gauche et raciste : de fait, le racisme vous exclu de cette idéologie politique, l'antiracisme étant sans doute LA valeur centrale de la gauche ("Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !"). C'est la question sociale qui détermine les camps politiques, pas les races (présumées), les religions ou les nationalités. Il n'y a donc pas un lien historique entre gauche et antisémitisme. C'est l'extrême-droite et la droite qui cultivent ce lien.
3. Aussi, il est arrivé, plusieurs fois, que des groupes de gauche, mais plus souvent des individus, rejoignent les thèses de l'extrême-droite. Staline (qui n'était pas d'extrême-gauche, rappelons-le, l'extrême-gauche se constituant principalement en opposition au stalinisme) a organisé en URSS des politiques antisémites. Individuellement, des militants ont pu quitter l'extrême-gauche pour rejoindre l'extrême-droite (comme Ménard). Il y a des phénomènes de transfuges, ou de "rouge-brunisation", c'est vrai, parfois. Mais ce n'est alors pas l'extrême-gauche qui arme idéologiquement ces antisémites, mais bien l'extrême-droite qui gagne des personnes à ses idées.
4. Pour en revenir rapidement à l'antisémitisme, posons quelques questions. L'identification du CRIF et d'autres, de tous les juifs à l'état d'Israël, n'est-elle pas antisémite ? Dire que l'antisionisme c'est de l'antisémitisme, ce qui revient à dire que la critique de l'état israélien c'est la critique des juifs, et donc que les Juifs c'est un Etat et une politique propre, ce n'est pas raciste ? Il s'agit pourtant d'une essentialisation dangereuse des juifs à un Etat qui est raciste jusqu'avec les juifs (noirs, arabes).
5. C'est pourquoi l'extrême-gauche de la LCR (mon courant politique) fût fortement composé de juifs internationnalistes et révolutionnaires. Le fait même d'être à l'extrême-gauche était pour eux dans les années 60/70, et pour nous aujourd'hui, une manière de lutter contre l'antisémitisme et le fascisme parce qu'idéologiquement, le discours "sans frontières, sans nationalismes", parce qu'il est aussi antisioniste, lutte contre l'antisémitisme et toutes les formes de racisme, pour une fraternité et une sororité mondiale entre tous les peuples (voir le film documentaire "Nous vengerons nos pères"). En plaçant le capitalisme et l'impérialisme comme les causes des souffrances du monde.
6. Ne nous y trompons pas. Les attaques que nous subissons visent à nous décrédibiliser. Il faut afficher une solidarité entière avec Jean-Luc Mélenchon qui a été viré de la marche blanche pour Mireille Knoll, non pas par des juifs, mais par l'extrême-droite sioniste. D'ailleurs, Le Pen fût mieux traitée. Il est urgent de faire revivre un antiracisme militant, de masse, de gauche, internationaliste, de l'air, de l'air, ouvrons les frontières, de Poitiers à Gaza, de Calais à Mexico, unissons-nous!