Contre toute attente et malgré ses démêlés judiciaires, Trump a convaincu les Américains et reprend les rênes du pays pour un second mandat, une victoire qui bouleverse la scène politique et diplomatique mondiale. À 78 ans, le nouvel élu promet de "mettre fin aux guerres" – en Ukraine et à Gaza notamment. Mais ne nous trompons pas : il serait naïf de penser que l’Amérique s’engage soudainement dans une ère de paix universelle. Loin de l’époque où, selon la Bible, "le loup habitera avec l'agneau" (Ésaïe 11:6), le retour de Trump annonce des jours sombres, autant pour l’Amérique que pour ses alliés.
Un "artisan de paix" aux choix inattendus, mais clivants
Trump n’a pas caché son intention de se poser en médiateur de paix, notamment dans les conflits les plus brûlants de la planète. Contrairement à son prédécesseur, il a critiqué les bombardements intensifs sur Gaza et laisse entendre qu'il souhaite reconsidérer l'approche de Washington envers Israël et la Palestine. Joe Biden, en soutenant ces actions, a sans doute contribué à la défaite de sa successeure, Kamala Harris, dans une Amérique où le désir de paix est fort, mais pas au prix d'un soutien inconditionnel aux conflits en cours. Cette position anti-interventionniste, cependant, n'est pas un gage de stabilité, et ne doit pas masquer l'agenda protectionniste et nationaliste de Trump, qui menace de fragiliser les alliances traditionnelles des États-Unis.
Un protectionnisme qui risque d'étouffer l'économie américaine
Le "America First" de Trump n’a jamais disparu ; il est même renforcé avec une proposition phare : une taxe de 10 % sur toutes les importations. Cette mesure, présentée comme un moyen de relancer la production intérieure, risque en réalité d’asphyxier les entreprises et d’alourdir les coûts pour les consommateurs américains. Les importations ne se limitent pas aux biens de consommation – il s'agit aussi de matières premières, de pièces détachées, de composants essentiels pour des milliers d’entreprises. Cette taxation frappera aussi bien les petites entreprises que les grandes industries, qui verront leurs coûts augmenter dans un contexte économique déjà sous pression. De plus, cette taxe de 10 % pourrait déclencher une riposte économique internationale, où chaque partenaire commercial pourrait répliquer avec ses propres barrières, ce qui risquerait de plonger l'économie mondiale dans une guerre commerciale d’une ampleur sans précédent.
Un désengagement de l’OTAN qui fragilise les alliances
En plus de son protectionnisme économique, Trump met en péril les alliances militaires de l'Amérique. Sa promesse de ne plus assurer la défense des alliés de l’OTAN qui ne "paient pas leur part" est une attaque directe contre le fondement même de l’alliance transatlantique. En remettant en question l'engagement des États-Unis envers ses alliés européens, Trump pousse ces derniers à envisager des stratégies d’autodéfense et à se tourner vers d’autres puissances. La Russie et la Chine, toujours prêtes à remplir les vides laissés par l'Occident, n'auront qu’à se féliciter de cette remise en question de la coopération militaire au sein de l’OTAN.
L’Amérique face à la montée en puissance de la Chine et des BRICS+
Ce retour de Trump intervient à un moment crucial pour l'ordre mondial. La Chine, avec ses alliés des BRICS+ (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud et récemment de nouveaux membres), dessine les contours d'un monde post-occidental. Les BRICS+ renforcent leurs coopérations économiques et politiques pour offrir une alternative à l'hégémonie américaine. En adoptant un repli protectionniste et en affaiblissant ses alliances, Trump risque d’accélérer ce basculement. L’Amérique s’isole progressivement, alors que l’axe sino-russe gagne en influence et en puissance.
Conclusion : une Amérique plus fragile dans un monde en mutation
Le retour de Donald Trump à la présidence pourrait bien marquer un tournant décisif vers le déclin de l’influence américaine. À l’heure où les défis internationaux exigent des solutions collectives, Trump choisit l’isolement économique, le repli militaire et la rupture des alliances historiques. Dans un monde de plus en plus multipolaire, cette stratégie pourrait précipiter l’Amérique dans une perte de leadership qu’elle ne pourra pas facilement regagner.
Par Alexandre Thomas