Acte I – L’indignation à géométrie variable de Manu
Emmanuel Macron, président des tempêtes oratoires quand il s’agit de dénoncer l’invasion de l’Ukraine, se fait soudainement petit lorsqu’il s’agit de Gaza. Depuis octobre 2023, alors que l’armée israélienne pilonne méthodiquement une enclave de 2,3 millions d’âmes, le chef de l’État adopte une position d'équilibriste moral : défense du droit d'Israël à se protéger, refus de nommer les crimes, compassion feutrée.
Son unique geste de fermeté : appeler à cesser la livraison de certaines armes à Israël. Réaction immédiate de Netanyahou : « Israël gagnera avec ou sans vous ». Traduction : vos indignations molles, gardez-les.
Acte II – Gaza : anatomie d’un carnage organisé
Plus de 48 000 morts palestiniens selon les bilans de terrain.
Plus de 130 journalistes tués selon RSF.
Destruction massive de Rafah, Khan Younès et de la bande côtière.
Écoles rasées, hôpitaux ciblés, aide humanitaire bloquée.Tsahal emploie une puissance de feu qui ferait rougir une division de l’OTAN.
Et face à ce que le Haut-Commissaire de l’ONU appelle un « mépris sans précédent pour le droit international humanitaire » (Reuters, 26 fév. 2025), l’Occident regarde ailleurs.
En Ukraine, chaque missile russe provoque une avalanche de condamnations. À Gaza, chaque missile israélien déclenche une vague de silences polis.
Acte III – Le droit international, version sélective
La Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêt contre Benjamin Netanyahou et Yoav Gallant pour crimes de guerre. Les États-Unis les ont immédiatement rejetés. La France, elle, se tait.
Pourtant, l’article 25 du Statut de Rome engage tout État signataire à coopérer. Y compris contre ses partenaires commerciaux. Mais l’éthique s’arrête là où commencent les intérêts stratégiques.
Quand des enfants meurent sous les gravats, Paris demande un "cessez-le-feu durable", pas un embargo. Il faut croire que certains droits humains sont plus humains que d'autres.
Acte IV – L’espérance est une forme de résistance
Reste l’espoir. Celui que la justice israélienne, où Netanyahou est jugé pour corruption, accélère sa chute. Celui que la CPI soit, un jour, respectée au-delà des discours. Celui que l’histoire se souvienne.
Car l’Histoire, elle, jugera. Elle retiendra que des dirigeants, des diplomates, des armées entières ont regardé un peuple s’effondrer en slow-motion. Elle retiendra que les "valeurs universelles" n’étaient pas si universelles.
Épilogue – Ce que nous dira Gaza
Gaza parlera un jour. Et ce qu’elle dira nous salira, si nous ne l’écoutons pas maintenant.
Alors oui, Manu, peut-être qu’un jour tu t’indigneras à haute voix. Mais ce jour-là, il n’y aura plus que des ruines pour t’entendre.
Par Alexandre Thomas