
Agrandissement : Illustration 1

Un matin sans retour
Le 18 avril 2028, à 4h12, heure de Pékin, le ciel s’embrasa au-dessus du détroit de Taïwan. Sans déclaration de guerre, sans discours martial, les premières salves de missiles de croisière vinrent désosser les bases aériennes de l'île, suivies, à 5h, par un assaut amphibie coordonné de l’Armée Populaire de Libération. L'opération, baptisée « Vent du Renouveau », avait été planifiée depuis deux décennies. L’issue n’aura nécessité que trois jours.
Taïwan n’est pas tombée. Elle s’est effacée.
L’Amérique regarde, indécise
Malgré des décennies de soutien militaire et d’alliances affichées, les États-Unis ont réagi avec prudence — pour ne pas dire mollesse. Joe Kennedy IV, président depuis 2026, fraîchement élu sur une plateforme isolationniste, a convoqué une conférence de presse pour condamner « l’agression unilatérale », mais n’a déployé aucune force, au-delà d’un porte-avions au large de Guam qui n’a pas franchi la ligne rouge invisible tracée par Pékin. L’Indo-Pacifique ? Oui. La guerre nucléaire ? Non, merci.
Le Pentagone, paralysé par des cyberattaques simultanées sur ses satellites de communication, n’a pas riposté. Les Marines n’ont pas mis pied à terre. Une superpuissance peut-elle reculer sans capituler ? L’histoire jugera.
La France, ailleurs
Pendant ce temps, Paris brûle — autrement. Depuis février, une vague de troubles violents secoue les grandes villes françaises : affrontements communautaires dans les banlieues nord, manifestations pour ou contre le port de signes religieux, écoles fermées par crainte de représailles. La mort d’un professeur en mars, poignardé pour avoir évoqué la laïcité en classe, a ravivé les fractures. Le gouvernement vacille, pris entre deux fronts : celui des principes républicains et celui de la rue.
Dans ce chaos intérieur, la voix de la France sur la scène internationale s’est éteinte.
La ministre des Affaires étrangères, interrogée sur Taïwan lors d’une conférence de presse sur les mesures sécuritaires à Sevran, a répondu par un embarrassant : « Nous suivons la situation avec attention, mais notre priorité est la paix civile sur notre sol. »
L'Europe, à genoux
L’Allemagne, moteur économique, est pieds et poings liés à ses exportations vers la Chine. L’Italie se déchire entre post-fascistes et euro-fédéralistes. L’Espagne affronte une nouvelle poussée séparatiste catalane. Le Brexit a isolé Londres. Résultat ? Bruxelles n’a rien dit. Ou si peu. Un communiqué flasque, sans mot fort, noyé dans les eaux tièdes du multilatéralisme défensif.
Un diplomate balte, en off, lâche : « L’Europe est une maison sans toit. Le feu est à l’étage, et on débat de la couleur des rideaux. »
L’Asie change de maître
L’opération « Vent du Renouveau » s’est accompagnée d’un blocus numérique. Taïwan a été éteinte. Plus de signal. Plus de journalistes. Seules quelques vidéos floues montrent des colonnes de blindés traversant les villes, des drapeaux rouges hissés sur les administrations, des civils prostrés, et des silences plus éloquents que n’importe quelle propagande.
Le Japon est paralysé par la peur d’être le prochain domino. La Corée du Sud multiplie les réunions d’urgence. L’Inde hésite, tandis que la Russie, dans un commentaire ironique, a félicité Pékin pour sa « réunification historique ».
Le vertige du vide
Dans un monde où la puissance se mesure désormais au nombre de satellites fonctionnels et à la vitesse de ses drones supersoniques, les vieilles démocraties paraissent épuisées. Malades de leurs divisions, noyées dans leurs contradictions. La Chine a frappé non pas en raison d’une faiblesse occidentale ponctuelle, mais parce qu’elle a lu dans ses failles chroniques une permission silencieuse.
Taiwan n’est pas la fin. C’est peut-être le début.
Le début d’un monde où les empires ne naissent plus avec des constitutions, mais avec des algorithmes et des commandos invisibles. Et pendant que les démocraties occidentales discutent de leurs identités blessées, de leurs frontières mentales, et de leurs couronnes post-coloniales, une nouvelle hégémonie s’installe — avec calme, méthode, et détermination.
Épilogue
Dans Taipei, une banderole rouge flotte sur la mairie : « Un seul peuple, une seule Chine ». Les chars ne bougent plus. La pluie tombe. Et personne, à l’instant, ne semble se souvenir qu’un jour, ici, la liberté parlait avec une voix claire.
Par Alexandre Thomas