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Billet de blog 20 octobre 2024

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Netanyahu, l'arroseur arrosé ?

Benjamin Netanyahu est sans limite, et il le sait. Un homme qui bombarde à tour de bras des écoles, des hôpitaux, des ambassades, tout en se parant de la cape de la défense d’Israël.

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Il tue sans scrupules, et élimine des scientifiques iraniens chez eux, des chefs du Hamas, du Hezbollah, comme on taille un arbre, sans jamais se demander qui paie le prix de cette violence. Et maintenant, quand un simple drone envoyé par le Hezbollah frappe sa résidence, voilà qu’il se prend à hurler, comme s’il était la victime.

C’est l’arroseur arrosé dans toute sa splendeur.

Netanyahu, ce grand stratège, ce guerrier en chef, qui n’a cessé de brandir son épée de fer en prétendant éradiquer ses ennemis, aujourd’hui, il fait le choqué, le démuni. Il pleure à haute voix, il se lamente sur sa propre maison, frappée par un drone, comme si cela était impensable. Mais que fait-il depuis des années, sinon jouer au démiurge, sacrifiant des milliers de vies innocentes ? Gaza, le Liban, la Syrie, tous ces corps sans nom qui tombent sous ses bombes, qui se dissolvent dans une mer de sang qu'il a contribué à déverser. Il tue, il détruit, il martyrise. Et quand la riposte arrive, mais quelle riposte !

A la moindre réplique, il se plaint.

C’est facile de tuer, n’est-ce pas, quand on a l’armement des États-Unis, les technologies les plus avancées, un soutien inconditionnel des grandes puissances qui font leur propre jugement si le monde venait à être jugé un jour. Mais quand le retour de bâton arrive (ou plutôt arrivera), c’est une autre histoire. Netanyahu est un homme qui a sacrifié des dizaines de milliers de vies, pour soi-disant protéger son pays, et aujourd’hui il se retrouve à pleurnicher parce qu’il a été touché par un petit drone du Hezbollah. Ce même Hezbollah qu'il disait avoir « éradiqué », ce groupe qu’il pensait pouvoir écraser avec ses frappes chirurgicales. Quelle blague ! Le maître des éliminations ciblées, celui qui décide qui doit vivre et qui doit mourir, ne supporte pas d’être attaqué.

Il est devenu l’arroseur arrosé.

Et le plus ahurissant dans tout ça, c’est que personne ne le remet en question. Qui a une paire pour arrêter la cavalerie ? Qu'on me donne une tribune, j'annoncerai les 10 plaies au Pharaon, car avec un peu de foi, n'importe qui dirait au toit du monde : bouge de là. Il s'en irait comme une balle chassée par le vent.

De la France et des États-Unis, Israël reçoit des armes, des fonds, un soutien aveugle, sans jamais qu’on lui demande si cette guerre, cette violence aveugle, est justifiée. Mais dès qu’une réplique touche le sol israélien, le monde entier se met à trembler. Ce soutien à sens unique ne fait qu’aggraver les choses. Parce que dans ce jeu-là, il n’y a pas de vainqueur. Personne ne gagne quand des milliers de vies sont brisées pour un objectif militaire abstrait. Netanyahu s’en moque. Les Palestiniens, les Libanais, les Syriens, qu’importe ? Leur souffrance ne le touche pas. Ce qui le touche, c’est lorsque la violence le rattrape, lorsque le sang qu’il a versé commence à couler en retour.

Est-ce que Netanyahu accepterait ce prix si ses proches, ses enfants, étaient pris dans les bombardements qu’il ordonne ? Bien sûr que non. Mais quand il s’agit de Palestiniens ou de Libanais, il semble que cela n'ait aucune importance. Il est l’homme qui décide qui doit vivre et qui doit mourir. Une fois encore, le "droit" qu’il applique n’est qu'une façade. C’est un droit qui ne vaut que pour les siens, pour son pays. Mais pour les autres, pour les victimes collatérales, pour les enfants de Gaza, c’est un droit qui ne s’applique pas.

Il est facile de se poser en victime quand on a le pouvoir de tuer sans conséquence. Ce que Netanyahu oublie, c’est que ce qu’il fait aujourd’hui, demain pourrait bien revenir sur lui. La violence appelle la violence. Le cycle de vengeance est inéluctable. Un jour, les comptes devront être réglés. Et ce drone du Hezbollah, aussi petit soit-il, est un avertissement. Un avertissement qui ne peut être ignoré. Le maître du jeu se fait rattraper par sa propre stratégie. Et lorsque le retour du bâton se fera plus violent, plus impitoyable, qui l’entendra encore se plaindre ?

L’arroseur arrosé ?

Il est bien plus que cela. Netanyahu est un homme qui a semé la destruction à l'échelle mondiale, inédite. Même au sein des vieilles démocraties où la justice est un pouvoir, la peine de mort sans procès est désormais acceptée.

Et ce qu’il récolte aujourd’hui n’est que le début. Qui tue, un jour, finit par être touché. Peu importe combien de temps il pourra fuir. La riposte viendra, et peut-être que, cette fois, il ne pourra pas pleurer.

Par Alexandre Thomas


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