Le 13 juin 2025, l’aviation israélienne déclenchait une opération surprise contre plusieurs installations stratégiques iraniennes. Nom de code : Rising Lion. Officiellement, cette attaque visait à neutraliser une menace imminente liée au programme nucléaire iranien. En réalité, elle était surtout dictée par la situation politique interne d’Israël. Acculé par une série d'affaires judiciaires, fragilisé au Parlement, le Premier ministre israélien cherchait un moyen de reprendre la main. La guerre apparaissait comme un raccourci politique. Elle s’est révélée être un gouffre.
Les États-Unis, pourtant non consultés officiellement, se sont rapidement trouvés aspirés dans le conflit. Dès les premières heures de l'opération, le Pentagone a déployé des moyens navals et aériens pour soutenir son allié israélien. Ce soutien, présenté comme "technique et logistique", s’est traduit sur le terrain par une implication directe. La 5e flotte a été placée en alerte, des drones américains ont survolé la zone, et des communications ont été interceptées confirmant une coordination opérationnelle avec Tsahal.
Téhéran, loin de réagir à chaud, a préféré attendre. Pendant un mois, le silence iranien a été interprété comme de la prudence. Il était en réalité tactique. Le 21 juillet, à 3h36 du matin, le porte-avions USS Gerald R. Ford, fleuron de la marine américaine, était frappé au large du détroit d'Ormuz. La frappe, d’une précision chirurgicale, combinait drones sous-marins, missiles hypersoniques et cyberattaques synchronisées. Le navire a coulé lentement, laissant 42 marins portés disparus et infligeant à la superpuissance une blessure symbolique d’une ampleur historique.
Mais c’est en Israël que la secousse a été la plus violente. En quelques jours, des manifestations massives ont paralysé les grandes villes du pays. Les protestataires, déjà mobilisés depuis des mois contre les réformes judiciaires et les affaires de corruption, ont vu dans cette guerre une manœuvre personnelle du chef du gouvernement pour échapper à ses poursuites. Le slogan « On meurt pour ses procès, pas pour notre sécurité » est devenu le cri de ralliement d’une nation en colère.
Le 20 juillet, la Cour suprême israélienne ordonne la reprise immédiate des procédures judiciaires contre le Premier ministre, suspendues depuis l’offensive. Le lendemain, un vote exceptionnel de la Knesset conduit à sa destitution. Assigné à résidence, il est aujourd’hui sous le coup d’une enquête pour abus de pouvoir, manipulation des forces armées et mise en danger de la sécurité nationale.
Pendant ce temps, les États-Unis tentent de contenir l’onde de choc. Le Pentagone appelle au calme, mais perd pied diplomatiquement. Le monde arabe, silencieux depuis le 13 juin, prend position contre Tel-Aviv. La Chine convoque une réunion d’urgence du Conseil de sécurité. L'Europe temporise. Washington s'interroge : faut-il encore suivre un allié qui met le feu pour sauver sa peau ?
En un mois, l’Iran n’a pas conquis un territoire. Il a conquis un nouveau statut. Celui d’un adversaire capable, patient, stratège. La guerre n’est pas finie. Mais elle a déjà changé de visage. Et les grands empires, eux, ne coulent pas toujours avec fracas. Parfois, il suffit d’un porte-avions.
De retour dans le réel, un constat s'impose : cette guerre qui ravage Gaza, le Liban, la Syrie, l'Iran et qui a failli embraser toute la région, ne pourra cesser sans une rupture politique majeure en Israël. Tant que le Premier ministre, visé par des poursuites judiciaires nationales et internationales, restera libre d'agir sans contrôle, le risque demeurera permanent. La seule voie vers la paix passe aujourd'hui par sa mise en accusation son arrestation, et la reconstruction d'un État de droit israélien capable de faire primer la justice sur l’impunité et la déraison.
Par Alexandre Thomas