Une incantation est lancée : Emmanuel Macron affirme, le 28 juin 2022, que « la Russie ne peut ni ne doit gagner » la guerre en Ukraine. TF1 INFO+1
Aujourd’hui, la Russie possède déjà la Crimée réunie en 2014, mais aussi des oblasts russophones de l’Est de l’Ukraine — un vaste territoire d’environ 20 % de l’Ukraine. Ce n’est pas rien.
Alors pourquoi ce ton triomphant ? Parce que celui qui s’affirme « l’aigle du siècle » refuse de perdre la face. Macron ne veut pas admettre que ses formules tonitruantes pourraient être mises en échec. Et s’il pense pouvoir faire la guerre — sa guerre — plutôt que céder, il risque de la faire faire par d’autres.
1. Il faut un illuminé.
Une figure qui, comme un aigle, voit des menaces que personne d’autre ne voit. Elle prophétise, elle déclenche. Elle mobilise. Elle invoque la peur, la mobilisation, l’action. Elle allume le feu.
2. On prépare la population.
On utilise un pays — ici l’Ukraine — comme alibi pour ce défi lancé à celui qui ose avoir raison contre Jupiter. Engrenage : livraison d’armes, annonces guerrières, posture surchauffée, puis l’envoi des troupes. Et pendant ce temps, ce sont nos enfants qui sont promis à l’abattoir — mais lesquels ? Assurément pas ceux du XVIᵉ arrondissement ou de Neuilly-sur-Seine. Non. Ceux de banlieue. Clichy-sous-Bois. La « caillera » transformée en réservoir de chair à canon.
Trois actes s’enchaînent.
L’appel héroïque et hautain au combat moral.
Le déploiement d’une guerre qui n’est plus menée par l’aigle mais par ceux qu’il désignait.
Le retour — ou l’irremédiable perte — de ceux dont on a machinalement sacrifié l’existence.
Deux scénarios possibles.
Scénario 1 – Retour au Moyen Âge. Organisons un duel Macron-Poutine : que le plus fort gouverne ou gagne. Cela aurait le mérite d’être clair. Immense audience garantie. Billions d’euros économisés, des vies peut-être épargnées.
Scénario 2 – Le réveil du peuple français. Destituons Macron et inscrivons dans la Constitution : tout chef d’État français qui déclare la guerre sans référendum perd son mandat. Jupiter, l’amant de la guerre, se résigne à la paix. Car il est d’une facilité scandaleuse de décréter la guerre. C’est la chair à canon qui en fait les frais.
Pensée humaniste.
À ceux qui brandissent le mot « guerre » comme on allume un feu de joie, souvenons-nous : les guerres ne naissent pas par surprise. Elles naissent par la volonté d’un homme, l’enthousiasme d’une foule, l’oubli d’une responsabilité. Le décideur déclame ses formules. Le citoyen reste à l’écart. Les corps marchent. Et puis, on dit : « Voilà la guerre. »
Monsieur le Président : vous avez le respect de vos fonctions. Vous avez le devoir de prévenir la guerre, pas de l’allumer. Vous n’êtes pas seulement l’aigle du ciel : vous portez aussi la terre, ses enfants, ses incertitudes, ses vies. Avant de déclarer « la Russie ne peut ni ne doit gagner », interrogez-vous : qui paiera l’addition ? Qui marchera, qui tombera ?
Ce n’est pas un pamphlet contre un homme. C’est un avertissement contre un mécanisme. Et un appel à ce que la paix ne reste pas l’exception.
Les VRP de la mort ne sont pas ceux qui tiennent l’arme. Ce sont ceux qui tiennent le micro, la formule, l’argument ultime — et qui oublient que la guerre commence pour ceux qui n’ont pas été invités à la signer.
Par Alexandre Thomas