Le général Abdourahamane Tiani s'est alors autoproclamé chef de l'État et a pris les rênes du tout nouvellement créé Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). Cette nouvelle crise politique s'ajoute à une série de coups d'État qui ont eu lieu dans la région au cours des dernières années, notamment au Mali, au Burkina Faso et en Guinée entre 2020 et 2022.
La réaction de la France à ce coup d'État a suscité des débats et des interrogations. Paris a rapidement réclamé le retour à l'ordre constitutionnel au Niger, soulignant la nécessité de respecter les processus démocratiques. Cependant, il est important de prendre du recul et d'examiner de plus près la situation politique qui a précédé le coup d'État.
L'élection de Bazoum en 2021 a été marquée par un taux de participation relativement faible. Avec seulement 55,7 % des voix en sa faveur et un peu plus de 4,6 millions de votants sur une population totale de 25 millions d'habitants, il est difficile de considérer cette élection comme un plébiscite incontestable. Certains pourraient même considérer cela comme un signe que de nombreux Nigériens étaient mécontents de l'ancien régime et aspiraient au changement.
Un exemple historique qui mérite d'être rappelé est celui de Napoléon Bonaparte renversant le Directoire en France. À l'époque, aucune intervention militaire extérieure n'a eu lieu pour rétablir l'ordre constitutionnel. Il est crucial de reconnaître que chaque pays et chaque situation politique est unique, et les interventions étrangères ne sont pas toujours la solution.
De plus, un autre exemple pertinent est celui de Jimmy Carter, l'ancien président des États-Unis, qui a tenté de libérer les otages américains à Téhéran en 1980. Ses plans soigneusement élaborés ont été réduits à néant par les forces de la nature, en l'occurrence, une tempête de sable. Cela démontre que même les plans les mieux conçus peuvent être perturbés par des circonstances imprévisibles.
Il est impératif de permettre aux Nigériens de régler leurs affaires intérieures et de les encourager à le faire de manière pacifique. Le coup d'État est survenu parce que le Niger a soif de changement, et ignorer cette réalité serait une erreur. Il est peu probable que Bazoum soit rétabli, tout comme Bachar el-Assad n'a pas quitté le pouvoir en Syrie parce que des pays occidentaux, notamment la France sous la présidence de François Hollande en 2012, ont précipitamment reconnu l'opposition. Les peuples ont leur propre voix et leur propre volonté.
La jeunesse nigérienne est un espoir pour le pays et pour toute l'Afrique. Les manifestants qui ont pris la rue ne sont pas des marionnettes manipulées par des puissances étrangères, comme certains pourraient le prétendre. Ils sont nés dans une ère de liberté et d'aspirations démocratiques, et ils ne toléreront pas l'arrogance coloniale. Cette jeunesse est fière et déterminée à forger son propre avenir.
Pour ceux qui envisagent une intervention militaire au Niger, il est essentiel de se rappeler que les forces de l'esprit et de la détermination peuvent parfois triompher des forces militaires les plus puissantes. Les exemples de la guerre du Vietnam et de la guerre en Afghanistan sont là pour le rappeler. Les plans stratégiques peuvent être perturbés par des facteurs imprévisibles et des forces de la nature.
En fin de compte, il est essentiel de ne pas simplifier à l'excès des situations complexes et de respecter la souveraineté des nations. Plutôt que d'imposer des solutions de l'extérieur, il est préférable de soutenir les aspirations démocratiques des peuples et de les laisser décider de leur avenir. Le Niger, comme tant d'autres pays, doit être guidé par sa propre voix et sa propre vision pour avancer vers un avenir meilleur.
Par Alexandre Thomas