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Billet de blog 26 juillet 2025

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Une planète trop parfaite ?

Et s’il n’y avait jamais eu de hasard, mais seulement notre aveuglement à vouloir y croire ?

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On peut rire du hasard. On peut même s’en gargariser, comme d’un vieux compagnon de table, qui aurait assisté sans broncher à l’apparition de la vie, des océans, des montagnes, puis de l’homme, de la pensée, et du calcul quantique. Mais ce rire devient un peu jaune quand on regarde l’état du dossier. Scientifiquement, sérieusement : que valent encore les grandes certitudes évolutionnistes, face à cette anomalie statistique qu’est notre planète ?

Une planète trop parfaite.

Terre : l’improbable oasis

Le physicien britannique Roger Penrose (prix Nobel 2020) a estimé la probabilité de notre univers tel qu’il est à 1 sur 10 exposant 10^123. Autant dire un jet de dé cosmique… sur un terrain de football galactique. La NASA, l’ESA, Elon Musk : tous espèrent, cherchent, forent, creusent le ciel à la recherche d’une « exoplanète habitable ». Des milliards de dollars. Et toujours le même résultat : rien. Du sable, des glaces, des roches. Pas de Terre 2.0. Pas de biosphère, pas de civilisation. Rien qui chante, rien qui rêve, rien qui fait des mathématiques.

Et ce n’est pas faute d’avoir cherché : plus de 5 000 exoplanètes confirmées à ce jour. Statistiquement, on aurait dû trouver au moins un jumeau, ou un cousin. Mais l’air y est irrespirable, la température infernale, ou bien la gravité y broierait nos os. On est très loin du jardin d’Éden.

La revanche des constants

Les grands équilibres cosmologiques sont devenus, au fil des années, le talon d’Achille du discours matérialiste. Si la constante cosmologique avait varié d’un cheveu, l’univers se serait effondré. Si la force de gravitation était plus forte, pas d’étoiles. Plus faible, pas d’atomes. Et la distance Terre-Soleil ? 149,6 millions de kilomètres : la "zone habitable". Mais surtout : une stabilité sidérante depuis des milliards d’années.

C’est ce que les astrophysiciens appellent le principe anthropique fort : les lois de l’univers ne permettent pas simplement la vie, elles semblent l’avoir visée.

Coïncidences ? À ce niveau-là, on n’appelle plus ça des coïncidences. On appelle ça une énigme.

La science en crise de foi ?

Stephen Hawking écrivait en 2010 : "Il n'est pas nécessaire d'invoquer Dieu pour allumer la mèche et faire partir l'univers". Mais en même temps, il admettait que l’origine de la loi gravitationnelle restait, elle, inexpliquée. D’où vient la gravité ? Pourquoi une loi plutôt que rien ? Silence.

Les biologistes ne sont pas mieux lotis. Le fameux « saut de complexité » entre la matière inerte et le vivant — l’apparition de la première cellule — reste scientifiquement inexpliqué. On simule l’ADN, on cartographie les génomes, mais l’émergence de la conscience, du langage, de l’art ? Trou noir.

Coloniser Mars ou reconnaître notre miracle ?

Et pendant ce temps, les milliardaires s’envolent vers Mars. Mais Mars est morte. Ni magnétosphère, ni atmosphère respirable, ni eau liquide en surface. Même en scaphandre, la radiation vous grille le cerveau. Alors, coloniser ? Non. Fantasmer.

Le paradoxe est là : plus nous progressons dans notre connaissance du cosmos, plus notre solitude devient abyssale. Non seulement nous sommes seuls, mais nous sommes seuls ici. Sur cette Terre, cette anomalie statistique de beauté, de diversité et de stabilité.

La chute de l’arrogance occidentale

Cette illusion de toute-puissance — technologique, colonisatrice, rationaliste — vacille. Les civilisations tombent quand elles oublient leur fragilité. Le XXe siècle nous l’a appris dans la boue et le sang. Le XXIe siècle, lui, pourrait bien nous le rappeler dans le vide intersidéral.

Et si, comme l’a dit Emmanuel Macron à propos du Proche-Orient, la justice était la condition de toute force durable ? À l’échelle cosmique aussi, peut-être faut-il renoncer à dominer pour comprendre. À expliquer pour contempler. Et peut-être, à nommer pour reconnaître que cette planète est, avant tout… un miracle.

Par Alexandre Thomas 

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