Alexandre Thomas Forum (avatar)

Alexandre Thomas Forum

Auteur - Juriste

Abonné·e de Mediapart

62 Billets

0 Édition

Billet de blog 27 avril 2024

Alexandre Thomas Forum (avatar)

Alexandre Thomas Forum

Auteur - Juriste

Abonné·e de Mediapart

Qu'est-ce qu'Israël et l'Iran ont en commun ? La théocratie.

Dans un paysage politique mondial marqué par une diversité de régimes, deux états se distinguent par leur caractère théocratique : Israël et l'Iran. Pourtant, une dissonance évidente émerge lorsque les partisans de la laïcité abordent la critique de ces régimes.

Alexandre Thomas Forum (avatar)

Alexandre Thomas Forum

Auteur - Juriste

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les partisans inconditionnels d'Israël sont prompts à étouffer toute critique en la faisant basculer dans le domaine religieux, car cela leur permet de revêtir le manteau de la victime, se référant souvent à l'Holocauste pour justifier des positions partisanes et souvent injustes. Mais, critiquer la politique israélienne, notamment son refus de créer un état palestinien conformément aux résolutions de l'ONU, n'a rien à voir avec la haine des Juifs.

L'association entre critique politique et supposée haine religieuse est un stratagème sophistiqué, mais malheureusement efficace, utilisé pour détourner l'attention des problèmes réels et maintenir le statu quo politique. En examinant de plus près cette dynamique, il est clair que les enjeux dépassent largement les frontières d'Israël et de l'Iran pour toucher des questions fondamentales de droits de l'homme, de justice et de démocratie.

Tout d'abord, il est crucial de souligner que la critique d'Israël n'équivaut pas à une critique de la religion juive ni à une attaque contre les Juifs en tant que groupe ethnique ou religieux. Cette distinction est essentielle pour garantir un débat équilibré et respectueux, en évitant les amalgames dangereux qui peuvent conduire à la stigmatisation et à la discrimination.

En outre, la confusion entre l'État d'Israël et la religion juive est non seulement fallacieuse, mais aussi dommageable. Elle alimente un récit victimisant qui entrave la discussion ouverte et honnête sur les politiques et les actions de l'État israélien.

En réalité, critiquer les politiques gouvernementales, telles que la colonisation des territoires palestiniens, la répression des Palestiniens ou le refus de reconnaître un état palestinien indépendant, relève de la responsabilité de tout citoyen engagé dans la promotion du droit et de la justice.

De plus, la nature théocratique à la fois d'Israël et de l'Iran soulève des préoccupations légitimes quant à la séparation des pouvoirs religieux et politiques. Alors que l'Iran est souvent critiqué pour ses violations flagrantes des droits de l'homme et ses interférences politiques basées sur des dogmes religieux, Israël est également confronté à des défis similaires en ce qui concerne le respect des droits des minorités religieuses et ethniques, notamment les Palestiniens vivant sous occupation.

En France, pays laïc depuis plus d'un siècle, l'utilisation de l'antisémitisme comme un outil de censure politique est particulièrement ironique.  C'est un piège grossier pour museler toute voix dissidente à l'égard d'Israël. Cette manipulation subtile vise à maintenir le statu quo en territoires occupés, en empêchant toute critique de la politique de colonisation israélienne. Cela dénote un échec systémique à appliquer chez nous les principes de la laïcité de manière cohérente et équitable, en favorisant une religion ou une identité culturelle au détriment d'autres.

L'idée même de lutter pour une solution à deux états au Moyen-Orient est discréditée par ceux qui préfèrent diaboliser toute critique d'Israël plutôt que de s'engager dans un débat politique constructif. Il est temps de dépasser cette confusion entre critique politique et haine religieuse, et de reconnaître qu'Israël, tout comme l'Iran, doit être évalué sur ses actions politiques, non sur des affiliations religieuses.

En conclusion, il est impératif de démystifier le lien artificiel entre critique politique et haine religieuse, et de promouvoir un débat éclairé et respectueux sur les politiques et les actions des États, y compris Israël et l'Iran.

Ce n'est qu'en reconnaissant et en déconstruisant les préjugés et les stéréotypes qui alimentent ce discours toxique que nous pourrons progresser vers des solutions pacifiques et équitables pour tous les peuples de la région du Moyen-Orient.

Par Alexandre Thomas

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.