Alexeï Vincent

Abonné·e de Mediapart

18 Billets

1 Éditions

Billet de blog 7 avril 2021

Alexeï Vincent

Abonné·e de Mediapart

Les races : un non être persistant

Les bons sentiments de l'antiracisme ne sauraient pour autant nier ce qui est.

Alexeï Vincent

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

On l'a dit et répété, non pas une fois, non pas dix fois, mais un milliard de fois : les races n'existent pas, la "question raciale" cacherait, en vérité, celle du racisme, ou plutôt des racistes, inventeurs et promoteurs non seulement de la chose mais encore du mot lui-même...

La biologie, en effet, se veut formelle : l'ADN d'un blanc ne diffère en rien de celui d'un noir ou d'un "jaune". La "race"se réduit, certes, au phénotype, à l'apparence physique...mais cette apparence raciale s'oppose-t-elle à une réalité par hypothèse "a-raciale"? Les antiracistes ne s'arc boutent sur la biologie que pour mieux nier ce qu'affirment l'anthropométrie (la science des apparences physiques ), la psychologie (l'étude de ce qui structure l'identité de chacun) et la sociologie (l'analyse du fait sociétal). Le phénotype - la race - loin de n'être qu'une apparence, constitue un élément structurant, héréditaire et indélébile de l'homme. L'on est aussi ce qui de nous apparait : "blanc", "noir", "asiatique", autant de traits qui font partie de l'identité à la fois individuelle et collective, définissant le "je" comme le "nous". La "négritude" fut brandie, tel un étendard, par un Franz Fanon ou un Aimé Césaire (sans parler des inénarrables "brothers" de la littérature afro-américaine); la propagande nationaliste - et belliciste- du Japon militariste de l'entre deux guerre exalta "l'asianité", suprémacisme "jaune" destiné à faire pièce à l'impérialisme blanc et à rallier les peuples colonisés à la cause nippone. A suprémacistes, suprémacistes et demi...

Qu'on le déplore ou qu'on s'en réjouisse, le phénotype/race s'impose en tant qu'indépassable caractéristique. Etablir une hiérarchie entre les phénotypes, poser la "suprématie" de tel phénotype sur tel autre, là se situe le véritable racisme. Inversement, le déni du phénotype, autrement dit le déni de la race, trahit la bienheureuse impasse dans laquelle s'enferrent les bonnes intentions antiracistes.

La "racisation" ainsi est originelle, hélas ou tant mieux : personne ne nait sans phénotype. Un monde "déracisé" serait un monde dépersonnalisé où chacun ressemblerait à tous, car d'apparence, il n'y aurait plus...ce monde aux humains sans visage et sans couleur de peau, aussi abstraits et désincarnés que l'"homme nouveau"/le chrétien selon Saint Paul ou le citoyen selon la République constituerait sans doute le meilleur des mondes : un monde antiraciste et inhumain à la fois. 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.