parce que la certitude
c’est que le poème
se dresse
contre la boîte de Pandore
qui toujours déjà est
de nouveau ouverte et
son cortège intolérable où
quelque chose de l’Histoire
bégaie
contre l’abandon
qui un peu plus fort
à chaque instant vient saper
le commun d’être ensemble
contre l’ignominie
première et qui fait perdurer
l’effroi
et celles et ceux qui diraient
que c’est être bien
optimiste sur les vertus
d’un tel poème
ne savent pas à quel point
il s’agit d’aller dans
l’impossible
et de contrecarrer toutes les
formes d’acceptation du
monde et tous les discours
totalisants dont on voudrait
l’affubler
il n’y a de place
dans la ténèbre
qui ne cesse de commencer
à environner si bien qu’on ne sait
même plus quand elle a commencé
d’être là et qu’elle se rappelle
à nous régulièrement par son
tombereau d’immondices
qui excite les belles paroles et
le feu de tout bois
que pour l’impossible
de ce dire
et dans la douleur qui paralyse
le poème dit au-delà de la stupeur
et de la colère
cet aujourd’hui de l’abandon
par celles et ceux qui gouvernent
de celles et ceux qui enseignent
par celles et ceux qui font l’événement
de ce celles et ceux qui pensent
et pleurent
aujourd’hui la douleur et
pour demain le refus de tous les
discours contraignants et d’où
qu’ils viennent puisque dans
le poème c’est d’abord à moi
d’être ma propre contrainte
et non à l’État qui faut à
la liberté de chacune & chacun
peut-être la poésie ne sauverait pas
le monde mais elle restera
cet impossible qui affirme avec
tous les corps
le tien le mien les nôtres
que l’être humain est
inconditionnel et que maintenant
toujours c’est en se tenant
les mains pour faire face
et tu vois que jamais il n’y a
de majuscule au poème
comme jamais à l’écriture
parce le lamento est trop facile
à celles et ceux qui soi-disant
sous le couvert en argent
de la défense de
nos valeurs
ils doivent d’ailleurs
mettre une majuscule
à celles-ci
achèvent d’instaurer
la servitude économique & volontaire
du peuple qu’ils nient
depuis le temps depuis
tout cet abandon et dans
l’impossible de l’écrit
je ne cesse de tendre les mots
vers toi sans dieu sans contrainte
et sans autre vertu que ta main
pour aujourd’hui toujours devant