Léa Salamé, celle qui écume les plateaux télé et radios, est encore omniprésente depuis le début de ces JO sur France 2 avec son lot de sorties déplacées. Déjà, avec une judokate française qui faisait état des souffrances physiques et mentales endurées par les athlètes, Salamé a été comme toujours sans aucune empathie. Dans sa volonté de faire de ces JO une simple "fête" dépolitisée, elle s'est contentée de couper la judokate pour dire que de toute façon on ne retenait que sa médaille ! Ah non, les sportif-ves vont pas s'y mettre à nous pomper l'air avec leurs revendications, ils sont à deux doigts de demander une augmentation de salaire et une indexation sur l'inflation ces besogneux. Les athlètes des JO ne sont que des faire-valoir pour cette engeance bourgeoise et parisienne qui occupe cette émission. Idem avec ce journaliste sportif qui était en train d'évoquer la concurrence amoindrie à Teddy Riner étant donné l'absence des russes : elle ne le laissera pas terminer sa phrase, prétextant qu'il s'agissait de "géopolitique". Et donc ? Le géopolitique, omniprésente dans une telle compétition, devrait être absente des commentaires du service public ?
Dès le premier jour, en tombant sur cette émission le lendemain de la cérémonie d'ouverture, la composition du plateau n'a pas manqué de troubler. Alors que la cérémonie avait été un enchantement de dérision, d'audace, d'inventivité, s'aventurait sur des sentiers jamais explorés jusqu'à présent, le talk show de France 2 était l'exact inverse. Simple resucée de la soupe servie toute l'année avec Salamé et Dechavanne, ayant pour premier invité Drucker sorti tout droit de sa naphtaline et de ses chirurgiens plastiques. Désormais les invités sont issus du peopleland parisien, comme Hugo Clément et compagnie. Ceux que l'on voit à chaque occasion toute l'année prendre place, comme s'ils étaient chez eux, sur les écrans du service public.
Beaucoup émettent l'injonction d'éteindre la télé pour éviter Salamé et sa bande. Mais avec 30% de part de marché pour France2 pendant ces JO, c'est compliqué de passer à côté ! Et quand, par hasard, on tombe sur un écran allumé sur l'épreuve Salamé, l'impression qui domine est de déranger. C'est ça en fait, on a l'impression de déranger ce petit monde, cette petite coterie qui se parle entre elle, entre gens drôles, éduqués, si plein d'esprit et de culture en carton-pâte lue dans leurs propres journaux. Regarder France 2 c'est faire du voyeurisme. Ils vivent ensemble, mangent ensemble, baisent ensemble, feignent de ne pas se connaître alors qu'ils sont tous cousins sociaux, voire cousins germains, résultat de la fusion entre élites médiatiques et élites politiques. Salamé avec Glucksmann, la famille Duhamel avec les Saint Criq, les De Malherbes avec les Oudéa-Castéra, les ministres entre eux. On se gausse des territoires ruraux considérés comme alcooliques et consanguins, en vérité le 7ème arrondissement l'est tout autant à la différence près que ce sont princes plutôt que des prolos, du champagne plutôt que de la villageoise. A part le sulfite, ça change quoi ?