Je suis allé au festival de court métrage hier soir, à Mont Saint Aignan. Excellent festival lors duquel les bénévoles choisissent parmi 2500 films 48 d'entre eux qui font ensuite l'objet d'une sélection par le public, les scolaires et les étudiants.
Plusieurs films m'ont particulièrement marqué. En particulier le court métrage de Julien Goudichaud, confiné dehors, qui revient sur la vie des SDF lors du premier confinement. N'ayant plus personne à qui demander de l'argent, les mendiants se retrouvent totalement sans ressource. L'un d'entre eux se débrouille en allant chercher, en pleine nuit, des pièces tombées au fond des caniveaux sous les terrasses des cafés. Les bistros ayant fermé, même cette ressource se tarit, le gars se retrouve à passer au peigne fin les déchets, retrouvant ici une bague, là une boucle d'oreille ou encore la fameuse pièce de 2€ tant recherchée.
D'autres vies que la mienne, le titre d'un livre d'Emmanuel Carrère qui raconte la vie des victimes du ras de marée de 2004 en Asie. D'autres vies que la mienne, c'est aussi ce que j'ai pensé en voyant ce SDF-égoutier se confiner dans sa planque, minuscule réduit laissé vacant dans les égouts de Paris.
D'autres vies que la mienne, celle de Michel, toxicomane de 53 ans qui a eu un bébé avec Hélène et tente tant bien que mal de sortir d'années de drogue et de dépendance. Il pèse 51 kg, ne dort plus, le corps et l'esprit sont brisés. Son fils aîné l'aide à tenir.
D'autres vies que la mienne, découvertes par le cinéma, qui rappellent la violence d'une société incapable de répondre aux besoins des plus démunis. Des vies dont on ne parle pas, des vies qu'on ne veut pas voir.
Julien Goudichaud a remporté le "frigo d'or" du Courtivore cette année, c'est à dire le prix du public. Bravo à lui, c'est mérité, et merci aux bénévoles du Courtivore et à l'Ariel qui l'héberge.