Macron et la manipulation ratée d'une gauche divisée
Après la débâcle des européennes, Macron a tenté de jouer un coup bas pour exploiter les divisions de la gauche en forçant des législatives anticipées. Échec cuisant : Il s'est retrouvé face à une gauche rassemblée et déterminée, portée par le Nouveau Front Populaire. Ses calculs politiques se sont fracassés contre cette nouvelle force unie.
Au second tour des législatives, le traditionnel Front républicain s'est dressé contre un Rassemblement National qui a présenté un troupeau de chèvres et de brebis galeuses à la députation. Le RN, toujours présenté comme "l'ennemi de la République", a certes pris une gifle en n'envoyant "que" 127 députés à l'Assemblée alors que les sondages lui promettaient la majorité. Mais loin d'être une victoire pour la démocratie, cette progression fait du RN le premier groupe parlementaire...

Macron s'accroche à sa politique pour plaire aux milliardaires
Refusant d'admettre sa défaite ou d'adapter sa politique, Macron a persisté dans son déni. Malgré le désaveu populaire, il refuse toute inflexion sur sa politique économique et en a même fait la promesse à Elon Musk, Bernard Arnault et autres oligarques au mois de juillet ! Pas question de toucher aux réformes économiques, même si le pays est au bord de l'implosion. Le refus de nommer Cazeneuve en dit long : toute remise en cause, même minime, de sa politique économique est inenvisageable pour Macron. Cazeneuve, sous pression du NFP, aurait pu se tourner vers quelques réformettes sociales de bon aloi ou pire une abrogation de la réforme des retraites pour retrouver une "virginité" à gauche. L'infime probabilité que cela puisse arriver a été jugée trop risquée par Macron qui a donc préféré écarter l'hypothèse Cazeneuve. La France insoumise a été critiquée pour avoir menacé de le censurer : elle accepte de ne pas avoir de ministres, il faudrait en plus qu'elle s'accommode de n'importe quel avatar du macronisme sauce 2017 ? Comme toujours les médias s'acharnent à raconter leur propre réalité alternative, au diapason avec le pouvoir et malgré des faits têtus.
"Au lieu d'avoir un parti macroniste arbitre du NFP à l'Assemblée, Macron a préféré laisser le RN arbitre de LR"
En désignant Michel Barnier comme Premier ministre, Macron s’assoit sur la volonté populaire exprimée par le vote du second tour des législatives qui avait opposé un refus clair et net face au RN. Il fait un choix limpide : gouverner avec l''assentiment du Rassemblement National plutôt que d'envisager de céder une once de pouvoir au Nouveau Front Populaire. En dépit du Front républicain qui lui a permis de sauver les meubles aux législatives, il a choisi de pactiser avec le RN. Un beau foutage de gueule qui n'a pas l'ombre d'une chance de perdurer.
Ca si le RN prétend "juger sur pièces" Barnier, c'est pour mieux le supplicier puis le faire tomber. Mélenchon a d'ailleurs parfaitement résumé la situation : "laisser passer le corbillard, c'est une chose, monter dedans, c'en est une autre !" Le RN n'a aucune raison de devenir le sauveteur d’un macronisme à l'agonie. Pourquoi soutenir un budget d'austérité et soutenir à bout de bras ce macronisme déliquescent ? Pourquoi deviendrait-il la béquille, le supplétif de Macron à l'Assemblée ? Cela ne ferait que le discréditer auprès de ses propres électeurs. Comme dans Ken le Survivant, le gouvernement Barnier est déjà mort mais il ne le sait pas encore.
Pour pouvoir s'arroger la clémence de Le Pen, une cinquantaine de jours à peine après avoir été désignée comme le pire du pire de la République, Barnier va devoir cotiser à toutes les obsessions du parti xénophobe. Comment faire avaler, à des députés qui sont sous le couperet d'une dissolution dans 10 mois, des votes aussi ostensiblement diligentés par le RN ? Comment espérer avoir un report des électeurs de gauche la prochaine fois dans de telles conditions, quand certains candidats ont eu à remonter des dizaines de points grâce au concours d'électeurs de gauche pour gagner ? Ces députés ont déjà eu fort à faire pour être réélu après avoir été envoyé à l'abattoir par Macron et malgré ce président qui inspire la détestation et le dégoût dans tout le pays. Personnellement, je pense difficilement imaginable que tous les députés de la majorité votent, comme un bloc, les réformes du RN. Par exemple, pourquoi les soutiens de Bayrou se risqueraient-ils à être confondus avec le RN ?
Macron ne tombera pas tout seul, poussons le 7 septembre !
Barnier est donc sur un siège éjectable et Macron manifestement de plus en plus affaibli. Les appels à la démission se multiplient et flottent dans l'air donnant les contours d'une ambiance palpable. Déjà les députés vont avoir l'arme de la destitution à portée de vote. Je fais le vœu que pour résoudre cette crise un maximum de parlementaires s'en saisissent. On verra combien de suffrages il réunira, ce sera une indication. Je pense plausible qu'il dépasse les rangs de la gauche. Et encore plus probable que ce ne soit pas le dernier essai. Plus il aggravera la crise démocratique, plus le chemin de la destitution sera emprunté.
Quant au peuple, volé par les calculs politiciens de Macron, c'est dans la rue qu'il doit descendre et montrer toute sa dignité. Partout en France le 7 septembre sera un événement de grande ampleur ! La pétition macron-destitution.fr participe aussi à cet élan. La crise ne fait que commencer, elle ne se résoudra qu'avec l'abdication du monarque.