L'ENNEMI INVISIBLE
Pendant des semaines, nous avons mené bataille pour l'élection ou la réélection de députés du NFP face au RN. Sur l'agglomération de Rouen, celle la plus en difficulté était sans conteste la circonscription d'Alma Dufour. Nous avons donc été des centaines et des centaines à débouler sur sa circonscription.
Nombre des militants étaient du coin. Mais nous vîmes un prompt renfort venir de tous les coins de France voire au-delà. Je remercie encore notre camarade de Strasbourg, resté plusieurs jours pour battre l'extrême droite à Rouen. Une autre venait de Belgique. Des camarades de Paris sont venus dans cette circo que nous ne voulions pas voir basculer au RN.
Alors, toutes et tous ensemble, mus par le même désir de défaire l'extrême droite, nous avons tracté, boité, porte-à-porte-é, excusez les barbarismes, pour endiguer les barbares soudainement devenus si "hypes". Le barbare local, Pennelle, est tenant d'une ligne ultrarecationnaire, homophobe, xénophobe. Il était impératif de le battre !
"Le RN, cest comme le Covid"
Au fur et à mesure de notre militantisme effréné, une drôle de sensation s'est répandue, celle de se retrouver face à un ennemi totalement... invisible ! Le RN, c'est comme le Covid : il est imperceptible mais se répand, de bouche à oreille, de sous-entendus en tres-bien-entendus, de préjugés en préjugés, de tik en tok. Comme les reseaux sociaux : il est viral.
Nous passions au peigne fin la circo. Dans ce genre de circonstances, rien ne peut nous échapper, le moindre fait et geste de l'adversaire est scruté, commenté, relayé dans les groupes de discussion de la campagne. "Si si ils existent ! Je les ai vus, 2 gars au pied de mon immeuble, qui ont mis un tract dans ma boite aux lettre !" Puis apres des jours sans nouvelle, "'j'ai vu l'affreux place saint Marc ! Sûrement en train de préparer un coup fourré !"
Ou alors en train de faire ses courses, car on n'a pas vu sa trace sur la circo.
Le summum du ridicule de cette force politique évanescente s'est déroulé le dernier jour de campagne. Le dernier vendredi de campagne avant le vote, juste avant la trêve électorale du samedi, c'est le jour du traditionnel "tenir les colonne". Entendez par là : tourner en voiture au fil des colonnes de libre expression pour ne pas se faire recoller dessus, car en effet à partir de minuit, le code électoral interdit de recoller. En général ce sont donc les militants de part et d'autres des équipes concurrentes qui se tirent la bourre pour savoir qui collera le mieux/le plus haut ou lequel se fera recouvrir. Il s'agit d'un moment d'intenses confrontations entre équipes militantes, qui peuvent être relativement physiques parfois...
Nous étions avec les camarades sur le secteur Couronne-Gd-Quevilly équipés de 8 voitures en comptant les équipes socialistes. Nous étions donc sur le pied de guerre prêts à défendre âprement nos colonnes. Mais face à qui ? Face à personne ! Face au néant de la pensée et de l'organisation RN ! Jusqu'au bout, ils auront été absents, inconsistants, ne comptant que sur "l'évidence" et leurs médias totalement acquis à leur cause.
C'est ça la nouveauté du RN. Réussir à s'imposer, à mobiliser... sans rien faire. Ni rien dire. Ni faire campagne. 140 d'entre eux ont été élus de cette maniere là. Ils en rameront pas une, comme ils le font depuis 2022. Comme le Covid, ils continueront à faire des victimes.
À quand le vaccin ?