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Billet de blog 24 mars 2022

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Discussion sur la dynamique Mélenchon

Et si la dynamique de Mélenchon n'était pas celle que l'on croyait ?

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Tout un chacun a pu constater ces derniers temps la montée progressive du vote Mélenchon dans les intentions de vote. Cette dynamique est attribuée à un effet “vote utile” qui profiterait mécaniquement à celui qui est en tête. Pourtant, dans les intentions de vote, on ne voit guère Roussel, le PS ou Jadot baisser.

Je pense qu’on se trompe dans l’analyse de cette dynamique. Je ne crois pas que le “vote utile” en soit la cause. C’est bien davantage le contexte qui produit cette progression.

En effet, depuis plusieurs mois désormais, l’inflation s’emballe et, avec, la question sociale devient de plus en plus centrale. Tout comme la mobilisation historique des marches climat en 2019 avait porté le vote EELV, perçu comme le récipiendaire “naturel” de cet ample mouvement social, le contexte social va incliner les électeurs vers celui qui se place comme le plus offensif sur cette question : Jean-Luc Mélenchon.

Les thèmes où l’extrême droite prospère d’habitude sont relégués loin derrière le social. Même les sujets où ils sont d’habitude à l’aise les compromettent de plus en plus. Par exemple lors du débat Ouest France durant lequel les candidats lepénistes et zemmouristes étaient clairement en position de faiblesse sur leur sujet de prédilection, l’immigration, étant donné qu’un large consensus soude les Français autour de l’accueil des réfugiés ukrainiens.

De son côté, Macron a enfilé les habits de la réaction sociale en proposant la retraite à 65 ans ainsi que la contrepartie en temps de travail payé sous le SMIC pour les allocataires du RSA. De ce fait, il a aussi placé la question (anti-)sociale au centre du jeu. Par conséquent une perspective s’ouvre pour l’Union Populaire pour convaincre les classes populaires que le plus à même de les défendre est Jean-Luc Mélenchon. La situation économique et sociale pose donc Mélenchon comme le principal adversaire de Macron en proposant un programme résolument social, porté sur la hausse du SMIC, le blocage des prix, la retraite à 60 ans ou encore la revalorisation des petites retraites.

Probablement que la progression de Le Pen sur Zemmour tient également à cette analyse, la fille de son père étant considérée parfois comme une défenseure des classes populaires. C'est à cette imposture que l'Union Populaire devra s'attaquer désormais en mettant à jour les concessions libérales que Le Pen a faites, que ce soit son recul sur les retraites ou encore son refus d'augmenter le SMIC.
Il reste donc une double marge à la candidature Mélenchon : arracher la partie de l'électorat populaire trompé par la candidature Le Pen et convaincre les électeurs de gauche de faire l'union dans les urnes s'ils ne veulent pas rester spectateurs de l'élection présidentielle.

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