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Billet de blog 10 mai 2016

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#MaybeHeDoesntHitYou, le hashtag qui rappelle que la violence n'est pas que physique

L’idée courante est qu’un « abus » ou une « agression » laisse des ecchymoses, des cicatrices. Pourtant les femmes sont quotidiennement les réceptacles de remarques acides, et pas seulement en politique.

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L’Omerta se lève, la parole se libère. L’enquête menée par France Inter et Mediapart nous montre qu’à défaut de bleus, Denis Baupin a laissé des traces.

Culpabilisation, sentiment d’impuissance et, pire, banalisation, les victimes du « DSK des verts » nous rappelle que les coups ne sont pas que physiques. Les mots blessent, et le récent hashtag #MaybeHeDoesntHityou (« Peut-être qu’il ne te frappe pas ») met en lumière ces violences invisibles.

Lancé le 2 mai aux États-Unis par l’écrivaine Zahira Kelly, #MaybeHeDoesntHitYou a rapidement pris de l’ampleur. Des milliers de femmes ont alors pris la parole sur le réseau au colibri, dénonçant la banalisation des agressions sexistes verbales.

Illustration 1

Les nombreuses études sur les violences domestiques ou les violences faites aux femmes concernent principalement les violences physiques, les violences sexuelles et le harcèlement. Pourtant, les chercheurs sont unanimes : la violence physique est toujours précédée de la violence psychologique, qui concerne une femme sur dix.

Dans la majorité des cas, le harcèlement moral se pratique au sein du couple, ce qui rend le dépôt de plainte délicat. D’autant plus que même s’il est reconnu par le code civil, le harcèlement moral reste difficile à prouver, s’exerçant souvent en l’absence de témoins.

« La réalité des violences psychologiques répétées pourra être démontrée par un faisceau de preuves » explique au magazine Marie Claire l’avocate Yael Mellul. Des témoignages de proches,  des certificats médicaux attestant d’une dépréssions,  aux SMS ou lettres bourrés d’insultes, l’important est d’archiver.

Une violence qui dépasse le cadre du privé

Sûrement plus dévastateur lorsqu’il demeure dans la sphère privée, le harcèlement moral s’étale sur la place publique. Les femmes en sont également victimes dans la rue.

Selon l’enquête « Cadre de vie et sécurité » de l’Observatoire nationale des violences aux femmes publiée en novembre 2015, 13,2% des femmes ont déclaré avoir été insultées au moins une fois et 7% plusieurs fois dans un espace public au cours des 12 derniers mois. Les jeunes citadines sont les plus exposées, environ 25% d’entre elles ont été victimes d’insultes.  Plus de la moitié des femmes insultées ont fait l’objet d’insultes sexistes.

Un phénomène sous-estimé en France.  On relativise encore trop souvent les faits, comme à l’époque de l’affaire DSK  où l’on minimise le harcèlement en le qualifiant de « drague lourde ».  La féministe Crêpe Georgette dénonce cette mascarade sémantique qui ressurgit pour l’affaire Baupin dans un post sur son blog « La drague lourde n’existe pas. La drague lourde est du harcèlement, de l’agression, de la violence. Nommons-la comme telle afin de ne pas donner l’impression qu’on la tolère, qu’on l’admet, qu’on la considère comme licite. »

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