Une douzaine d’individus plaqués au sol, ventre à terre et parfaitement alignés. Deux femmes, le regard fuyant de peur, la tête rentrée dans les épaules, enveloppées d’écharpes et autres tissus pour seule protection. On pourrait penser à l’une de ces vidéos de propagande dont l’Etat islamique nous a habitué. Ici ni drapeau noir, kalachnikovs ou index pointés vers le ciel, ni même d’exécutions sommaires ou autres lapidations en prévision. Seulement une poignée d’hommes, armés et accompagnée de véhicules blindés, qui humilie un groupe de migrants à la frontière bulgare. La scène, postée samedi sur Facebook et devenue viral depuis, n’en reste pas moins choquante.
Depuis l’annonce en début de semaine de la fermeture des frontières macédoniennes, nombreux sont les demandeurs d’asiles à tenter leur chance sur les routes bulgares pour rejoindre le nord de l’Europe. Cependant, la nouvelle de patrouilles armées le long de la frontière, menées par un certain Dinko Valev (29 ans), chassant et humiliant les migrants sème le doute et l’effroi parmi ces derniers.
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Traduction " Important – avertissement à tous les syriens. Après les fermetures des frontières macédoniennes et d’autres Etats des balkans, certains de nos frères syriens envisagent de passer par la Bulgarie. Personne ne sait à quel point cela est dangereux. Vous devez absolument regarder cette vidéo avant même de penser à traverser la Bulgarie. Le gangster possède des véhicules blindés et toutes sortes d’armes. Où sont les associations de défense des droits de l’homme ? »
« La Bulgarie est un pays rempli d’animaux, des personnes avec un minimum d’intelligence ne se risqueraient pas à traverser la frontière bulgare » a même écrit Muhammad Haider, en réponse aux avertissements publiés sur plusieurs pages Facebook de la communauté syrienne allemande.
Gangster reconnu et frontex bulgare selon ses dires, Dinko Valev organise avec ses pairs et à l’aide de deux véhicules blindés des battus aux alentours de la ville de Yambol, proche de la frontière turque. Le sosie bon marché du dirigeant tchétchène Kadyrov déclara au Dailymail considérer cela comme « une simple activité sportive », allant jusqu’à demander subventions au gouvernement et récompenses pour chaque prise.
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Ce dernier, a été interpellé par plusieurs organisations de défense des droits de l’homme l’accusant d’amplifier les violences envers les migrants avec le soutien d'habitants locaux. Il répondra dans une allocution vidéo avoir remis aux mains des autorités les individus appréhendés. Contraints à s'essayer à d’autres routes, les rescapés de conflits civils meurtriers doivent faire face aux simulacres de guerres et caprices d’un jeune homme, agissant dans l’impunité la plus totale.
Le manque de réponse institutionnelle ou politique est effarant. Les migrants ne seraient-ils donc plus des humains aux yeux de nos dirigeants?
« Le silence des pantoufles est plus inquiétant que le bruit des bottes » disait le théologien allemand Martin Niemoller. Ce silence, notre silence, est la principale arme de ces chefs zélés, xénophobes et debordés d'ambitions.
Le bruit des bottes s’étend aujourd’hui au-dehors des terres balkaniques. De la bouche de nos élites, les migrants ne seraient qu’un flux, qu’il est préférable de tarir et non des hommes, des femmes, des enfants fuyant les horreurs et atrocités de pays exsangues par des années de conflit. Certains comme Bernard Cazeneuve ont jusqu’à l’indécence même de fustiger les soutiens aux enfermés de la « jungle » calaisienne, plus proche d’un camp de détention. En aucun cas il ne faut blanchir les actions d’organisation comme « No Borders », cependant la rhétorique entourant les demandeurs d’asile m’inquiète.
Elle m’inquiète lorsque même l’Allemagne flanche, fragilisée par une extrême-droite qui vient fouler le sol de son paysage politique.