Vote de la loi contre les Pfas, vote de l'impôt plancher sur le patrimoine des milliardaires, mise à l'arrêt de la construction de l'autoroute A69. Cette semaine aura vu germer trois roses au milieu du béton, trois belles victoires pour le camp de l'écologie et d'une meilleure répartition des richesses.
La leçon que nous apportent ces victoires, c'est que la politique ne se résume pas à mettre un bulletin dans une urne en attendant que la personne ou le parti élu nous sauve. La politique est un rapport de forces. Quel que soit le Président, le gouvernement et le Parlement élus, les décisions politiques sont toujours le fruit d'un rapport de force à l'instant T. Nos élus sont constamment pris entre plusieurs pôles qui les attirent et les écartèlent : les milieux d'affaires qui disposent grâce à leur argent et leurs réseaux d'un puissant magnétisme pour orienter vers leurs intérêts privés mais aussi les citoyens qui défendent l'intérêt général grâce à leur nombre et leur implication.
Malgré son discours du Bourget « Mon ennemi c'est la finance », F. Hollande une fois élu a plié contre le monde de la finance. A l'inverse, malgré sa volonté de défendre les milliardaires et la dérégulation de l'économie, l'alliance parlementaire entre macronistes, Républicains et RN a plié sur le vote des Pfas et l'impôt plancher.
Les lobbies des milieux d'affaires et financiers sont très puissants et nous empêchent de récolter pleinement les fruits de notre vote même lorsqu'un parti au programme écologiste et social vient à l'emporter. Notre Président peut même ignorer le résultat des élections par des tours de passe-passe à la limite de la légalité afin de répondre aux inquiétudes de B. Arnault sur un gouvernement NFP.
Mais nous sommes aussi un lobby : les travailleurs, les consommateurs, les écologistes... Quand nous scrutons les actes de nos élus en suivant activement la vie politique, nous sommes un lobby. Quand nous sommes organisés, nous sommes un lobby. Quand nous sommes déterminés, nous sommes un lobby.
Quand nous cessons le travail, nous sommes un lobby. Quand nous allons manifester, nous sommes un lobby. Quand nous cessons de consommer, nous sommes un lobby. Quand nous signons une pétition, nous sommes un lobby. Quand nous occupons un territoire, nous sommes un lobby. Quand nous diffusons une information, nous sommes un lobby. Quand nous faisons une grève de la faim, nous sommes un lobby. Quand nous votons, nous sommes un lobby. Quand nous saisissons la justice, nous sommes un lobby.
Barrage Sivens, aéroport de Notre Dame des Landes, autoroute A 69. Empêchés, mis à l'arrêt, annulés. Les grands projets inutiles destructeurs pour l'environnement sont quasiment impossibles à mener à bout aujourd'hui malgré la mégalomanie de nos gouvernants et leur collusion avec les entreprises de travaux.
Certaines décisions ne passent même pas par nos élus et sont directement le fruit de l'engagement citoyen. Impactés par le boycott de leurs produits, les businessmen destructeurs de l'environnement ou tentés par l'extrême-droite peuvent être remis en place. L'entreprise Mc Donald's a cessé de soutenir l'armée israélienne génocidaire de Netanyahu, les ventes de Tesla ont baissé de 64% en Europe depuis le salut nazi d'Elon Musk et son réseau social X s'étiole, va-t-il persévérer dans son délire fasciste ?
Il faut bien sûr rester vigilant : les capitalistes ont de la ressource calmer les ardeurs populaires en concédant le minimum. Nous savons que la loi sur les Pfas a été nettement amenuisée par rapport aux ambitions de départ et qu'il reste du chemin à faire, nous savons que cet impôt plancher sur les milliardaires n'est pas suffisant pour compenser la suppression de l'ISF, nous savons qu'ils tenteront de relancer la construction de l'autoroute A69. Mais nous avons enfoncé un coin. Nous avons glissé un grain de sable dans la machine.
Ils ont des millions, nous sommes des millions.
Milliardaires, votre fortune repose sur nos achats et notre labeur. Gouvernants, votre place repose (pour l'instant encore) sur nos votes. On vous regarde. Et nous savons agir lorsqu'il le faut.
Alexandre Guilhem
Auteur du ebook Comment les classes dominantes ont détourné le suffrage universel