Ali Farid BELKADI

Abonné·e de Mediapart

9 Billets

0 Édition

Billet de blog 20 mai 2024

Ali Farid BELKADI

Abonné·e de Mediapart

Le monologue de l'En Dehors: Exercices de sémiologie partisane

Ali Farid BELKADI

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le monologue de l'En Dehors: Exercices de sémiologie partisane 

de Ali Farid BELKADI (Auteur)


Roman. L’arrière-grand-oncle du narrateur l’En-Dehors, relate dans un volumineux cahier aux feuilles cornées, dont certaines étaient rongées par les xylophages, le Bagne de la Nouvelle-Calédonie où il fut déporté au cours de l’année 1875. Le récit qui déborde de détails tourmentés est rédigé dans l’idiome arabe dialectal dans un style dépouillé. Le cahier a été compulsé, traduit et commenté par l’En-dehors en deux jours, une nuit et des poussières, qui correspondent à la durée virtuelle du récit. Durant ce laps de temps, l’En-dehors prend connaissance de toutes les situations vécues par l’arrière-grand-oncle dans ce bagne infâme. Le contenu du cahier change le rapport de l’En-Dehors à l’Histoire, lui qui était si insouciant, voire même amnésique, de ces choses-là, en devient le témoin privilégié. Au fil des pages, l’égo de l’En-Dehors interfère et s’amplifie d’heure en heure, au point de faire parfois concurrence au récit de l'arrière-grand-oncle.
Le récit, qui est daté du mois d’avril 1878, est consigné sur du papier de mauvaise qualité, le trait de plume n'est pas ordinaire, l'écriture semble avoir été tracée à l’aide d’une plume d'oie, en caractères coufiques maghrébins larges, à la manière des talismans griffonnés sur une peau de gazelle. La réalité entremêlée à la fiction s’articule en chapitres et alinéas inclassables, dans un ordre imprévu, comme se nouent sur le plan mental les apartés et les soliloques, sans ponctuation, sans aucun signe servant à marquer les divisions et les pauses dans le texte. On ne peut pas mettre des points et des virgules à la petite voix de l’intérieur de dedans, ni aux représentations mentales et psychiques, ni même aux pensées qui défilent dans la tête à chaque instant et dans tous les sens. Corneille a écrit le monologue de Cinna, Beaumarchais le sien dans le mariage de Figaro, acte V, scène 3. James Joyce dans son Ulysse a développé l’inoubliable aparté de Molly Bloom : « Oui, puisqu’avant il n’avait jamais fait une chose pareille de demander son petit déjeuner au lit avec deux œufs depuis l’hôtel de la Cité quand ça lui arrivait de faire semblant d’être souffrant au lit avec sa voix geignarde jouant le grand jeu pour se rendre intéressant de cette vieille tourte de madame Riordan. Les feuilles du Monologue de l’En-Dehors s’accumulent et s’agrègent pour façonner le récit en 320 pages 99418 mots 8646 lignes.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.