Ta tribune en écho pour signaler ton exclusion volontaire du mouvement Nuit Debout me fait bondir mon cher Grégoire. Quel mépris dans ton propos ! Saches que nous parlons là d’un mouvement sans leader contrairement à ce que tu sembles penser, nous parlons d’un mouvement de foule, d’un mouvement du corps et de l’esprit simplement, et qui englobe forcément en son sein une pluralité d’expressions.
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Laisse moi prendre la plume et quelques instants pour te répondre, car ton message est arrivé jusqu’à moi qui partage ton année de naissance et que tu exhortes à ne pas être prise pour dupe d’un élan trompeur, qui se jouerait en ce moment sur les places de France. Nuit Debout qui résonne avec tous ceux qui s’en réclament. Hôpital, culture, bibliothèque, artiste, éducation, radio, télé, Vérité même, la grande alètheia grecque qui revient !!!
Je ne sais pas si tu es allé sur la place de la République récemment l'ami, j’y vais moi-même souvent prendre l’air et la température, mais cela n’est pas nouveau. Il y a longtemps que l’Agora commence à sortir de terre sur cette merveilleuse place. J’y inspecte le lion du suffrage universel qui fait face, imposant son encolure à la statue devenue depuis ce triste et fameux 7 janvier 2015 une drôle de messagère.
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Des messages d’amour de toute part depuis les coups sanglants d’une autre jeunesse, en crise elle aussi, très nihiliste en sa forme, on l’a dit déjà, on le sait. Mais c’est aussi cela qui se joue dans l’espace de notre époque et dont il s'agit de se saisir.
Toi tu n’es pas nihiliste Grégoire, tu es libéral il me semble. Tu entreprends, tu crées de la valeur économique, tu voudrais que tout se libère pour créer plus encore, et en cela je ne te contredirai pas.
Moi aussi j’aime la liberté. Moi aussi j’entreprends, entrepreneuse-salariée d’une coopérative d’activité et d’emploi, un statut qui permet de porter son activité singulière au sein d’un collectif reconnu et encadré récemment par la dernière loi ESS. Un modèle d’organisation du travail que je t’invite à regarder de plus près, ce fameux travail dont le code fait tant débat.
Ne te méprends pas, je ne suis pas au nombre de ceux qui viennent contester l’évolution d’une charte propre à un symbolisme très français. Je suis pragmatique comme toi, et en terme de droit, plus anglaise que romaine. Et je sais que nous nous trouvons à un moment où les formes du travail, et surtout celle de l’emploi telle que nous les avons connues jusqu’à présent sont en train d’évoluer radicalement. Et nous en sommes en grande partie responsable.
Ceci étant dit, la jeunesse ne se résume pas à un corps que tu crains tant voir se perdre dans la purge de ses passions tristes, la colère en tête. Bien au contraire, laisse moi te dire que des projets bien concrets se dessinent en ce moment même, dans les sphères du commun que nous partageons toi et moi. Elle se dévoilent juste comme les gens recouvrent peu à peu le sens du débat. Et cela fait du bien !
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Des projets d’entrepreunariat solidaire et social par exemple, j'en connais beaucoup oui, conduit par des jeunes également, des jeunes start-upeurs qui intiment une certaine priorité de sens à la co-existence avant de penser à leur culbute de millions ! Certains passent sur la place comme moi, curieux ou plus engagés, mais l'énergie ne leur fait pas défaut.
L’énergie engendre l’énergie et tout dans ce mouvement est à comprendre pour l’instant en ces termes. C’est ce qu’il se joue véritablement en ce moment sur les places et dans les espaces médiatiques connectés. La nécessité de faire converger les ambitions singulières dans un véritable projet politique. Un changement de paradigme lié à l’empowerement citoyen. On verra bien ce qu'il émerge de tout cela.
En tout cas, si tu veux une liste d’initiatives en marche, n’hésite pas à consulter la page wiki du mouvement mon cher Grégoire, tu pourras peut-être raviser ainsi quelque peu ton jugement initial.
A bon entendeur,
Alice aka Lucie pour Disruptive Factory, Laboratoire de production collaborative.