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Billet de blog 10 novembre 2012

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Exercice de lecture

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ainsi en est-il : nous, Françaises et Français de tous horizons, sommes en guerre. En ces jours graves et difficiles, rassemblons nous, solidarisons nous, pactisons sous la bannière de la compétitivité pour redonner au grand corps malade qu’est notre industrie ses heures de noblesse. 

Passé l’effet de publication du Rapport Gallois, prenons le temps de l’analyse et de la réflexion.  En commençant  par rappeler à nos chères mémoires qu’en des temps à peine anciens, le rapport Attali sur la mauvaise santé de notre économie et de nos finances et les moyens d’un retour à l’équilibre avait déjà sonné le tocsin. Mais en ces temps-là, nous nous obstinions, souvenons nous, à nous trouver fort aise dans nos apparats de cigales.

Phrases courtes mais rythmées par d’indispensables mots choc (seuil critique, confiance, investissement, solidarité), articulation de l’analyse selon le classique schéma thèse - antithèse - synthèse, absence de référence à de complexes mécanismes économiques qui alourdiraient la lecture.  Le Rapport Gallois a réussi dans son ambition de rendre compréhensible par tous un audit de notre industrie tout en assortissant les recommandations énoncées d’un « yes, we can » à la française pour nous galvaniser avant le début des efforts à accomplir. 

Car ne nous leurrons pas, la compétitivité ne s’invitera pas sur la scène de notre industrie sans un lot considérable de renoncements auxquels nous n’avons pas d’autre choix que de consentir pour, à terme, financer le dispositif mis en place  par nos dirigeants. Efforts acceptables, certes, mais pour quel projet économique et à terme quel projet de société? Une fois de plus, le débat s’est trouvé lancé et une fois encore, en débit d’un énième rapport, la réponse semble hésitante.

Il est surprenant de constater qu’aucune des soixante pages d’un document traitant d’une relance industrielle ne fournisse une analyse sectorielle précise qui permettrait de concentrer nos actions en faveur d'une filière plutôt qu’une autre en s’appuyant par exemple sur l’état de notre recherche et notre expertise. Une stratégie de reconquête, à commencer par celle de la compétitivité, ne réussit que si les priorités sont clairement identifiées en terme de production (l’offre) et de marché (la demande).  Or une analyse minutieuse de l’une et l’autre semble manquer au rapport.

Il est tout aussi étonnant de constater que le volet énergétique, crucial pour nous autres Français, est traité en un court paragraphe puis repris en une ligne, seulement, en fin de rapport. Oubli volontaire ou non : il fait totale abstraction du mode de financement du renouvellement,  à relativement brève échéance, de notre parc nucléaire, garant d’une énergie à moindre coût. Favoriser la recherche sur l’exploitation des gaz de schiste dont on sait qu’elle est contestée et constestable peut-il constituer un réel projet de société prenant en compte les intérêts environnementaux de nos enfants?

Ces quelques remarques ne sont là qu’un point de départ pour une réflexion plus large que chacun peut mener à son niveau mais qui est indispensable si nous voulons exiger une entière transparence de l’action du gouvernement, à tous les niveaux d’application des mesures prises sur la base du Rapport Gallois. 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.