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Billet de blog 22 mars 2012

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Les 12 travaux d'Hercule

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Après avoir tué son épouse et ses enfants dans un accès de folie, l’oracle de Delphes ordonna à Hercule,  fils de Zeus, de s’acquitter de douze travaux dont le combat avec le Lion de Nemée et l’hydre de Lerne, la capture de la biche aux cornes d’or et aux pieds d’airain du mont Cyrénée et le nettoyage les écuries d’Augias. Une fois sa peine acquittée avec ruse et courage, Héraclès s’en alla livrer d’autres batailles et convoler plusieurs fois en justes noces avant de gagner l’Olympe où il accéda à l’immortalité.

Vingt-sept siècles plus tard, réveillé dans son sommeil olympien par les soubresauts du monde d’en-bas, Hercule décida de retrouver une apparence humaine pour porter secours à l’humanité en péril. Fort de son expérience à combattre les méchants, son imposante massue bien calée sur l’épaule, il entreprit un voyage de 7 jours sur terre.

Le premier et deuxième jour, il parcourut le monde « barbare » et celui, aussi, qui s’étendait bien au delà des confins qu’il avait connus. Il eut beau courir aux quatre points cardinaux, il ne rencontra point de sangliers féroces, de dragons à l’haleine venimeuse ou d’oiseaux monstrueux. D’est en ouest, du nord au sud, les forêts avaient cédé leurs hectares à des champs stériles, rendant la surface de la terre pareille à la peau d’un vieil animal atteint d’une espèce de gale fulgurante. Lacs et rivières s’étaient salinisés, asséchés ou bien vidés de toute vie. Les océans étaient en passe de devenir des sous-continents de bouteilles, sacs et autres inventions en plastique dérivant au grès des courants, asiles potentiels pour réfugiés des temps modernes. Désolation, poussière et asphyxie étaient devenues les standards environnementaux.

Le troisième et quatrième jour, Hercule fit connaissance avec les nouveaux dieux des hommes : Jésus, Allah, Yavhé dont les serviteurs excellaient dans l’instauration de dictats tous aussi féodaux les uns que les autres pour asseoir leur domination et conduire les affaires humaines mais également une multitude de gourous particulièrement  inventifs dans l’art d’anesthésier la désespérance des hommes face à leurs tourments.

Le cinquième et sixième jour, notre héros s’enquit de la condition de ceux dont il avait épousé l’apparence. En vingt-sept siècles d’histoire, les maux de l’humanité avaient incontestablement bien changé. Elle n’était plus menacée par d’invincibles dragons, des lions aux terribles rugissements ou bien encore d’hideuses créatures qui dévoraient tout sur leur passage. Se croyant immortelle et en toute chose supérieure, elle se dévorait elle-même, par excès de cupidité et d’immoralité. Aux bœufs et sangliers qui terrorisaient les villageois avaient succédé des autocrates et mégalomanes assoiffés de pouvoir. Le venin de l’hydre s’était changé en mensonges politico-financiers injectés à dose massive dans les consciences individuelles et collectives. Au nom d’une constante insatisfaction matérielle sacrifiant le beau et le sacré, on décimait les biches aux cornes d’or et aux pieds d’airain.

Au soir de son septième jour sur terre, comprenant qu’il n’y avait aucun tourment qu’il pût combattre avec son courage ou sa massue, Hercule regagna l’Olympe pour toujours.   

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