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2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée sur Terre, dépassant le seuil de + 1,5 °C de réchauffement. Inondations en octobre dans la région de Valence en Espagne, cyclone Chido à Mayotte en décembre, mégafeux à Los Angeles en janvier, plus un mois ne passe sans son lot d'événements climatiques extrêmes exacerbés par le dérèglement climatique, provoquant des centaines de morts, des milliers de blessés, des millions de déplacés. Ce sont autant de symptômes d’une maladie qu’AXA choisit d’entretenir.
En 2024, les catastrophes climatiques ont coûté 320 milliards de dollars de dégâts1. Qui paie la facture ? Certainement pas les pollueurs. Les assureurs, eux, jouent sur deux tableaux : d’un côté, ils se présentent comme victimes du dérèglement climatique et augmentent les cotisations des personnes les plus exposées aux catastrophes climatiques ou les privent carrément d’assurance, comme c’est le cas pour la commune de Breil-sur-Roya2. De l’autre, ils continuent à assurer l’industrie fossile qui alimente ces mêmes catastrophes. Plutôt que de faire payer les responsables, ils font peser le coût de la catastrophe sur les citoyens et citoyennes, tout en réalisant des bénéfices records. Ainsi, plutôt que d’assumer ses responsabilités, AXA choisit de prendre aux assurés pour donner plus à ses actionnaires, à qui le groupe reverse 75% de ses bénéfices. "Prendre aux assurés pour donner aux actionnaires", voilà la logique du leader français de l’assurance.
Nous, membres d’ANV-COP21, dénonçons l’implication d’AXA dans des projets fossiles tels que Freeport LNG, Cameron LNG et Calcasieu Pass aux États-Unis, qui exportent en masse du gaz de schiste, notamment vers l'Europe, où AXA assure également les terminaux de GNL, comme à Dunkerque. Ces terminaux de GNL ne peuvent être opérés sans le précieux contrat d’assurance que leur accorde AXA, et sont de véritables bombes climatiques qui aggravent les risques de catastrophes climatiques extrêmes autour d’elles, et dans le monde entier.
Le gaz naturel liquéfié est une énergie fossile
Contrairement à ce que veulent nous faire croire AXA et Total Énergies, le GNL est tout aussi dangereux et polluant que le charbon. Plusieurs rapports3 mettent en évidence de nombreuses fuites de méthane tout au long de la chaîne de production du GNL. Or le méthane est un gaz extrêmement polluant : son effet est 80 fois plus fort sur le réchauffement climatique que le CO2 sur une période de 20 ans, 28 fois plus fort sur une période de 100 ans. Le terminal Freeport LNG émet aujourd’hui environ 75 MtCO2/an soit, à lui seul, 25% des émissions annuelles de CO2 de la France4. Ajoutons à cela le danger sanitaire que ces infrastructures représentent : les personnes habitant dans un rayon de 4000 km autour des terminaux de gaz naturel liquéfié subissent une exposition à des particules particulièrement dangereuses dont le benzène, classé cancérigène par l’OMS.
AXA, pionnière de l’exclusion des projets de charbon, doit aller plus loin
“Un monde plus chaud de 4 degrés serait impossible à assurer” a déclaré en 2015 l’ancien PDG d’AXA Henri de Castries. Dans un contexte de relance des projets de GNL impulsé par Donald Trump aux États-Unis, il est d’autant plus urgent pour ce leader mondial de l’assurance d’assumer ses responsabilités, et d'arrêter d'assurer les infrastructures qui nous conduisent vers ce scénario.
AXA a été un pionnier parmi les assureurs, en adoptant une politique de sortie du charbon, qui a amorcé un mouvement de fond de retrait des projets charbon au sein du secteur de l’assurance. Pourquoi continuer à assurer des projets comme le terminal d’exportation de gaz de schiste liquéfié de Calcasieu Pass qui, cumulé aux autres terminaux de GNL de l’entreprise Venture Global en Louisiane, émettent autant que 160 centrales à charbon5 ? AXA a déjà prouvé qu’elle pouvait faire bouger les lignes et pousser l’industrie de l’assurance dans la bonne direction : il est temps qu’elle le fasse à nouveau en tournant définitivement le dos aux énergies fossiles et en adoptant une politique d’exclusion du gaz naturel liquéfié.
La mobilisation citoyenne ne cessera d’augmenter, tant qu’AXA ne se sera pas retiré des fossiles
Depuis octobre 2024, ANV-COP21 mène la campagne « Avec AXA, c’est la catastrophe assurée », avec l’objectif de contraindre l’assureur à cesser d’assurer les projets d’énergie fossile sans exception, y compris le GNL. En novembre, lors du salon Investir Day à Paris, nous avons interrompu une intervention publique du directeur financier d’AXA, l’interpellant directement au sujet de ces projets de GNL. En décembre, une première série d'actions a eu lieu devant plusieurs agences en région. En parallèle, nous menons une campagne d’appels massive auprès des agences AXA, afin d’interpeller les salarié·es du groupe qui se retrouvent confronté·es, chaque jour, aux victimes des catastrophes climatiques alimentées par les activités de leur maison mère. Nous avons pu discuter avec plus de 100 conseiller⋅es AXA, et nombreux sont ceux qui ont découvert le soutien d’AXA aux énergies fossiles avec surprise et déception.
Ce jeudi, des militant·es d’ANV-COP21 et de Stop Total seront sur le terrain, devant les agences, les sièges régionaux et au siège national à Paris, pour dénoncer l’indécence des bénéfices d’AXA dans un tel contexte. Des organisations comme Carnage Total, Extinction Rebellion et Ekō se joignent à nous et dénoncent également l’implication d’AXA dans le génocide palestinien.
La sortie d’AXA des énergies fossiles est une exigence des citoyen·nes, mais pas seulement. De nombreux⋅ses conseiller⋅es d’AXA nous ont confié désapprouver ce comportement irresponsable et hypocrite. D’autant plus de la part d’une compagnie d’assurance qui vante ses actions et mécénats en faveur de l’environnement, des modes de vie bas carbone et de la résilience des territoires. Qu’assurent-ils, sinon la fin du monde ? Il est encore temps pour AXA de se désengager du GNL. Chaque journée, chaque euro, chaque dixième de degré compte pour préserver une Terre habitable pour les générations actuelles et à venir.
Tribune soutenue par :
- Alternatiba
- Alofa Tuvalu
- Les Amis de la Terre France
- Attac France
- Carnage Total et Extinction Rebellion
1 “Catastrophes naturelles : 2024, année de pertes historiques”, L’argus de l’assurance, 10.01.2025 (https://www.argusdelassurance.com/green-assurance/catastrophes-naturelles-2024-une-annee-de-pertes-historiques.234096)
2 “”Je suis scandalisé", colère du maire de Breil-sur-Roya, abandonné par les assureurs après la tempête Alex”, France 3 régions, Laurent Verdi, 04.11.2023 ( https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/alpes-maritimes/je-suis-scandalise-colere-du-maire-de-breil-sur-roya-abandonnee-par-les-assureurs-apres-la-tempete-alex-3054904.html)
3 “Human-caused methane emission must decrease, driven by cuts in the fossil fuel industry”, Reclaim Finance, 17.10.2023 (https://reclaimfinance.org/site/en/2023/10/17/human-caused-methane-emission-must-decrease-driven-by-cuts-in-the-fossil-fuel-industry/)
4 Les émissions de CO2 de Freeport LNG ont été calculées à partir de la méthodologie “KING Metrics” de l’organisation Leave It in the Ground Initiative (LINGO).
5 Sierra Club, US LNG Export Tracker