
Le G7, qui s’est tenu du 24 au 26 août à Biarritz, présentait au moins deux enjeux importants pour Macron. Premièrement, comme pour tout G7, et d’autant plus après les fortes mobilisations des Gilets jaunes et l’écho international qu’elles ont eu, il y avait un enjeu sécuritaire : si le dispositif de sécurité avait présenté des failles, ça aurait porté un préjudice direct au gouvernement. Deuxièmement, Macron pouvait trouver dans ce G7 une occasion de consolider son image de Champion de la Terre sur la scène internationale. Ce second point était, pour nous, militant⋅es climat, notre préoccupation principale et l’objectif que nous voulions mettre en échec.
Macron a cependant largement gagné sur ces deux objectifs. Le dispositif policier et militaire déployé pour le G7 n’a pas été ébranlé le moins du monde : mobilisation de 13 200 membres des forces de l’ordre, innombrables contrôles d’identité et fouilles, une centaine d’interpellations préventives, gardes à vues dont celles de trois observatrices de la Ligue des droits de l’homme, confiscation de matériel de protection de journalistes, interdictions de manifestations, Biarritz « bunkérisé », infiltration policière, c’est un dispositif sécuritaire hors-normes qui s’est déployé sur le Pays Basque.
Et côté Champion de la Terre, Macron a réussi un nouveau coup médiatique en attaquant Bolsonaro sur les incendies en Amazonie la veille de l’ouverture du G7. Deux ans après son slogan “Make our planet great again”, cette nouvelle opération de communication a provoqué un buzz mondial, lui permettant de se présenter à nouveau comme un grand leader de la cause climatique... Alors que sa propre politique en France n’est pas du tout à la hauteur de l’enjeu et ne respecte même pas les objectifs de l’Accord de Paris (voir par exemple la vidéo Macron et l’écologie : le mensonge de l’été, par Le Vent Se Lève).
Le G7 a eu son contre-sommet, et ses mobilisations altermondialistes, anticapitalistes et écologistes, mais qui ont été globalement faibles : 15 000 personnes à la manifestation, 4 000 personnes au campement, 5 800 personnes cumulées aux ateliers et conférences du contre-sommet, ce n’est pas rien, et cela a représenté beaucoup de travail. Mais on ne peut pas dire que ça ait été un grand temps fort du mouvement altermondialiste. D’autant moins après les mobilisations impressionnantes des Gilets jaunes et les mobilisations massives pour le climat qui ont rythmé l’année qui vient de s’écouler dans l’Hexagone.
Le mouvement altermondialiste en ressort avec beaucoup de frustration, et des divisions sont en train d’être aggravées par la diffusion de fausses informations et d’accusations infondées. En ligne de mire de beaucoup de critiques : le choix de la non-violence. Mais n’est-ce pas là un bouc émissaire facile, qui empêche de dresser un vrai diagnostic et une évaluation réaliste du rapport de force actuel ? Parmi les critiques et les attaques, certaines visent notamment nos mouvements Bizi, Alternatiba et ANV-COP21, qui sont la cible de diffamation, ce qui nous amène à démentir et à éclaircir un certain nombre de points dans ce texte et en annexe.
Les plateformes anti-G7
Tout d’abord, rappelons ce qu’a été le cadre d’organisation du contre-G7. Des réunions ont eu lieu dès juillet 2018 pour organiser la mobilisation, aboutissant à la création d’une plateforme basque "G7 EZ", et d’une plateforme hexagonale "Alternatives G7", les deux travaillant en étroite coopération. Ces deux plateformes ont choisi collectivement un cadre d’action non-violent et en partie légal, devant se concrétiser par un contre-sommet autorisé à Hendaye du 19 au 23 août, et une manifestation autorisée le samedi 24 août allant de Hendaye à Irun. Une action de désobéissance civile de masse, baptisée Arc-en-ciel, était également prévue, mais n’a finalement pas eu lieu.
Précisons que les mouvements ANV-COP21 et Alternatiba n’ont jamais fait partie d’aucune de ces plateformes anti-G7, bien qu’ils se soient quand même mobilisés pendant cette séquence anti-G7 en lien avec cette plate-forme et divers autres mouvements.
Bizi, mouvement altermondialiste basque, affilié aux réseaux ANV-COP21 et Alternatiba, a quant à lui rejoint la plateforme anti-G7 basque en décembre 2018, environ 5 mois après sa création, en précisant que son engagement serait minimum jusqu'en juin 2019.
De fait, aucun de nos 3 mouvements n’a participé à la définition des mobilisations devant être organisées par ces plateformes anti-G7. Le mouvement Bizi, comme il s’y était engagé, a relayé les appels des plateformes et mobilisé son réseau de militant⋅es, au Pays Basque et au-delà via les réseaux ANV-COP21 et Alternatiba, pour prêter main forte à l’organisation des mobilisations décidées par les plateformes. Nous avons ainsi participé à l’animation d’ateliers et à des conférences pendant le contre-sommet, et avons participé à l’organisation de l’encadrement de la manifestation du samedi 24 août.
Première remarque générale : il semblait évident que les mobilisations autorisées organisées par les plateformes anti-G7 ne pourraient pas, en tant que telles, constituer de réel blocage ou de perturbation du G7. Le contre-sommet, le campement, comme la manif du 24 août, étaient tous autorisés par les autorités. Les lieux du contre-sommet et du campement ont été proposés par les autorités. Des navettes pour faire le lien entre les deux lieux - campement et contre-sommet - ont été mises en place par la communauté d’agglomération Pays Basque. Et le tout était organisé à Hendaye, à 30 km de Biarritz où se tenait le G7, ce qui mettait inévitablement à distance la mobilisation anti-G7 et compliquait encore davantage toute perturbation du sommet.
Le projet d’action de désobéissance civile de masse “Arc-en-ciel” devait aller plus loin mais n’a pas pu avoir lieu, à cause de difficultés d’organisation liées aux tensions avec les forces de l’ordre autour du campement, comme l’explique le communiqué des plateformes anti-G7.
Il serait cependant injuste de tenir la plateforme anti-G7 pour responsable de ce qui n’a pas été fait, ou de ce qui aurait dû être fait autrement, car pour gêner réellement le G7, d’autres actions pouvaient être organisées par celles et ceux qui le souhaitaient, en dehors ou autour de cette plateforme, sans attendre que la plateforme les organise elle-même.
Au-delà des plateformes anti-G7
On peut notamment lire de nombreuses critiques visant à faire porter la responsabilité de la faiblesse de la mobilisation au choix de la non-violence par les plateformes anti-G7. Toutefois, aucun courant préférant d’autres modes d’actions n’avait besoin de l’autorisation de la plateforme pour organiser d’autres types d’actions. Et de fait, plusieurs actions ont bel et bien été organisées hors de la plateforme.
Nos propres mouvements, Bizi, ANV-COP21 et Alternatiba, ont ainsi organisé une « Marche des portraits » à Bayonne le matin du dimanche 25 août, dans la zone interdite à toute manifestation. Il s’agissait d’une action de désobéissance civile non-violente qui était annoncée publiquement à l’avance aux médias et sur les réseaux sociaux. Bizi en avait préalablement informé la plateforme anti-G7, mais il s’agissait d’une initiative organisée complètement en dehors de la plateforme. Nous y avons fait apparaître des portraits officiels de Macron qui ont été décrochés dans des mairies et réquisitionnés au cours des six derniers mois, qui sont recherchés par les autorités comme l’attestent les 74 perquisitions subies par les activistes d’ANV-COP21, les 152 personnes auditionnées, dont 93 placées en garde à vue ; et qui donnent lieu à une répression pro-active orchestrée par les autorités avec notamment la mobilisation du Bureau de Lutte Anti-Terroriste, une directive de la gendarmerie nationale pour inciter les maires à déposer un maximum de plaintes contre nous, et les 57 activistes d’ANV-COP21 poursuivi⋅es en justice dans 17 procès.
Contrairement à l’intox relayée par le Canard enchaîné, émanant probablement d’une manipulation des autorités, aucune négociation avec la préfecture n’a eu lieu concernant cette action (lire les détails dans le communiqué de presse de démenti). Les autorités auraient pu intervenir facilement par la force pour empêcher cette provocation non-violente qui a consisté à déambuler avec des portraits recherchés à quelques mètres seulement des forces de l’ordre. Si elles ne l’ont pas fait, c’est que l’image d’arrestations pour des tableaux emballés (dont la plupart étaient des leurres) qui aurait alors été relayée par les nombreux médias présents, aurait été bien plus coûteuse politiquement pour le gouvernement. Notre objectif politique était de profiter de la présence exceptionnelle de nombreux médias internationaux pour montrer que dans son propre pays, l’image internationale de Macron « Champion de la Terre » et héros du climat est contestée. L’objectif tactique étant, face à un dispositif policier que nous jugions infranchissable et impossible à déborder, de déplacer la lutte sur un terrain politique sur lequel l’utilisation de la force était inopérante.

Mais nous n’avons pas été les seuls à organiser des actions hors des plateformes anti-G7. Notamment, une tentative de « blocage économique » d’un rond-point en fin de journée du vendredi 23 août à Urrugne, à proximité du campement anti-G7 ; et une manifestation sauvage à Bayonne en fin d’après-midi du samedi 24 août, ont eu lieu. Il s’agissait dans les deux cas d’actions appelées sans critères de non-violence, et qui ont intégré des tactiques d’affrontements « violents » avec les forces de l’ordre, et qui pouvaient ainsi correspondre à des tendances militantes qui ne se retrouvaient pas dans les choix d’action des plateformes anti-G7, ni dans la démarche non-violente de la Marche des portraits.
Comment comprendre, alors, l’accusation selon laquelle le cadre non-violent décidé par la plateforme aurait empêché d’autres initiatives, et d’autres modes d’actions, d’avoir lieu ?
En réalité, la plateforme n’a aucunement eu le pouvoir, ni la volonté, d’empêcher l’organisation d’autres actions et mobilisations. Chaque militant⋅e, chaque mouvement, chaque courant, est libre d’organiser les actions qui correspondent à sa vision stratégique. C’est d’autant plus vrai concernant le mouvement altermondialiste et anticapitaliste qui se revendique largement de l’autogestion. Ainsi, les reproches adressés à la plateforme sur ce qu’elle n’aurait pas organisé, ou au cadre non-violent de tel ou tel mouvement qui aurait empêché d’autres types d’action, ne peuvent pas expliquer la rareté et la faiblesse des actions organisées, et empêchent de se poser des questions sur les véritables moyens d’organisation du mouvement altermondialiste. La question essentielle à se poser, selon nous, est : pourquoi n’y a-t-il pas eu davantage d’actions organisées ? Et pourquoi les personnes qui critiquent aujourd’hui ce qui n’a pas été fait pendant le G7, n’ont pas choisi d’organiser elles-mêmes les actions qu’elles auraient souhaitées ?
En ce qui nous concerne, nous n’avons attendu de personne, ni l’autorisation ni les moyens d’organiser les actions qui nous semblaient stratégiques, et nous n’avons pas empêché les autres mouvements d’organiser d’autres actions.
Des divisions attisées
Notamment, en ce qui concerne l’opération baptisée « Arc-en-ciel » qui prévoyait d’occuper 7 places entourant Biarritz. Prévue par une partie des mouvements de la plateforme, elle n’a finalement pas été menée. Les mouvements Bizi, Alternatiba et ANV-COP21 n’étaient pas impliqués dans l’organisation de cette opération, et encore moins dans la décision de son annulation.
La brève du Canard enchaîné selon laquelle de « discrètes négociations » avec les autorités auraient convenu de l’annulation de l’opération Arc-en-ciel contre l’autorisation officieuse de la Marche des portraits est une intox totale, émanant probablement des autorités elles-mêmes.
Nos mouvements Bizi, ANV-COP21 et Alternatiba n’avaient d’ailleurs aucun intérêt à ce que la Marche des portraits soit autorisée, bien au contraire. L’option tactique de cette action de désobéissance civile résidait dans le dilemme qu’elle posait aux autorités : nous étions certains d’être gagnants dans tous les cas de figure, que les autorités interviennent ou qu’elles nous laissent faire malgré l’interdiction. Et un scénario avec arrestations par les forces de l’ordre était même le plus intéressant pour nous, car il aurait aidé à donner un écho médiatique encore plus large à l’action. Nous avions par ailleurs prévu de pouvoir joindre des avocats pour défendre les personnes qui auraient pu être arrêtées ou poursuivies en justice suite à cette action.
Qui a pu inventer pareille intox ? Ça ne peut pas venir des organisations impliquées dans l’opération Arc-en-Ciel, qui n’étaient aucunement investies dans l’organisation de la Marche des portraits, et qui n’avaient pas d’intérêt particulier à négocier quoi que ce soit sur la réaction des autorités à ce sujet, et surtout pas au prix de l’annulation de ce qui devait être le final en apothéose de la mobilisation anti-G7.
Il n’y a que les autorités qui ont un intérêt objectif évident à cette intox. Le mouvement altermondialiste s’est révélé à l’issue de ce G7 peu puissant, désorganisé, et divisé. Cette faiblesse des mobilisations présente le risque d’accroître les divisions, et ainsi de nous désorganiser encore davantage, de faire perdre du temps à tout le monde en querelles internes, de nous fragiliser et d’abîmer notre crédibilité. Cette intox a de suite eu cet effet de division en alimentant les polémiques déjà en cours sur la “docilité” reprochée aux organisateurs de l’anti-G7, tout en décrédibilisant les organisateurs de la Marche des portraits.
Concernant cette Marche des portraits, cette intox transforme un dilemme politique que les autorités n’ont pas pu résoudre, en prétendue négociation intelligemment menée par l’Intérieur. Plutôt que d’apparaître incapables de gérer l’apparition publique, dans la zone la plus sécurisée de l’hexagone, de portraits officiels recherchés partout par les forces de l’ordre, il est encore préférable pour le gouvernement d‘apparaître comme l’ayant laissé faire.
Avec une seule intox toute simple, de quelques lignes, facile à répandre, et audible sur fond de polémiques entre différents courants militants, le gouvernement gagne absolument à tous les niveaux. Porter du crédit et relayer cette intox fait clairement le jeu des autorités, qui ont tout à gagner à exploiter les divisions du mouvement à un moment où il s’avère en position de faiblesse momentanée.
Si, en plus de la réussite de la sécurisation du G7, de l’image renforcée de Macron en champion de la Terre, et de la mobilisation de basse intensité du mouvement altermondialiste, les autorités pouvaient aussi profiter de cette situation pour accroître les divisions du mouvement et les rendre les plus durables possibles, ça serait la cerise sur le gâteau. L’intox relayée par le Canard enchaîné arrive à point nommé pour compléter le strike parfait réussi par Macron.
Par ailleurs, une manipulation policière est dénoncée par plusieurs mouvements militants après qu’une informatrice de la police a été démasquée lors d’une AG sur le campement du contre-G7. Selon l’article de IAATA, elle « organisait, impulsait et poussait à des actions ; elle mettait en relation des gens afin que la police puisse procéder à des arrestations » selon la tactique consistant à « pousser à l’infraction et ensuite interpeller ». Elle était notamment impliquée dans l’organisation de la manifestation sauvage de l’après-midi du samedi 24 août qui a eu lieu dans le petit Bayonne, le centre historique de la ville qui avait été préalablement complètement encerclé par les forces de l’ordre.
Ces révélations tendent à démontrer que les autorités préfèrent provoquer davantage de violence et de répression plutôt que de chercher à les réduire, en tout cas dans une configuration de surnombre en leur faveur. La responsabilité des groupes ou individus organisateurs d’actions est alors de contrecarrer ce type de manipulation, afin de ne pas dévoyer leur stratégie ni mettre en danger les personnes qui souhaitent y participer.
Vers la co-existence des différentes stratégies ?
Qu’il y ait des divergences stratégiques au sein du mouvement altermondialiste est compréhensible. Qu’elles suscitent des discussions, des débats, des critiques, c’est logique, et cela peut être utile si c’est entrepris dans un esprit constructif et bienveillant, sur la base d’informations avérées. Mais nous ne pouvons que déplorer les polémiques, les diffamations, les déformations des faits, les accusations infondées, les procès d’intention, qui sont trop couramment employés au sein même du mouvement altermondialiste, et notamment, régulièrement contre nos mouvements (alors que de notre côté, nous ne nous livrons quasiment jamais à des critiques publiques des stratégies des autres mouvements, et quand nous le faisons, ce n’est que pour nous défendre des attaques dont nous sommes la cible).
Une diversité de stratégies étaient à l’œuvre durant ce G7, qu’il s’agisse des initiatives « plateformistes » ou d’initiatives organisées hors des plateformes, d’actions non-violentes, ou de manifestations dans la ligne de la diversité des tactiques violentes/non-violentes.
Toutes se sont sans doute confrontées à certaines limites, qui leur sont spécifiques, et nous pensons qu’il est vain de vouloir en faire porter la responsabilité à d’autres mouvements, alors même qu’aucune tendance militante n’a empêché aucune autre de mener ses initiatives.
Certaines convergences sont parfois impossibles à concrétiser, quand elles sont trop larges et trop lourdes, ou quand elles voudraient réunir des tendances trop différentes. Mais nous appelons à respecter au moins le principe de co-existence de ces différentes stratégies. C’est-à-dire que chaque mouvement et chaque tendance puisse développer sa propre stratégie, sans être entravé ou diffamé par d’autres mouvements au sein du courant altermondialiste.
Alternatiba / Action Non-Violente COP21 (ANV-COP21)
Rectifications et clarifications
Pourquoi un encadrement à la manifestation d'Hendaye ?
De nombreuses et nombreux militant⋅es de Bizi, Alternatiba et ANV-COP21 ont participé à l’encadrement de la manifestation du samedi 24 août à Hendaye.
Ce faisant, nous sommes désormais accusé⋅es par certain⋅es de protéger les banques (ce qui est cocasse nous concernant, étant à l’origine ou participant à de très nombreuses actions et campagnes contre Société Générale, BNP, Crédit Agricole ou HSBC). En réalité, cet encadrement protégeait les manifestant⋅es, en assurant le bon déroulement non-violent de cette manifestation populaire et familiale, en conformité avec la décision collective prise par la plateforme organisatrice.
Au-delà du fait que ce cadre non-violent relevait d’une décision collective adoptée par la plateforme organisatrice, et qui devait donc être respectée, il y avait effectivement à nos yeux un enjeu stratégique à ce que cette manifestation se déroule de manière non-violente. Car si, dès l’ouverture du G7, des retombées médiatiques mettaient en avant la violence du côté du contre-sommet, cela aurait servi sur un plateau le prétexte dont le gouvernement pouvait se servir pour justifier son dispositif ultra-sécuritaire organisé sur tout le Pays Basque : “vous voyez bien, ces altermondialistes sont violents, nous avons donc bien fait d’interdire le contre-sommet à Bayonne et d’occuper policièrement et militairement tout le Pays Basque”.
Les critiques de la mise en place d’un tel encadrement posent en outre une autre question : si des banques avaient effectivement été les cibles d’actions de dégradation matérielle, par exemple, cela aurait facilement entraîné l’intervention des forces de l’ordre, qui auraient à leur tour facilement provoqué des affrontements violents. Posant dès lors deux problèmes : en premier lieu, celui de la sécurité des participant⋅es venu⋅es à une manifestation annoncée comme non-violente, et donc non préparées à se protéger des violences policières, et non consentantes à y être exposées. Deuxièmement, cela pose un problème d’ordre démocratique : des activistes aujourd’hui critiques de cet encadrement avaient-ils pour intention d’imposer une autre stratégie que celle qui avait été décidée collectivement, et dans le cadre de laquelle les gens étaient venus participer ?
De deux choses l’une, soit personne n’a voulu sortir du cadre d’action et détourner la stratégie décidée collectivement, et alors le service d’encadrement ne servait à rien, et ne protégeait donc rien, puisque rien n’avait à être protégé de personne. Ou bien, il y avait bien des personnes souhaitant aller à l’encontre de la décision collective prise par l’ensemble des organisateurs en sortant du cadre d’action, et cela aurait posé un problème à la fois démocratique, et de respect des stratégies des un·e·s et des autres… qui aurait rendu effectivement nécessaire la mise en place d’un encadrement pour garantir le déroulement non-violent tel qu’il avait été collectivement décidé.
Certaines personnes pouvaient très bien ne pas être d’accord avec le cadre d’action décidé pour la manifestation du 24 août. Mais en aucun cas cette décision ne leur a “imposé” une restriction de leurs actions : le G7 a duré 3 jours, et pas seulement le samedi 24 août au matin ; et il avait d’ailleurs lieu à Biarritz, et non à Hendaye. Si certains mouvements voulaient mener des actions de destruction matérielle, ou affronter les forces de l’ordre, ou tout autre type d’action sortant du cadre d’action décidé pour cette manifestation, ils avaient l’espace et le temps pour le faire. Idem pour les banques : il y en a des centaines au Pays Basque, qui auraient pu être les cibles de différents types d’actions par celles et ceux qui auraient voulu les mener, et pourtant aucune n’a été ciblée pendant le G7.