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Billet de blog 6 août 2015

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D’Alternatib’Habay à Couvin (BE), en passant par une grande ressourcerie !

Jour 55 – 29 juillet Aujourd’hui c’est jour de repos, enfin c’est surtout journée sans vélo car les coulisses du Tour battent leur plein dans ces moment “libres”. Briefing, maintenance des vélos, relation presse, écriture d’article, réponses aux mails de la base arrière, préparation des prochaines étapes, courses, comptabilité, linge, etc.

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Jour 55 – 29 juillet

Aujourd’hui c’est jour de repos, enfin c’est surtout journée sans vélo car les coulisses du Tour battent leur plein dans ces moment “libres”. Briefing, maintenance des vélos, relation presse, écriture d’article, réponses aux mails de la base arrière, préparation des prochaines étapes, courses, comptabilité, linge, etc. La moitié des activités du Tour concerne en fait ces tâches de l’ombre. Elles ne manquent pas, chacun s’affaire donc à les terminer pendant que le festival Change le monde - Alternatib'Habay se déroule sous des conditions idéales. 

Organisé pourtant en pleine semaine, cet évènement est une réussite : l’ambiance y est chaleureuse, le soleil et le public au rendez-vous. Vu notre planning du jour, impossible de rendre compte du programme tant il est foisonnant, et pour cause : il tient sur 4 pages A4. Malgré tout, le titre de l’une des conférences attire l'attention et mérite que l’on s’y attarde. Il s’agit de la présentation du “Parlement Citoyen Climat” porté par l’Université de Liège. En quelques mots, 42 citoyens belges de la province de Luxembourg deviendront cette année des «parlementaires du climat». Choisis par tirage au sort, ils débattront des enjeux climatiques et énergétiques pendant 3 week-end en septembre et octobre prochains afin de proposer une série d’actions publiques au Conseil Provincial d’Arlon. Partageant le constat que le défi climatique nécessite une implication citoyenne accrue à toutes les échelles du territoire, ce futur parlement expérimente ainsi une forme renouvelée d’engagement et de participation. Car nous “savons” le réchauffement climatique et nous connaissons ses solutions. D’avantage d’information, de science ou d’expertise n'accéléreront pas la prise de conscience ou la décision. Résoudre le changement climatique, modifier en profondeur tous les aspects de nos vies pour plus de bien être suppose dorénavant de s’attaquer aux questions suivantes : comment prendre part aux choix publics ? Autrement dit, comment re-faire de la politique ? En cela, cette initiative originale est par elle même une réponse, faces aux dérives de la professionnalisation, à la méfiance à l’égard des mécanismes politiques classiques entravant la nécessaire et indispensable participation citoyenne. Vaste chantier…

Autre alternative territoriale d’ampleur intéressante découverte sur l’un des stands : l’Epi. Cette monnaie locale citoyenne utilisée par une centaine de prestataires dans toute la lorraine belge (sud de la Belgique) développe aussi le micro-crédit local.  

Les heures défilent et ce n’est que vers 19h que nous nous retrouvons pour partager le repas préparé par les bénévoles du festival et profiter des derniers instants devant un nouveau très bon concert. Comble du luxe pour l’équipe, cette nuit comme la précédente se passe dans une chambre individuelle avec douche intégrée !    

Jour 56 – 30 juillet

Le lendemain nous quittons Marbehan avec de très bons souvenirs, en pleine forme après un bon sommeil réparateur et l’humeur au beau fixe. Nous pédalons avec l’AlterTour sur quelques kilomètres puis nos chemins se séparent. Nous suivons notre guide Benjamin à travers la campagne ardennaise belge et avons temporairement renoué avec le soleil, la route est tranquille et la campagne ardennaise est vraiment agréable à parcourir. Malheureusement ça ne dure pas et à l’approche de Bazeille, le temps devient maussade. Dès notre arrivée pour la vélorution nous essuyons une pluie continue ne facilitant pas les conditions. Dommage pour les participants, nous nous attardons pas et démarrons vite le cortège jusque Sedan moyennant quelques acrobaties. France 3 Champagne-Ardenne qui nous a rattrapé auparavant profite du spectacle au première loge entre deux interviews.    

Nous déjeunons de nouveau avec les cyclistes de l’AlterTour et quelques représentants locaux à La Moskowa, un vaste et haut bâtiment municipal abritant les avirons et les kayaks du club de Sedan. Il présente la particularité de posséder 400 panneaux photovoltaïques exploités par Enercoop Ardennes-Champagne. Ce projet est né suite à la nécessité d’engager d'onéreux frais pour réparer la toiture en piteux état. Avec une surface de 800 m2, ce partenariat avec la ville semblait une idée gagnante. Sauf pour les banques, comme aucun prêt n’a été accordé à Enercoop, cette opération a surtout été rendu possible grâce au soutien de 87 souscripteurs. Très active, Enercoop est également à l’origine d’un autre joli projet dans la région. Il s’agit des Ailes des Crêtes. Ingrid Julien, l’animatrice de ce programme nous explique qu’il correspond à l’installation de 3 éoliennes dont 1 sera la propriété exclusive des enfants, une première en France. L’appropriation collective de l’énergie par et pour les générations futures est d'une importance capitale, nous précise-t-elle à juste titre.

L’acoustique du bâtiment est aussi de très bonne qualité et Max ne peut s’empêcher de poser un bon rap avant le pique-nique pour réchauffer l’ambiance à l’intérieur car, dehors, il tombe des cordes. Par chance, la pluie cesse avant notre départ pour Charleville-Mézières. Nous sommes attendus devant l'Hôtel de Ville où un village des alternatives est installé. Christophe nous y mène en empruntant notamment une piste cyclable flambant neuve, un vrai billard. A Mohon, deux volontaires peu ordinaires se présentent au départ de la vélorution : Boris Ravignon, le maire de Charleville-Mézières et Christophe Léonard, député des Ardennes. Scène peu banale que de voir ces élus littéralement amenés devant la mairie de Charleville à bord d'une multiplace en chaussures de ville, entourés de drapeaux anti-nucléaires et pro-NDDL, et sous le son de "On lâche rien" de HK & Les Saltimbanks. C'est la fin de journée, nous passons par la belle Place Ducale, les terrasses sont remplies et une belle foule est présente à l'arrivée, prés de 300 personnes. Difficile de se frayer un chemin !  

Une fois de plus nous nous régalons et reposons devant un gargantuesque repas partagé, c’est excellent et nous mangeons plus que de raison. C’est ensuite Laurence, une habitante, qui nous accueillera chez elle très gentiment. Les vélos sont stationnés dans son spacieux jardin et nous nous installons sur des matelas côte à côte dans une grande pièce commune. Demain nous repartons en Belgique !    

Jour 57 – 31 juillet

Nous reprenons la route et continuons dans le pays ardennais toute la matinée. Pédaler efficacement à trois sur un vélo demande une certaine coordination mais, une fois lancé, et si la route est plate, on se trouve vite grisé par la vitesse et le pilotage des engins se fait alors sans effort. De ce fait, comme souvent ces jours derniers, nous sommes en avance et tuons le temps juste avant le point de rendez-vous, un parking Intermarché à l’entrée de Auvillers-les-Forges.

Notre contact se nomme Christophe, il est accompagné du maire du village qui, avec une belle barbe de “métalleux”, a un look détonnant. Ils nous conduiront jusqu’au lieu d’arrivée, une ressourcerie basée dans le centre. En route, Christophe nous arrête devant un chantier un peu particulier, il s’agit de la construction des futurs locaux de l’association Ensemble Vivre et Vieillir Autrement. Détail peu banal, la cabane du maître d’œuvre, Chênelet, est coiffée d’un toit végétalisé. Venant du Pas-de-Calais, cette entreprise salarie des personnes en insertion sur de la fabrication d’éco-matériaux, de la découpe de panneaux en bois et sur d’autres activités telle que la restauration. Grâce à son savoir faire, Chênelet propose aussi la conception de logements sociaux à vocation écologique destinés à être auto-construits avec derrière une vraie réflexion menée sur le problème de la précarité énergétique, sur le choix des matériaux, le procédé de montage des blocs modulaires.  

Après cette pause, nous arrivons peu après à la ressourcerie Bell'Occas. Un petit comité d’accueil nous attend, nous prenons connaissance et remercions celui-ci puis nous sommes conviés autour d’une immense table de réunion, récupérée dans une CPAM apprendra-t-on. Adeline notre cuisinière du jour nous régale avec différentes salades maisons vraiment excellentes. Christophe est en fait le directeur de cette ressourcerie, large comme les frigos que la structure réemploi, il est passionné et passionnant. Il nous fait la visite et il connaît bien son sujet, c'est sûr !

Créée en 1996, par un ancien membre d'Emmaüs, Bell'Occas s'est particulièrement bien développée depuis. Le site, très étendu, est implanté en zone rurale. A l'intérieur se succède une enfilade de bureaux, de pièces et des grands espaces de stockage. Deuxième employeur du canton, Bell'Occas gère aussi deux magasins à Rethel et à Charleville. Les métiers mis en jeu sont multiples : la collecte, la valorisation et la réparation de meubles, d'électroménager, d’électronique, de textile, la logistique, la vente, la sensibilisation et la formation. Et même si la ressourcerie a un fonctionnement associatif, l'organisation interne est très similaire à celle d'une entreprise. « Nous sommes pragmatique, on fait le bien, en faisant bien ». Ici on travaille à flux tendu, les stocks sont maîtrisés, les procédés et les rôles définis, les équipes sont autonomes. Le tout est pensé dans un but pédagogique car l’une des raisons d’être de Bell'Occas c'est l'insertion – et non pas la ré-insertion ! Les postes sont ouverts aux catégories de personnes en difficultés par rapport au marché de l'emploi, les salariés y acquièrent de véritables compétences reconnus et transférable vers d'autres employeurs locaux. La structure n'hésite pas non plus à casser l'image du secteur avec notamment son atelier textile collaborant directement avec des créateurs de mode pour traiter une partie des 18 tonnes collectés par an. Cette visite est vraiment enthousiasmante et pleine de surprises, sans jamais oublier les bénéficiaires de sa mission sociale Bell'Occas ne cesse de repenser son modèle, un vrai pari pour cet acteur économique hybride.  

Nous sommes rejoint peu avant notre départ d'Auvillers-les-Forges par Philippe des Amis de la Terre. Il nous mènera jusque Couvin. Une belle table est dressée sur la place de la ville à notre arrivée, le rosé coule, quelques locaux s'invitent, nous sommes une cinquantaine et tout cela a des allures de vacances entre amis. C'est une soirée un peu spéciale puisque c'est la dernière de Fanny. Elle reviendra en septembre mais en attendant nous n'oublions pas de fêter son départ sur la terrasse d'un bar proche. La Chimay a du succès et il est déjà tard quand les premiers d'entre nous partent se coucher sur l'un des matelas posés par terre dans le coworking qui nous accueille.

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